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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Depuis toute petite, et sans doute parce que son prénom l'y prédestinait, Bérénice sait qu'elle veut devenir comédienne. Mais ses parents, juifs, ne souhaitent pas d'un saltimbanque à la maison. Qu'à cela ne tienne, Bérénice préfère quitter sa famille et tenter le Conservatoire... La jeune étoile va vite monter, briller fort, avant de voir le ciel s'assombrir sous l'occupation allemande...

Quel dommage que ce livre ne soit pas plus connu ! L'auteur, pour un premier roman, fait montre d'un talent certain et nous dévoile les coulisses d'un monde peu relaté et très discret qui attire pourtant les regards de tous les professionnels, j'ai nommé la Comédie Française.
Les envies de monter sur les planches pour la vie de la jeune Bérénice ont fortement résonné en moi, moi qui, à une époque, ai aussi passé le dur concours du Conservatoire et n'ai pas dépassé le premier tour ; moi qui ai sacralisé, tout comme les jeunes comédiens du livre (et du monde réel), la Maison de Molière.
Toute la première partie décrit admirablement les concours, les sensations, les enjeux, la jeunesse, la naïveté sans doute, l'amour du théâtre et la vie à la Comédie. Stibbe réussit à transcrire ce charme de la scène, des rideaux rouges, de la dévotion pour un rôle ; à partager sa passion pour le théâtre et l'art en général.
Puis, la mise en contexte de la vie de la Maison sous l'occupation est saisissante. On vit la guerre de l'extérieur, de loin. C'est fort, c'est presque rare en littérature, surtout de ce côté-là du rideau, en coulisses. Comment le destin, les évènements, L Histoire peuvent changer une vie qui n'avait rien prévu de cela...
Ce n'est pas un hasard si je parle de Bérénice, jeune première, comme d'une étoile, ce même symbole qui viendra changer l'avenir de millions de Juifs, condamnés à l'afficher sur leurs blazers, pire que des cibles prêtes à être percées par des flèches nazies...
C'est un très beau roman. Précis, à la fois lumineux et grave, qui se termine par un beau témoignage douloureux, après une fin de récit coup de poing.
Rendez à ce roman le juste retour qu'il mérite : lisez-le, tout simplement.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Attention, arrêtez tout, voilà LE coup de coeur de cette année 2015 !

Un premier roman époustouflant de maîtrise et de style, un vrai régal pour les amoureux de la littérature et du théâtre, un petit bijou d'écriture comme il en paraît bien trop rarement de nos jours... Récompensé par plusieurs prix littéraires, dont celui de l'ENS Cachan, il est malheureusement passé trop inaperçu lors de sa sortie... Il est temps de lui faire connaître le succès qu'il mérite !

Dès les premières pages, en effet, l'auteur réussit à nous attacher à cette héroïne déchirée entre ses racines et sa passion du théâtre, une jeune fille au tempérament de feu, prête à tout pour briller, chaque soir un peu plus, sur cette scène qui la fait tant vibrer depuis son adolescence. Pari d'autant plus difficile qu'il n'y a finalement guère de suspense : les dates présentes dans le titre du roman, ainsi que les nombreuses allusions à tout ce que Bérénice ne pourra dire à ses enfants, indiquent bien assez tôt l'issue du roman, de toute façon préparée par un prénom aux consonances déjà tragiques ; mais l'intérêt est ailleurs.

Avec une minutie étonnante, Isabelle Stibbe parvient à reconstituer l'atmosphère de ce Paris surchauffé de la fin des années 30, où les tensions raciales sont à leur comble, tout en brossant un portrait si réaliste de grands noms du théâtre, à commencer par Louis Jouvet, qu'on croirait presque, par moments, que cette Bérénice a réellement existé... Mêlant subtilement l'évocation de la capitale occupée, la montée du nazisme, et la description du microcosme que constitue le monde de la Comédie Française, l'auteur fait preuve d'une finesse d'écriture et d'analyse remarquable.

Un seul regret toutefois : la deuxième partie du roman est un peu plus faible, notamment en raison du relatif manque d'épaisseur de deux personnages masculins de premier plan, Nathan et Alain, qui auraient gagné à être un peu plus exploités, afin de mieux contrebalancer la personnalité flamboyante de l'héroïne.
Mais il ne s'agit que d'un léger bémol, et ce roman puissant, porteur d'un regard original et subtil sur le monde du théâtre et la construction de l'identité de chacun, et qui vous hantera longtemps après sa lecture, mérite vraiment le détour, ne serait-ce que par son style admirable et délicatement travaillé.

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Passionnée par le théâtre depuis sa plus tendre enfance, Bérénice n'a cependant pas l'aval de ses parents, qui la verraient plutôt institutrice ou secrétaire. La sympathique histoire de l'origine de son prénom ne va pas jusqu'à les faire accepter une telle vocation. Dès 1934, avec l'aide d'une cliente de ses parents, elle tente l'entrée au Conservatoire. On peut certes trouver que les portes s'ouvrent plutôt facilement devant la jeune fille, et trouver Bérénice déjà très mûre pour ses quinze ans, jusqu'à quitter ses parents avec la plus grande facilité, et subvenir presque seule à ses études. Mais c'est la force de sa vocation qui est montée ainsi. Cependant la douleur cachée de la jeune femme, celle qu'elle ne s'était pas permise de s'avouer avant, reviendra à un moment la toucher. Les plus beaux passages du début du roman, et les plus nombreux aussi, sont ceux sur le théâtre, sur l'opéra, sur les sentiments qu'inspire le spectacle vivant, sur les personnages qui font la renommée du Conservatoire et de la Comédie-Française. Ah, la classe de Conservatoire de Jouvet !
La deuxième partie du roman, sous l'Occupation, devient plus dramatique, et gagne encore en force. L'auteur a vraiment une jolie plume qui emporte, même si le thème ne vous parle pas a priori, et qui déclenche même une envie irrépressible d'en savoir plus sur le sujet. On sent la documentation plus que solide sur l'art et le théâtre, en particulier la Comédie-Française sous l'Occupation, mais sans jamais, je vous l'assure, avoir l'impression d'un étalage d'érudition. C'est un livre qui laisse son empreinte, qui ne se laisse pas quitter facilement, encore un très beau premier roman.
A noter : mieux vaut ne pas lire la quatrième de couverture pour garder un oeil neuf sur le roman.
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La force d'une vocation artistique peut-elle tout occulter ? Peut-elle faire oublier le monde extérieur, surtout lorsque ce monde s'assombrit dangereusement ? C'est la question qu'aborde Isabelle Stibbe dans son premier roman Bérénice 33-44.

C'est le récit d'une jeune fille, adolescente dans le Paris des années de l'entre-deux guerres, qui étouffe un peu dans sa famille, d'origine juive russe par son père, Maurice Capel né Moïshé Kapelouchnik, et par sa mère, née Valabrègue, appartenant à une vieille famille juive du Comtat Venaissin. Prénommée Bérénice en raison de la fréquentation par son père , au cours de la première guerre mondiale d'un instituteur ,Louis, très Troisième république , amoureux du théâtre classique et de Racine . Bérénice pressent , très tôt , que son existence va être remplie d'ennuis, de renoncements, si elle ne se consacre pas toutes ses forces à la réalisation d'un rêve qui revêt les caractères d'un impératif pour elle : monter sur les planches .Elle s'en aperçoit , en assistant à une représentation de la Comédie-Française Lorenzaccio .

Elle y éprouve l'appel de la vocation, la sensation du sacré dans le statut de comédien : « Sans s'en rendre compte elle venait d'introduire le sacré dans cette enceinte rouge et or .Désormais , le monde se partageait en deux : d'un côté les prêtres du théâtre-assemblée de ministres du culte composée des artistes-de l'autre les païens :ces gens qui s'éventaient avec le programme, discutaient chapeaux et coiffeurs, dîners en ville (….) »
Le monde qu'elle pénètre est alors passionnant, inédit. Elle découvre le Conservatoire de la Rue de Madrid après avoir passé avec succès l'examen d'entrée. Elle s'y fait des camarades, parmi lesquels Robert Manuel, affronte l'autorité de Louis Jouvet, professeur au Conservatoire, qui la fait rapidement progresser. Pour Bérénice, la rupture avec sa famille doit être totale pour s'accomplir, pour réaliser ses rêves les plus chers .Ainsi s'échappe t'elle du foyer familial, se fait procurer des faux papiers par une amie, richissime, qui l'a recueillie chez elle .Elle prend son pseudonyme, de Lignères, et se démarque définitivement, du moins le croit-elle, de ses origine juives.
Après être entrée à la Comédie-Française en 1937, elle joue au cabaret le Chat Huant .Elle rencontre Alain Baron, avocat et poète, ainsi que Nathan Adelman, réfugié politique ayant fui le nazisme, compositeur, qui rompt avec son engagement communiste après le pacte germano-soviétique de 1939. Tous ces personnages ont en commun avec Bérénice la conviction que la civilisation, les valeurs universelles de la culture peuvent et doivent s'opposer à la barbarie, constituer un rempart face à elle.
Pourtant, l'histoire rattrape Bérénice. Arrive la défaite de 1940, les premières mesures antisémites, le statut des Juifs de l'automne 1940. Cette situation catastrophique a pour conséquence la détention de son amant Nathan Adelman dans l'enceinte du stade Rolland Garros, dont on apprend au passage qu'il a servi de lieu d'internement durant la drôle de guerre … Bérénice, probablement dénoncée par une collègue de la Comédie-Française , est contrainte de quitter la vénérable institution en raison de la révélation de sa judéité . I

l y a toute une description de la vie de cette institution, de son organisation, de sa hiérarchie, de son indifférence au monde aussi : « Surtout, elle commençait à se rendre compte qu'au Français, ils avaient été terriblement égoïstes. Mis à part la Brette, alertée bien avant la guerre de la gravité de la situation, qui s'intéressait sérieusement à la politique ? »
Ce qui ébranle vraiment Bérénice, c'est la décision de Jacques Copeau, successeur d'Edouard Bourdet à la tête de la Comédie-Française, de céder aux exigences de l'occupant nazi : purger la troupe de ses éléments d'origine « israélite».

Le rêve de Bérénice est brisé par la déception de voir une institution aussi prestigieuse, à laquelle elle a tant donné, sombrer dans le collaborationnisme, dans l'injustifiable. Pourtant, sa conviction que la culture peut changer la vie, l'embellir, ne la quitte pas vraiment .On apprend qu'elle se met en relation avec des grands du théâtre tels que Jean-Louis Barrault ou Jean Vilar, à qui elle écrit régulièrement. Bérénice s'engage en 1944 dans l'Armée Juive, organisation juive sioniste ; elle est arrêtée lors d'un banal contrôle de police dans un café et démasquée par suite d'un impair d'une de ses interlocutrices qui l'a appelée par son vrai prénom. Elle est déportée et meurt en camp.

Les qualités de ce roman sont multiples : Isabelle Stibbe nous fait partager l'enthousiasme de ses personnages, de Bérénice, de Nathan, d'Alain, qui veulent croire à la pertinence de la culture comme valeur. L'auteure nous rappelle que l'histoire , cruelle et arbitraire , peut emporter les bonnes volontés, et foudroyer des destins prometteurs .La reconstitution du Paris théâtral de l'avant-guerre est très réussie , les personnages attachants . On éprouve de l'empathie pour eux, de la tendresse. Ce roman est un hommage à la nécessité de l'idéal , de la passion , dans une vie humaine .Il rend aussi hommage aux victimes de cette sinistre période de notre histoire . C'est ce qui emportera l'adhésion du lecteur .
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1934, Bérénice, une jeune adolescente juive, n'a qu'un rêve en tête, celui d'entrer au Conservatoire et de monter sur les planches.

Son père refuse que sa fille devienne comédienne.

Contre toute attente, la jeune fille se présente quand même au concours d'entrée et est reçue haut la main.

Son père va alors la chasser de son domicile et Bérénice va être prise en charge par une amie de la famille sans que ces derniers ne soient mis au courant. Bérénice va même jusqu'à changer de nom de famille.

Va alors débuter une grande carrière de comédienne pour Bérénice. Mais la guerre va venir tout bouleverser quand il va falloir que la direction de la Comédie Française déclare toutes les personnes juives qu'elle emploie.

Bérénice va cacher sa religion mais elle va être rattrapée par la dénonciation.


Mon avis

J'ai trouvé ce roman très intéressant.

Cette petite fille a été extrêmement courageuse pour aller au bout de son rêve. Elle a pris le risque d'être rejetée par sa famille et de se retrouver seule face à un monde qu'elle ne connaissait pas.

Et finalement, elle va être entourée d'une nouvelle famille, celle de la Comédie Française.


L'écriture de l'auteure est fluide. Elle nous donne plein de détails sur la Comédie Française.

Ce roman est une belle découverte !
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Il y a ces romans, qui ont l'air excellents, mais qui s'avèrent décevants.
Il y a au contraire ceux qui n'ont pas l'air exceptionnels, mais qui se le révèlent.
Et puis...
Il y a ceux qui, non contents de paraître géniaux, ont le bon goût de l'être.

Vous l'aurez compris, Bérénice 34-44 appartient à cette dernière catégorie. À peine découvert, à un salon du livre auquel j'ai d'ailleurs eu la chance de rencontrer l'auteure, à peine l'avais-je entamé. Je pense sincèrement avoir eu le temps de terminer le premier chapitre avant même de quitter les lieux du salon, en bonne névrosée livresque. Et en l'espace d'une journée, j'en avais déjà fini avec ce roman en un mot passionnant !

Le résumé vous intrigue, vous fait saliver ? C'est normal, cela signifie que vous êtes humain. Vous craignez peut-être de placer trop d'attentes en cette histoire prometteuse. Détrompez vous, mes braves.
Dès les premières pages, l'histoire de Bérénice, une jeune fille passionnée de théâtre dès son plus jeune âge qui ne rêve que d'en faire son métier, capte l'intérêt du lecteur, et il est absolument impossible de reposer ce roman tant que l'on ne connaît pas le fin mot de l'histoire. La dizaine d'années que nous passons en compagnie de Bérénice suffit à nous attacher fortement à cette héroïne, et comble largement la moindre de nos attentes. J'ai été séduite par la plume de l'auteure, qui parvient à transcrire avec une grande justesse les sentiments de son héroïne, ainsi que de ses personnages secondaires, et à recréer l'atmosphère si particulière de cette époque, entre tension et espoir.

Bérénice 34-44 permet de découvrir des aspects plutôt méconnus de la Seconde Guerre mondiale, en décrivant la vie des comédiens, et même des artistes en général, au cours de ce conflit. La reconstitution historique est d'une richesse remarquable : les noms, les décors et les situations éveillent nos sens et nous transportent, le déroulement de l'intrigue est d'une fluidité exemplaire... le contexte de la guerre n'étouffe pas l'histoire de Bérénice en elle-même, laissant place à de magnifiques réflexions sur le théâtre, et à de beaux portraits de personnages.

En bref, vous l'aurez compris, j'adhère, j'adore, j'adule. Un roman délicieux, qui nous fait vivre le destin inoubliable d'une héroïne hors-normes, et qui saura sans aucun doute vous enchanter si vous éprouvez le moindre intérêt pour cette période historique, ou pour l'univers du théâtre.

Note attribuée : 9,5/10
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