« La suite du chef-d'oeuvre de
Bram Stoker, d'après ses notes originales. » Comme beaucoup, j'ai été attiré vers «
Dracula, l'immortel » de par l'alléchante publicité dont il a fait l'objet. Pensez donc ! La descendance de
Bram Stoker écrivant la seule suite approuvée par la famille de l'auteur. Voilà qui promettait un grand respect de l'oeuvre originelle, non ?. Malheureusement, c'est la déception qui a été majoritairement au rendez-vous.
L'idée de départ est pourtant tout ce qu'il y a de plus honorable. Se placer 25ans après les événements relatés dans «
Dracula » pour raconter comment ont évolué les personnages peut être intéressant et sympathique. Nous avons donc : le docteur Steward, morphinomane ; van Helsing, vieillissant, mais fidèle à lui-même ; lord Goldaming, retranché derrière son prestige ; le couple Harker au plus bas, l'un alcoolique et l'autre mystérieusement affranchie des ravages du temps ; et Quincey Harker, étudiant en conflit avec ses parents et passionné de théâtre. Au final, j'ai trouvé que l'évolution des personnages 25ans après «
Dracula » était très plausible. C'est pour moi un des rares points positifs du livre.
Autre point positif : les auteurs introduisent un nouveau personnage en la personne de la Comtesse Báthory dont je ne connaissais absolument pas la légende. Chasseresse revancharde et sans pitié, elle apporte une touche de nouveauté appréciée.
De même, les auteurs ont eu la bonne idée de manipuler les dates des événements de «
Dracula » pour les faire concorder avec les meurtres de Jack l'Éventreur. Ceci ayant le mérite de faire coexister le fantastique du roman et la réalité de terrain publique, j'ai trouvé l'idée très bonne.
Passons maintenant aux côtés désagréables. Je préciserai ici que le livre étant vendu comme une suite, j'avais donc pris la précaution (le plaisir!) de relire «
Dracula » avant d'attaquer «
Dracula, l'immortel »... Ne faites pas ça !!! Les auteurs ont ouvertement pris le parti de modifier du tout au tout les événements de «
Dracula ». Tous les choix sont expliqués dans la postface et je les en remercie car j'ai passé de nombreuses pages avec un gros « WTF ??? » clignotant dans mon cerveau. de cela découlent deux choses indispensables pour apprécier ce livre. Premièrement, préférer les concepts vampiriques modernes (soleil, romantisme, végétarisme...). Deuxièmement, il faut avoir en tête que «
Dracula » n'était qu'une histoire.
Avec «
Dracula, l'immortel »,
Dacre Stoker et
Ian Holt veulent rétablir les faits,
L Histoire. Après tout, le roman de base n'était qu'une compilation de lettres et de journaux, tous faisaient état d'un point de vue personnel et humain. Assimiler des témoignages et des interprétations à la vérité vrai sans autre forme de procès n'a jamais fait de l'histoire racontée la vérité. de cela, je ne peux qu'être d'accord. Cependant, peut-on vendre un livre avec de grosses écritures sur la couverture ventant ce dernier comme la suite d'un monument littéraire tandis que la postface explique clairement avoir concilié les notes de l'auteur ET la culture vampirico-cinématographique ? Parce que personnellement ce que j'ai surtout lu, c'était du cinéma tout craché. du film de Francis Coppola à Twilight en passant par du gore/trash bien hémoglobiné, tous les clichés cinématographiques sont là. Cela se ressent même dans le style d'écriture. Oubliez le style épistolaire et lyrique, nous avons ici un récit classique à la troisième personne qui fait la part belle à l'image et aux scènes d'action. Même les caractéristiques vampiriques ont été révisées pour coller aux avancées scientifiques et au cinéma. Si je peux concevoir et en apprécier certaines (la répulsion vis-à-vis des signes religieux), les autres m'ont purement horripilé tant la différence avec le roman de Stoker est énorme et injustifiée (le soleil bordel de merde!). Et puis la romance... C'est précisément ce qui m'a fait détester le film de Coppola alors que ce dernier est pourtant adulé par la critique comme l'adaptation la plus fidèle (non, je ne comprends pas ces critiques) !
Bref, «
Dracula », c'était la peur à l'état brut, celle qui prend forme dans les tréfonds de votre imaginaire, celle qui est sublimée dans le noir et la brume du simple fait qu'elle n'est pas décrite. Avec «
Dracula, l'immortel » les auteurs signent plus un roman d'horreur que de peur et malgré quelques aspects sympathiques, il me laisse un arrière-goût assez désagréable en bouche.