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sur 88 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Paris tremble : une vidéo a été diffusée sur internet montrant un commando suicide annonçant leur intention de faire éclater 5 bombes dans des endroits d'affluence le 13 mars prochain. Paoli, le directeur du service renseignement intérieur, a deux semaines pour éviter la catastrophe.
Mais tout n'est pas si simple dans la ville des lumières. On est en période d'élections municipales. le représentant du culte musulman, Ferhaoui, grand ami du maire sortant, et secrètement attentif aux intérêts du Qatar, donne un nom à surveiller à la police française. Paoli est un enfant d'Algérie qui, en 62, a vu ses parents assassinés sous ses yeux par des membres du FNL. le nom donné par Ferhaoui, Bakiri, est celui du descendant de cet assassin dont il a juré de se venger. En parallèle, la DGSE cherche à le faire démettre de son poste. L'adjoint de Paoli, Franck, jongle entre l'investissement dans cette mission et l'érosion de sa vie de famille, avec une petite fille, Zoé, qu'il voit un weekend sur quatre et la femme qu'il aime vivant loin de lui depuis qu'elle a demandé le divorce. Elle, elle est journaliste et cherche à se faire un nom, avec un scoop. Elle est chargée d'interviewer Hélène Faure, candidate sans parti institutionnel à la mairie de Paris, outsider qui fait trembler les candidats sur leur fauteuil et a des chances de l'emporter. Assan Bakiri s'en est bien sorti dans la vie depuis que sa famille a quitté l'Algérie ; il est professeur d'université, vit dans un pavillon de la cité des 3000 avec son père, le fameux mercenaire du FNL, à présent diminué tant physiquement que mentalement par la maladie d'Alzheimer. Amoureux sans espoir de Zohra, la compagne de son frère mort en martyre pour l'Islam, il décide lui de tirer le rideau sur cette vie-ci au cours d'un évènement qui saura supplanter les actions de son frère. Momo aussi vit dans la cité des 3000. Lui a une chance de s'en sortir : après une petite carrière de délinquant, aux ordres du Tchétchène, le boss de la cité, il est sélectionné pour participer à un tournoi de boxe qui pourrait faire de lui un boxeur professionnel. Et puis la belle Sybille aime se pendre à son bras. Issue de la bourgeoisie parisienne, elle rêve de vivre la vraie vie, pas comme ses planqués de parents, et se prend pour une dure parce qu'elle traverse les banlieues chaude de la région parisienne au bras de son amant.

J'arrête là mon résumé de cette histoire, même s'il y a des personnages non évoqués qui ont une importance certaine dans le récit (pour en citer quelques-uns : Soul bien sûr, le ministre de l'intérieur, Delphine, Alex…).
En écrivant ce synopsis, je me dis que là est le problème de "Dawa" : il a trop de tout ! Trop de personnages, on s'y perd. Trop de milieux évoqués. Trop d'intérêts divergents. Trop de stratégies en tout genre. Trop de corruption. Trop de tenants et d'aboutissants. Chaque personnage mène sa guerre personnelle, de vengeance, de rébellion, d'espoir, de gloire, de pouvoir… Julien Suaudeau évoque trop de sujets, trop d'histoires personnelles. Chaque personnage à droit à l'évocation de son passé, de ses motivations, de ses doutes, du peu de choix qui s'offrent à lui. Ses phrases, pour évoquer la vie dans les cités, la politique, la justice, etc… sont trop longues, superposition de propositions qui n'en finissent pas de perdre leur lecteur au détour d'une virgule.
Et c'est bien dommage. Car ce premier roman de Suaudeau a quand même de grandes qualités : qu'il évoque la vie des cités ou les méandres de la politique, le discours est documenté, argumenté, ultra-réaliste. Certaines formulations font mouche. Les personnages sont fouillés, même s'ils franchissent parfois d'un pas allègre la frontière qui mène à la caricature. le fond est intelligent, le monde décrit n'est pas noir et blanc, et chaque personnage subit son destin autant qu'il en décide.
Il n'empêche qu'à tout prendre, comme le fait cet ouvrage, j'ai trouvé le temps long, sauf sur les 100 dernières pages où l'histoire s'accélère. Il y a trop d'ambition derrière ces pages, et le récit aurait gagné en lisibilité et en puissance en étant plus synthétique. Dommage !
Un grand merci aux Editions Robert Laffont et à Babelio pour cette découverte.
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Terrorisme: 5 attaques-suicides annoncées d'ici 15 jours.
"Il faut détruire Paris", prévient le commando Dawa.
Ce pourrait être le titre phare du prochain journal de 20h!

Une vidéo sur le net et c'est le remue-ménage dans toutes les strates de notre société.

Chez les gentils, on retrouve la cellule anti terrorisme en brainstormings, des policiers de terrain intuitifs et revanchards, des politiciens opportunistes, des hommes de l'ombre des cabinets, des journalistes au dents longues... Et un fonctionnement étatique discutable sur fond de secrets d'état, d'egos d'électrons libres et d'alliances géo-politiques improbables.

Et les méchants sont tous dans le camp du monde arabo-musulman, dans les banlieues et leurs cités, territoires-vivier de haine et de violence, de chômeurs, de trafics en tout genre, et de jeunes sans avenir.

Et en fait, ce n'est pas si simple...
Et bien plus que la trame terroriste, j'ai aimé le contexte social et politique.

Julien Suaudeau offre un thriller très actuel et d'une bien triste réalité, où tout manichéisme est gommé, où la part d'ombre de chaque personnage donne une densité crédible et désespérante à la narration. La psychologie y a la part belle au détriment de l'action. Certains VIP de notre monde politique se dénichent avec amusement ( j'ai particulièrement aimé le "matamore" de la place Beauvau). Les rouages de la mécanique étatique se positionnent sur un large éventail de tensions internes, d'inimitiés personnelles et de compromissions minables.
Vu de mon fauteuil de lectrice, ça semble tellement vrai!

La plume de l'auteur est alerte, virulente, sans langue de bois, brillante dans les dialogues. C'est un vrai plaisir de suivre certaines discussions. Dans le contexte noir du propos, l'humour ou l'ironie sont vivifiants. Julien Suaudeau nous offre sa petite philosophie personnelle et un regard plutôt pessimiste sur notre société.

Il reste un livre agréable bien qu'un peu long, bien écrit, assez documenté dans la narration pour provoquer spontanément ses images de bon thriller politico-terroriste.
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Dawa c'est l'appel aux musulmans mais c'est aussi le foutoir. Dawa c'est bien ce qui règne dans cette France au bord de l'implosion. Les hommes politiques sont impuissants, la police et les services de renseignements se font la guerre. Les CRS peinent à maintenir l'ordre dans les banlieues. Les jeunes issus des banlieues n'ont pas d'espérances et leur avenir s'arrête aux limites du périphériques.

Julien Suaudeau met en scène une galerie de personnages devant recouvrir tous les aspects de la société. Dans la présentation on faisait allusion à Balzac. Pourquoi pas? Mais à la lecture on se rend compte que cela était présomptueux. C'est malheureux à dire mais j'ai trouvé les personnages très clichés, surtout ceux des jeunes. Bien que devant représenter une réalité, ils cumulaient trop de stéréotypes pour être réalistes. Par moment j'avais l'impression de me trouver dans un mauvais reportage de TF1. du côté des représentants des institutions, c'était le même constat. Les flics n'arrivent pas à sortir du schéma "trop de travail donc fin du couple. Les politiques en place sont insipides, ce sont leurs conseillers qui ont le plus grand rôle.

Le romans se situe dans un contexte d'élections municipales ce qui fait écho à l'actualité. Ce fait donne le sentiment d'avoir plus à faire à une oeuvre journalistique qu'à une oeuvre littéraire. Peut-être en raison d'une volonté de s'ancrer dans une réalité datée, Dawa n'acquièrera pas le caractère intemporel des oeuvres De Balzac.
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Julien Suaudeau, né en 1975, vit à Philadelphie et c'est tout ce que j'ai pu récolter sur sa biographie. Dawa est son premier roman.
« Dans une France post-républicaine, en proie au vertige identitaire et aux marchandages politiques, deux hommes sombres poursuivent une vengeance au long cours, l'un derrière l'illusion du djihad, l'autre sous le masque de la loi. Autour d'eux, au coeur de l'Etat ou sur les dalles de la banlieue parisienne, la violence de leur idée fixe va renverser le destin d'inconnus, sans épargner ceux qu'ils aiment. » Ou bien, pour le dire avec mots, il s'agit pour les autorités de contrer la menace d'un attentat terroriste de grande ampleur visant le coeur de Paris, avec d'un côté un responsable de la DGSI voulant venger la mort de ses parents tués par le FLN au début des années 60, détournant « au bénéfice d'une vendetta privée, le pouvoir et les moyens qui lui sont dévolus dans le cadre de ses fonctions » et de l'autre, le fils d'un important membre du FLN qui s'est juré « de meurtrir ce pays qui avait tué Kader » son frère.
Julien Suaudeau nous offre un polar sociopolitique qui ne manque pas d'atouts dont le premier, et non des moindre, est de le rendre particulièrement actuel puisqu'il se déroule à quelques semaines des élections municipales de 2014 ! Climat politique pour le décor, mêlant des portraits saisissants de personnalités politiques réelles mais non citées et des personnages de roman très crédibles occupant des fonctions ministérielles ou de l'administration ainsi que des journalistes. Ambitions, pouvoir, combines ou concessions, le Qatar qui finance la droite comme la gauche, rancunes, j'avoue que cet angle du bouquin m'a particulièrement emballé, j'avais l'impression de lire le Canard enchaîné ou une enquête d'un magazine d'information. Julien Suaudeau dresse un état des lieux assez noir de la société française.
L'écrivain sait aussi nous entrainer au coeur des cités, où Blacks, Blancs, Beurs font leur bizness comme ils peuvent. Des parkings à la mosquée, des salles de boxe aux couloirs du RER, nous traversons la capitale et ses banlieues. Des costards-cravates aux sweatshirts à capuche, Julien Suaudeau parait connaitre sur le bout des doigts tous les milieux, tous les codes et leur langage. Qu'on soit autour d'une table avec ministres et fonctionnaire lors d'une cellule de crise ou bien au fond d'une cave entre Rebeus et Renois, l'auteur est chez lui partout, Comédie humaine d'aujourd'hui, le roman décrit avec brio la psychologie des acteurs et les lieux où ils évoluent. Mais, et c'est là son unique défaut, à vouloir faire son Balzac en un seul volume, la masse d'évènements et de personnages en font un roman trop long à mon goût – surchargé, pas assez dégraissé, le piège du premier roman ? Je sais que je me répète avec ces romans que je trouve souvent trop longs, mais pour moi c'est réellement la plaie principale de la littérature.
Julien Suaudeau écrit bien, de ce genre d'écriture qui prend son temps, loin du style énervé ou énergique cher à certains polars d'action. Ici la psychologie des uns et des autres est le tronc sur lequel sont greffées les ramifications narratives. Son domaine de connaissances est vaste, de la langue arabe aux arcanes du pouvoir, ponctuant son récit d'analyses géopolitiques ou de références diverses à l'Histoire récente. Polar ou thriller mais empreint d'un certain romantisme qui agace un peu parfois quand les motivations du terroriste complaisamment exposées – « Je voudrais accomplir quelque chose de grand par ma mort, qui prouvera à tous ces gens que je n'étais pas rien » - laissent un goût amer qui n'est pas dissipé par celles du représentant de la République - « Je vivrai pour te tuer, et j'aimerai le seul jour de ta mort » - qui renvoient dos à dos, les deux camps puisqu'ils se font chacun une idée toute personnelle de la justice.
Concluons, un bon roman plein de bonnes choses mais avec des longueurs… et une interrogation restant sans réponse, pourquoi page 471, évoquer le vendredi 13 mars alors qu'à cette date (qui en passant est aussi la date de parution du bouquin !) nous serons un jeudi ?
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Ce matin, j'ai reçu un pavé de bitume dans ma boite aux lettres. du bitume noir et crasseux sur lequel quatre lettres à la craie, DAWA. Une invitation à rejoindre l'Islam ? Un sacré bordel ? Un peu de tout ça, mais il s'agit surtout du premier roman de Julien Suaudeau.

L'histoire commence sous le soleil de l'Algérie, à l'époque sombre de la guerre d'indépendance. le narrateur y vivra une expérience traumatisante qui le fera rentrer en Corse et renouer avec la tradition de la Vendetta.
Les racines plongées dans le passé, le récit déploie ses branches dans le présent, dans l'actualité de ce début d'année 2014.

Le narrateur est sur le point de terminer sa carrière alors qu'il a enfin retrouvé sa cible. L'objet de sa vengeance se cache dans les HLM de la cité des 3000 à Aulnay-sous-bois. Les choses ne sont pas simples dans les poudrières des cités et d'autres vengeances s'apprêtent à déchaîner la haine. Il faut faire sauter Paris et rappeler aux énarques que les enfants de la misère sont là.
Dawa nous fera visiter les caves obscures des HLM comme les salons feutrés des ministères. Si la république stigmatise et ne s'occupe plus des cités, elles ont trouvé d'autres anges protecteurs. La sécurité sociale s'est vue remplacée par la protection du grand banditisme, le réconfort du prosélytisme religieux ou les millions du Qatar.
Julien Suaudeau nous dresse un portait sombre et réaliste de ses personnages. Les jeunes qui tentent de survivre alors qu'ils n'ont pas d'avenir ou les intrigues de cours au sommet de l'état. Les méchants ne sont pas forcément ceux que l'on croit, les patrons maffieux tentent de préserver la stabilité, les intégristes ne sont présents qu'à titre d'épouvantails et le Djihad a changé ses manières.
Les histoires des protagonistes s'entrechoquent et font des étincelles. Cela donne une intrigue riche et mouvementée.

Il y a aussi la manière de l'écrire. On devine sous les pages l'exubérance artistique d'un premier roman. A trop vouloir en faire, il en fait justement trop. Les paragraphes sont trop riches d'images, elles ne se savourent plus. Pire, on perd parfois le fil de l'intrigue. On se retrouve à relire les mêmes phrases pour en comprendre le sens. L'antithèse de la littérature de gare, un livre à ne pas lire dans le RER du matin ou le métro bondé. Ne boudons pas trop notre plaisir, beaucoup de phrases font mouche et le roman est une mine de citations et d'expressions.

On ne trouve pas l'habituel avertissement fictionnel « Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite ». Et pour cause, les personnages du livre se divisent en deux catégories. Ceux que l'on nomme sont les protagonistes de la fiction. Et ceux que l'on désigne par leur fonction sont tirés de l'actualité, pire ils semblerait que les quidams sont aux commandes de notre bonne république. C'est peut-être le principal défaut de ce livre. L'action se déroule avant le vendredi 13 mars 2014. J'écris cette critique une semaine plus tard et je peux affirmer que le 13 mars était un jeudi. Accessoirement, aucun des évènements qui sont racontés dans le livre ne s'est déroulé. Heureusement pour nous.
A trop jouer avec l'actualité et la politique fiction, le livre risque de se démoder bien vite.


En attendant, je suis content d'avoir été le témoin de la naissance d'un écrivain. Il y a trop de talent dans ces phrases pour ne pas penser aux livres à venir.
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J'ai hésité à qualifier ce gros roman de polar, mais c'est un bon thriller qui nous tient en haleine avec un intrigue forte qui surfe sur les peurs de notre société : le terrorisme et l'islam. Quand je l'ai commencé, je me suis dit que le sujet était casse-gueule mais le roman, tout en défendant une thèse, ne tombe pas dans les poncifs et les clichés lepénisants. Ce roman est aussi, et surtout, une histoire de vengeance : celle qui se mange bien froide, qui est soutenue par 50 ans d'une haine recuite.

La biographie de l'auteur est plus que succincte : "né en 1975, Julien Suaudeau vit à Philadelphie" ; pourtant, j'aurais aimé connaître un peu plus son parcours car il décrit tout aussi bien la banlieue et les lascars d'Aulnay, le monde politique que les bourges de SciencePo et ses analyses politiques et sociologiques ne sont pas inintéressantes.

Paoli, chef du renseignement intérieur, enquête sur l'entrisme d'un imam soutenu par le Qatar qu'il soupçonne être la tête de pont d'une colonisation financière. Haut fonctionnaire, il a pour interlocuteurs privilégié le Ministre de l'Intérieur et son chef de cabinet qui n'ont pas forcément la même vision des choses que lui. Une grande partie du roman se déroule ainsi dans les cercles du pouvoir. Cette partie est un peu trop calquée sur l'actualité en cours avec des municipales qui approchent, un gouvernement à la ramasse et un ministre de l'Intérieur très ambitieux qui donne des coups de menton. le positionnement politique droitier du romancier joue avec les personnages d'un gouvernement qui sait ses jours comptés mais s'accroche au semblant de pouvoir que lui confie un président qualifié de" Bartleby de la politique".

En fait, Paoli est un chasseur qui poursuit al Mansour, l'assassin de ses parents. Il profite de sa situation pour le pister et rêve de l'abattre pour poursuivre sa vengeance qu'il a commencée il y a quelques années. Il a retrouvé sa trace à Aulnay où le vieux, atteint d'Alzheimer, est hébergé par son fils Assan, prof de fac. Assan a hérité des rages et des combats de son père après le mort de son frère, ancien terroriste. Il monte une conjuration pour assumer ce qu'il croit être son destin et enrôle des petites frappes transformées en aspirant martyrs pour cette opération Dawa, qui veut dire"appel" ou "chaos".

Au travers des personnages de Momo et Soul, Dawa décrit la vie d'une cité gérée par les trafiquants et l'influence des fondamentalistes. Il raconte les implosions personnelles qui conduisent [au] drame et livre une vision assez pessimiste de l'impossibilité de sortir de ce milieu et de la Cité.

Ce roman est un peu trop ambitieux, il cherche à dresser un portrait de la société actuelle au travers de différents milieux tous aussi violents : la politique, la banlieue, les trafiquants, la jeunesse dorée ou défavorisée. Au passage, il oublie quelques personnages (qu'est devenue Leïla ?) et souffrent de quelques faiblesses dans le lien entre les différentes histoires. Cependant, je ne l'ai pas lâché et j'ai aimé ses piques sur nos travers comme la critique de la "modernité avachie et suave dont [le maire] a habillé Paris".

L'auteur pose aussi la question de nos rapports aux pétromonarchies féodales et théocratiques, et notamment le Qatar si bien accueilli par nos politiques, et s'inquiète que "à force de considérer que l'argent n'a pas d'odeur, nous sommes en train de devenir les obligés d'une puissance dont nous ne partageons ni les valeurs ni les intérêts stratégiques".

Roman reçu dans le cadre de Masse critique, merci aux Editions Robert Laffont de l'envoi de ce livre
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Un enfant qui voit ses parents mourir sous ses yeux. Adulte, il poursuit son envie de se venger.

Un professeur qui tente de vouloir faire sauter des bombes dans Paris. Il veut se venger également.

La cité des 3000 et toutes ces familles pour lesquelles il est difficile de s'en sortir.

Et le Qatar dans tout ça ?

Je commence par quoi, le négatif ou le positif ? Allez, je me lance dans le premier car j'aime terminer sur le positif et l'espoir.

Ce roman me laisse toutefois un goût amer qui a entravé mon plaisir de lecture. Je ne connais pas l'orientation politique de l'auteur. On peut ne pas aimer le gouvernement en place, les personnes qui le composent, mais critiquer le Ministre de l'Intérieur à ce point et le Ministre de la Justice, je ne suis pas d'accord. Je ne me fais pas d'illusion pour le premier, ses opinions sont clairement établies depuis qu'il s'est présenté à l'élection présidentielle, mais il ne fait pas pire ni mieux que ses prédécesseurs. Quant aux relations de la France avec le grand Imam de France, elles n'ont, je pense, jamais varié, quel que soit le gouvernement. Droite ou gauche font en sorte de ne pas le heurter pour que les communautés tentent de vivre ensemble dans ce pays. Et le Qatar. le Qatar ! Est-ce seulement ce gouvernement actuel qui fait en sorte que la France bascule dans ses mains. Il ne me semble pas. Cela a commencé bien avant et sous l'ère NS. Je ne vais pas être mauvaise langue car il y en a aussi pour la droite et ses guéguerres et cette députée qui tente de s'en sortir hors de ce parti et faisant de la politique en dilettante.

Le principe et la vie des jeunes, des maghrébins dans ces cités près de Paris ne sont pas nouvelles. Leurs révoltes non plus, les envois de cars de CRS non plus. Mais tous ces jeunes veulent-ils réellement faire peur à la France, aux Parisiens ? Y a-t-il dans toutes ces cités des gens, des jeunes, qui sont endoctrinés pour faire sauter des bombes ?

Je juge donc son auteur sur son ensemble. Sur son style d'écriture, très bon, sur l'histoire véhiculée, j'ai franchement adhéré, sur les personnages avec leurs fêlures, leurs forces..., là, il n'y a pas photo et sur ce qu'il tente d'apporter au lecteur. S'il n'y avait pas eu le point précédent, j'aurais pu attribuer une excellente note à ce roman. Je ne veux pas dire que les auteurs ne font pas passer de messages politiques. Mais il faut que cela soit subtil, pas autant rentre dedans, surtout quand le lecteur s'intéresse un tant soit peu à l'actualité.

Trop de politique tue un roman très dense, bien écrit, même s'il y a quelques longueurs.

J'ai espéré que le projet ne soit pas mis à exécution.

Je n'aime pas quand un enfant souffre parce qu'il a vu l'indicible. Je pense qu'il ne s'en remet jamais et c'est ce qui arrive dans ce roman. Cet enfant est devenu un homme plus que mûr, proche de la retraite. Il occupe un très haut poste et il utilise ce poste pour se venger de l'homme qui l'a fait autant souffrir. I

Pour un premier roman, même si l'auteur est vraiment très en colère, il y a énormément de potentiel pour une nouvelle histoire, pour d'autres personnages aussi forts. Car j'ai un attachement particulier tous ces personnages, ces portraits d'hommes et de femmes cassés, avec leurs nombreuses forces et surtout leurs nombreuses faiblesses, qui sont obligés de prendre des décisions, selon leur passé, leur vécu du moment, leur travail. Pour cela, l'auteur est réellement très fort. Il nous détaille bien tous les conflits humains entre les diverses personnalités politiques, de la police, de l'armée, ce qui se trame en sous main, qui on veut faire tomber car il ne correspond pas à l'idéal du moment qui est bien fourbe. Bref, ce sont des êtres humains.

Nous avons donc deux histoires de vengeance. Nous avons également des histoires de famille et elles sont nombreuses, des familles musulmanes, une famille assez riche avec une fille qui tente de ne pas se conformer à l'éducation donnée, des histoires d'amour qui n'ont pas survécu. Un fils tente de reproduire l'histoire paternelle. Il se sent conditionné, tout comme l'a été son frère.

Le lecteur n'est jamais laissé à l'abandon. Toujours un rebondissement pour continuer à lire, toujours des révélations. de toutes façons, malgré mes critiques précédentes, je n'aurais pas laissé, je serais allée au bout pour connaître la fin de l'histoire. Il y a malgré la violence, la volonté de libérer l'Islam dans un pays jugé oppressif, une opposition, beaucoup d'amour.

L'analyse politique des coups bas, des tractations en sous-main est poussée à son paroxysme avec une très bonne plume.

Ne vous laissez pas rebuter par ces critiques, qui n'engagent que moi, mon ressenti. Dawa trouve tout de même un écho avec ce qui se passe actuellement en politique. J'aimerais bien, en tous les cas, échanger avec d'autres points de vue ou pas sur ce roman.

Lien : http://wp.me/pqAN1-6G7
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Je dois dire que je suis plutôt partagée sur ce premier roman de Julien Suaudeau. L'histoire tout d'abord. Si elle débute dans les Aurès à la fin de la guerre d'Algérie, elle va se dérouler de nos jours. Un groupuscule terroriste menace de faire exploser 5 bombes dans Paris le 13 mars 2014, et à partir de là, nous allons suivre l'intrigue selon les différents protagonistes. On passe de la cité des 3000 aux ors de la République, des jeunes de banlieue sans espoir d'avenir aux hauts dignitaires avides de pouvoir. Julien Suaudeau dresse le portrait de ce qu'est sans doute notre société d'aujourd'hui : les dealers de banlieue, le jeune qui veut sortir de sa cité par la boxe, la jeune bourgeoise amoureuse du mauvais garçon, le flic désabusé qui veut se venger, les politiques en place qui ne pensent qu'au pouvoir… Peut-être ces personnages représentent-ils la réalité, mais je trouve qu'ils sont trop stéréotypés, et à trop mélanger les genres, l'intrigue s'étiole et passe au second plan. Moi qui aime les polars au style rapide et incisif, j'ai eu du mal à entrer dans le style très hermétique de Julien Suaudeau, il se perd en conjoncture et nous, nous perdons le fil. Et à travers toute cette histoire, il fait de la France un portrait très sombre, très pessimiste et j'espère qu'il a tort… Mais Julien Suaudeau a atteint son but : faire un livre qui interpelle, qui dérange aussi et qui ne laisse surtout pas indifférent.
Lien : http://leschroniquesdu911.bl..
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Quand j'ai lu Dawa, j'avais un certain malaise, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi.
En fait, c'est supposé être un polar mais qui colle tellement à l'actualité que, par moment, j'avais l'impression de lire le journal ...
Bien sur, c'est une fiction et comme telle elle est classée en fiction mais, le sujet et la manière dont c'est traité, rappelle tellement les journaux (qu'ils soient écrits ou télévisés) que je n'ai pas accroché du tout.
Pas abandonné pour autant, mais, je n'ai pas été distraite par ma lecture, loin de là.
A lire donc, pour ceux qui veulent avoir éventuellement une vue de l'intérieur.
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J'ai failli renoncer à sa lecture car l'écriture est perfectible.Les phrases sont trop longues et remplies de métaphores souvent téléphonées.Les liens entre tous les personnages ne sont pas franchement évidents et la trame temporelle déroutante avec une narration au présent qui se télescope avec le passé.
Toutefois, le sujet reste intéressant et le livre donne envie d'en connaitre la fin ce qui est surement l'essentiel.
Je pense qu'il manque encore un effort pour raboter et fluidifier le tout qui ressemble encore trop à une suite d'articles de journaux.
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