Ceux qui se souviennent de ces feuilletons-sagas des années 80, comme Nord et Sud, les oiseaux se cachent pour mourir ou le petit lord Fauntleroy, vont retrouver les mêmes ficelles en lisant cette
America, tome 1, de
Fred M. Stewart. C'est un roman qui s'inscrit dans les productions culturelles de l'Amérique de l'époque, traduction de la puissance américaine qui se trouve à quelques encablures de la victoire sur l'URSS et l'avènement de la Pax, elle aussi
America.
Le titre
America, à qui on aurait pu associé un point d'exclamation, c'est le mot Amérique, qui fait rêver tous ceux qui veulent fuir la misère de leur pays. C'est le mot Amérique que l'on crie au bastingage du bateau qui aborde New York au pied de la statue de la liberté. C'est le mot Amérique en italien, la langue de Vittore, un orphelin de Sicile adopté par la femme d'un banquier de Wall Street et qui se trouve être le personnage principal de ce tome.
Vittore ou Victor, en anglais, c'est le Rital qui le restera toujours pour la bonne société new-yorkaise, qui a oublié qu'un jour ses aïeux ont aussi traversé l'Atlantique. Dans ce tome 1, on suit l'ascension de Victor dans le milieu de la banque, dont fait parti son père adoptif, et dans le cercle fermé de la high society de Big Apple. Mais ce n'est pas que l'histoire de l'Amérique, c'est aussi celle de l'Italie. En effet, Victor a laissé son frère aîné, Franco, en Sicile et on suit, en parallèle, le parcours bien différent des deux frères, comme une mise en opposition du destin d'une Europe déclinante et d'une Amérique qui étend son pouvoir et son influence.
Ainsi,
America est une lecture facile avec des personnages très stéréotypés. Mais ce qui en fait son intérêt, ce n'est pas le récit mais le contexte d'édition de ce roman. Ce sont les années Reagan, le livre sort en 1981. C'est le renvoi d'une image d'Epinal, celle de l'Amérique flamboyante, celle d'un pays où la réussite s'obtient par le travail et l'intelligence par ceux qui osent pour s'en sortir et s'élever. A travers cette caricature, ce livre est l'emploi de ce que l'on appelle le soft power, à savoir la projection au monde entier d'un reflet idyllique et positif des Etats-Unis d'
Ameri...ca.