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3,56

sur 88 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une vidéo inquiétante est massivement partagée sur les réseaux sociaux. Cinq hommes cagoulés y apparaissent assis en tailleur devant une bannière portant une inscription en arabe. Des explosifs et des détonateurs sont posés sur une table. le groupe terroriste nommé «Dawa al-Islamiya» promet de mettre Paris à feu et à sang dans un délai de quinze jours. L'homme qui a pris la parole au nom du groupe a parlé un français sans accent. « Da'wa » est littéralement l'appel à rejoindre les enseignements du prophète dans l'islam mais il a pris un sens plus commun puisqu'il désigne aussi le désordre social, le bordel. Nous sommes à la veille d'élections municipales. La panique s'empare de l'opinion publique. Pascal Paoli, le patron du renseignement intérieur, met tout en oeuvre pour identifier et arrêter les membres du réseau. le temps est compté.

Julien Suaudeau dépeint une République en faillite. Deux mondes coexistent : d'un côté les beaux quartiers et les ministères avec leurs luttes de pouvoir intestines faites de coups foireux ; de l'autre, les banlieues de Seine-Saint-Denis où le seul ordre qui prévaut, c'est celui des trafiquants de drogue. L'auteur sait évoquer le poids du passé colonial de la France, l'influence grandissante des investisseurs qataris et l'absence de valeurs et la perte du goût de l'intérêt collectif. de la part des élites politiques

Le roman est d'une construction aboutie. Les scènes se succèdent, haletantes, avec l'angoisse de l'ultimatum annoncé par le groupe terroriste. le lecteur suit une galerie de personnages, du petit dealer au Directeur de cabinet ; cette diversité des personnages symboliques permet de balayer l'ensemble d'une société en crise. Tout est plausible, on se demande parfois quand commence la fiction, à quelques exceptions près, notamment les apparitions abracadabrantesques de la CIA.

La force de ce roman est qu'il est porté par un message politique précisé par l'auteur dans une entrevue : "Je suis exaspéré par ce contresens absolu qui nous fait croire à un clash ethnoculturel entre la France blanche et chrétienne et la France issue de l'immigration, alors que les constructions identitaires résultent d'une bonne vieille lutte des classes entre ceux qui sont dedans et ceux qui sont dehors". Le problème est donc social et non pas culturel ou idéologique à l'image de ces jeunes français qui deviennent kamikazes moins par conviction religieuse que pour se venger d'une société qui les a rejetés.

Julien Suaudeau dresse un portait amer et noir de la société française d'aujourd'hui pour en dénoncer les disparités sociales et les reniements de la République. Un roman contemporain et militant. Un roman choc.
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C'est Victor, un ami lecteur, turboprof plutôt branché, qui m'a montré la pile de trois exemplaires, dans la petite librairie où nous aimons nous rendre entre deux cours : « Dawa, tiens ils ont Dawa, ici ! Je pensais que c'était réservé aux Parisiens... ».

Je dis la pile, parce qu'il suffit de peu de volumes pour monter haut. Et il me fourgue aussitôt le pavé : « Rate pas cette occasion unique de prendre de l'avance sur les critiques ! Excellent, tiens je te l'offre. Ne lis surtout pas la quatrième de couverture, qui ne donne pas tellement envie...»

Un cadeau de Victor ne se refuse pas : on a pris cette mauvaise habitude (pour ce qui reste de nos petits salaires) de s'offrir ce qu'on ne peut pas ou ne veut pas prêter.

Bonne pioche forcée : en près de 500 pages, ce Dawa se lit comme un thriller.

De Fred Vargas, à laquelle je voue un culte particulier, j'ai tout lu, et j'adore retrouver Adamsberg, comme j'ai adoré découvrir le Paoli de Julien Suaudeau, son passé, ses failles, son intelligence des situations, ses combines, ses réseaux... Mais Dawa est je pense bien plus qu'un thriller, dont il a pourtant tous les ingrédients pour forcer à y passer plusieurs nuits.

Sans en avoir l'air, on s'imprègne d'une véritable analyse politique et sociale de notre société française, à la dérive sur bien des plans. Et là, tout y passe : du cabinet ministériel et ses « éléments de langage » au plus profond de la désespérance des banlieues, là où les flics ne s'aventurent que sous le bouclier des CRS, et où seule la peur tient de ciment.

Magouilles au sommet, trafics en tous genres, mais surtout de stups, dans les cités d'où l'Etat a été chassé depuis longtemps pour que seules y règnent les bandes de petites et grosses frappes... avec pour seule concurrence (ou complicité) les prêcheurs salafistes ou modérés. Pendant que le Qatar avance ses pions, aussi bien dans les plus hautes sphères qu'à la Courneuve.

Le plus étonnant est que ce Suaudeau, que la quatrième de couverture (j'ai quand même regardé) dit vivre aux USA, semble tout aussi à l'aise pour décrire à merveille tous ces milieux, leurs rituels et leurs travers. Et pour décrire le monde des polices et de leurs guerres intestines. Un polyglotte, sans doute.
Boxeur, en tout cas. Comme son Momo, dont les yeux se teintent parfois au pochoir. Au pochoir, comme les quatre lettres du titre en couverture... Paoli, Momo et tant d'autres : les personnages créés par Suaudeau, on se prend à les aimer, au moins à les comprendre.

Cette fiction se termine dans la France d'aujourd'hui. Et quand je dis aujourd'hui, c'est mars 2014 avec ses élections municipales, en particulier à Paris (je comprends la remarque de Victor), avec son remaniement ministériel à venir, avec un « PR » inexistant, avec un ministre de l'intérieur pressé d'atteindre la case Matignon pour gagner celle de l'Elysée, au coup suivant. Celui-là, Julien Suaudeau ne semble pas beaucoup l'apprécier !

Un peu dangereux, sans doute, de coller à l'actualité, mais je crois cependant que Dawa est suffisamment bien écrit pour conserver l'intérêt du lecteur à-venir : celui d'avril 2014, de cet été, de l'an prochain...

J'aime aussi cette prise de risque de l'auteur (et de l'éditeur) : risque d'une toute autre nature que celui des personnages, qui mettent le plus souvent leur peau en balance.
Le risque d'écarter toute une tranche de lecteurs... Avouons-le, c'est plus dérangeant de se lire comme nous sommes, comme nous ne voulons peut-être pas nous voir, que de suivre nos « pères » dans un roman sur l'IRA d'il y a vingt ans, ou sur le Liban en guerre (pas celle en cours ou à venir, la précédente...).
Je vois mal les lycéens décerner leur prochain Goncourt à un livre aussi peu fait pour le consensus.

Professionnellement et par intérêt, j'ai dévoré « les banlieues de l'Islam » et autres plus récents ouvrages de Gilles Képel, les « fractures françaises » de Christophe Guilluy. Mais par son style et par sa fiction Dawa m'apporte le côté vivant ... et réel, que ces auteurs académiques ne peuvent traduire.

Une seule réserve : la dernière phrase en dix lignes, de ce qui constitue l'épilogue. J'ai relu trois fois sans vraiment comprendre. Alors que tout le reste est si fluide... Mais il était pas loin de trois heures du mat'.
Bref, vous l'avez compris, je recommande, chaleureusement. Et comme Victor m'y incite, je partage avec vous, avant que les pros s'y mettent... Et comme c'est ma première critique dans Babelio, je n'y vais pas par quatre chemins : un maxi d'étoiles !

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Un premier roman à couper le souffle, très contemporain et très classique à la fois, proche des grandes fresques sociales du XIXe siècle et d'une série comme The Wire.
J'ai particulièrement aimé la façon dont l'auteur nous emporte à travers des milieux sociaux qui n'ont a priori rien à voir les uns avec les autres, et entre lesquels il arrive pourtant à tisser une intrigue d'une très belle et très profonde complexité. On aime tous les personnages qui s'avancent tour à tour sur le devant de la scène, et dont le destin se joue en coulisses, à l'abri des regards. Aucun jugement n'est posé sur leurs actes ou sur leurs sentiments: ils ont tous leurs raisons, que l'on n'est pas obligé de partager, mais qui donnent une formidable puissance romanesque à l'ensemble.
La connaissance intime des banlieues et du sommet de l'État a été soulignée par de nombreuses critiques Babelio; j'ajouterais que le suspense lié à l'intrigue terroriste qui se noue dès les premières pages est mené avec une maestria stupéfiante pour un jeune romancier, et avec un soin d'avancer pas à pas qui le distingue des romans de gare que sont trop souvent les polars d'aujourd'hui.
En résumé, une très belle découverte, à rapprocher des derniers romans de John le Carré, et un auteur dont j'attends avec impatience le prochain roman.
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5eme livre de la mediatheque finis - Finis a temps - J'ai proposer a Cathy13 ma chére complice, de le lire ensemble, car ce genre de livre, c'est son dada.

Les premiéres pages sont criante d'émotion, c'est un petit garcon en Algérie, qui vois ses parents se faire assassiner par AL MANSOUR, a partir ce moment, il vivras que pour le tuer, seras t-il assez fort pour aller au bout de cette croisade ?

Ce petit garcon s'appelle PAOLI et rentre dans la sécurité interieure, quand on as vecu un tel drame, on as soif de justice de proteger pour que personne vive ce qu'il as vécu, c'est pour cela qui va diriger la DGSI.

En face de lui, Alexandre MARION, directeur du Ministére de l'interieur, prof a la fac, mais Marion et Paoli ne s'accorde pas ne s'entendent pas, Marion représente la politique, des gens qui se montrent, qui parlent beaucoup, qui sont la pour convaincre, quand la DGSI lls sont dans l'ombre, ils nous protégent, et enquête toujours en sous marin

Mais malheureusement une menace arrive sur le pays, et seront obliger de s'entendre pour la sécurité de tous.

Et puis ya Momo et Sybille fou amoureux fou d'amour et qui as tout vécu, mais s'en sort, il devient boxeur, et veut s'en sortir pour sa belle, il est aussi tres fidele surtout en amitie, son ami de toujours dérive, et il va etre la, et est capable de tout perdre pour lui.

Ce livre est un enorme coup de coeur, j'adore comment l'auteur ecrit fait de longues phrases, mais rentre tres profondement dans chaque personnalite de chaque personnage, ça parle de politique, de toutes les magouilles qui peut avoir, c'est un livre sur aussi la guerre d'Algerie, et ses consequences, mais toute l'histoire se passe dans ma region tout prés de chez moi, a aulnay a Villepinte, ces lieux citées je les connais, et ce Momo, un prenom qui signifie beaucoup pour moi, et j'adore ce personnage, ce jeune homme qui se bat pour reussir pour sa belle, et malgre tout est la pour son ami et va aller tres loin, c'est simple dans ce livre, j'ai tout aimer, le tournant terrorisme et un supens fou dans ce récit on es accrocher tout les 20 pages, il y a un bouleversement, il m'as retournée comme une crêpe, mais l'auteur as aussi mis en avant des valeurs, l'amitié et l'amour, mais aussi la perfidie des politiciens.
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Cruel roman que nous livre l'auteur sous fond d analyse de notre société que je trouve très vraie et qui donne du relief aux diffeŕents événements actuels par exemple l engouement pour la Palestine de la part d une jeunesse française abandonnée ou rejetée plutôt. Histoire terrifiante de part sa réalité abrupte mêlant religion politique intérêt général ambition personnelle ... Bref la vie d aujourd'hui racontee dans toute sa noirceur non sans un certain style amer sans être vindicatif. Bravo.
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Dawa est un vrai pavé dans les eaux troubles de la société française. Et dans ce marigot, les crocodiles les plus redoutables ne sont pas forcément ceux que l'on croit.
D'un côté, un groupe de jeunes gens désespérés menace de faire sauter Paris, sous la houlette d'un agrégé d'arabe dévoré par la haine de soi.
De l'autre, dans les hautes sphères du pouvoir, les politiques intriguent et se vendent au plus offrant, jouant avec le destin des quidams comme de vulgaires pions.
Entre les deux, des flics, une journaliste, un caïd de la drogue font de leur mieux pour tracer leur route au milieu du chaos.
Dawa, c'est ça : le désordre dans lequel s'agite tout un pays, véritable cocotte-minute susceptible d'exploser à tout moment.
J'ai lu le livre en trois jours, fasciné par le rythme et les personnages, avec des sensations très proches de celles que me procurent les meilleurs romans de John le Carré.
La brièveté des chapitres fait qu'on ne voit pas le temps passer, un tour de force pour un livre de cette épaisseur.
On attend la série ou le film avec impatience.
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Enfin un romancier français qui ne se regarde pas le nombril !
La France d'aujourd'hui, ses tensions et ses fractures, est le grand sujet de Dawa, que Julien Suaudeau traite avec audace, pertinence, et surtout beaucoup de sensibilité pour tous ses personnages. On se laisse happer par cette histoire qui nous balade des deux côtés de la vie, on ferme les yeux en espérant que ça n'est qu'un roman, et quand on les rouvre on s'aperçoit que celui-ci est encore plus vrai que nature. Un véritable tour de force, notamment par son art de capter toutes les voix dissonantes de notre république en proie à ses démons, identité, soif de pouvoir, corruption, et un style d'une grande pureté, une façon de faire résonner la langue française qu'on n'avait pas entendue depuis longtemps.
Plus que prometteur: le grand roman de notre époque.
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C'est avec un plaisir non feint que je m'apprête à publier ma quatre-vingt-neuvième chronique en souhaitant qu'elle soit assez constructive, objective et intéressante pour vous aider dans vos futurs choix littéraires.
Mon ressenti porte, cette fois-ci, sur « Dawa », premier roman de Julien Suaudeau paru en 2014 chez Robert Laffont.
Pourquoi avoir choisi celui-là plutôt qu'un autre, me diriez-vous ? Tout simplement, parce que le synopsis était intéressant, attirant et que comme le dit une célèbre expression « Quand on n'aime, on ne compte pas », je ne pouvais me dérober à la proposition de lecture commune faite par ma fidèle comparse nathalou93 de Babelio.
Un bouquin de cet auteur. Une première pour moi, tout comme ma camarade. Nous poursuivons donc notre exploration d'écrivains inconnus avec d'autant plus de joie et d'espoir de se régaler que ce texte utilise les codes du genre policier.
Le livre définitivement rangé, j'avoue que cette lecture a été simultanément passionnante et instructive, férocement ancrée dans la réalité et atrocement prophétique.
Magnifique ouvrage qui ne demande qu'à être dévoré !
A la veille des élections municipales de 2014, en pleine campagne électorale, dans une France en proie aux manigances politiques, qui s'égare sur des questions identitaires et de diversité, en plein marasme économique, nous faisons la connaissance de deux hommes autant éloignés par leur éducation, culture, parcours de vie que proches par la fatalité primitive qui les lie et le sentiment de vengeance qui les obsède.
Nous avons d'abord Assan Bakiri, professeur agrégé d'arabe, modèle d'intégration et de réussite, qui piégé par ses racines familiales et rongé par un vécu douloureux est habité par la haine de son pays d'adoption. A la tête d'un groupuscule terroriste baptisé Dawa al-Islamiya, il diffuse une vidéo promettant de détruire Paris par l'explosion simultanée de cinq bombes dans la ville.
Face à lui, se trouve Daniel Paoli, grand patron de la DGSI – Direction Générale de la Sécurité Intérieure – qui, avec l'ensemble de l'antiterrorisme, est à pied d'oeuvre pour identifier les membres du réseau ainsi que les cibles visées. Ce haut responsable, aux méthodes quelquefois peu conventionnelles, ne cesse de pourchasser depuis un demi-siècle le meurtrier de ses parents qu'il a vu se faire massacrer dans les Aurès, berceau de l'insurrection indépendantiste Algérienne. Seuls ces deux individus connaissent le trait d'union entre passé et présent. Quel est-il ? Si le mauvais sang ne veut pas sécher, comment une nation peut-elle vivre en paix ?
Autour d'eux, du sommet de l'état aux pavés de la banlieue parisienne, gravite une multitude de personnages disparates qui ne manquera pas d'être renversée par la violence aveugle issue de leur idée fixe.
La Dawa, au sens religieux du terme, est une invitation aux non-musulmans à écouter le message de l'islam. Dans la langue française, c'est un synonyme de bazar, désordre, capharnaüm, chaos.
Sachant cela, vous aurez certainement compris que l'objectif avoué de ces attentats est bel et bien de mettre le foutoir, de provoquer le grand chaos sur le territoire national.
A partir de cette trame, nous accompagnons les différents protagoniques (force de l'ordre, politiques, terroristes, citoyens des cités…) tout au long de l'intrigue. Nous assistons à la préparation de ces actes barbares, nous suivons l'enquête visant à déjouer le complot, et surtout nous sommes au coeur des deux revanches personnelles. Les « fous de Dieu » réussissent-ils ou sont-ils mis en échec par les autorités compétentes ? La vendetta du directeur a-t-elle lieu ? Avons-nous affaire à un vieux contentieux, à une résurgence des dernières blessures, des dernières braises de la guerre d'Algérie ou à l'avènement d'un djihadisme mondial ?
Les réponses à ces interrogations sont à portée de mains ou plutôt de lecture… A vous de jouer !
Ce récit est axé sur trois thématiques principales : La vengeance, la place de l'islam sur le sol français et le chaos.
Pour J.S. les vengeances de Bakiri et Paoli sont maladives. Ils sont tellement possédés par ce mal, ce besoin de « faire payer » l'autre, qu'ils en sont devenus des menteurs, des manipulateurs.
L'islam fondamentaliste est vu, par les terroristes, comme le moyen de discorde pour mettre les rues à feu et à sang, pour provoquer, à plus ou moins longues échéances, une guerre civile. Cette radicalisation est également le motif utilisé par le Ministre de L'Intérieur pour asseoir son pouvoir sécuritaire et par là même, s'ouvrir les portes de Matignon. Cette islamisation des jeunes prend sa source, selon l'écrivain, dans l'effondrement de l'économie, du chômage, de la pauvreté, du désoeuvrement des banlieues, du désintérêt étatique et non dans le virus de l'immigration.
Le tohu-bohu, la pagaille, le désordre se trouve, quant à lui, dans la corruption des élites, des décideurs publics, dans la mainmise de puissances pétromonarchiques sur des entreprises nationales, des financements électoraux, des capitaux privés.
L'auteur nous offre un roman mi polar mi sociopolitique. Il dépeint toute notre société avec ses défauts, ses difficultés économiques, religieuses, sociétales, son attentisme, sa diversité, sa diplomatie, ses coups bas politiques… Il dresse un portrait factuel, sans concessions de la France. Une juste représentation synonyme, pour moi, de frissons.
Style maîtrisé avec des descriptions assez détaillées, des dialogues efficaces. Les chapitres courts se lisent aisément malgré quelques longueurs et des passages complexes mais non rébarbatifs, non rédhibitoires à la compréhension.
Plume haletante, claire, prenante, acerbe et bienveillante en même temps.
Les protagonistes sont profonds, tout en épaisseur. La psychologie de chacun ressort parfaitement. Nous nous immisçons dans leurs « têtes ». Au fil des pages, nous avons la sensation de les avoir toujours côtoyés. Nous vivons, nous subissons, nous nous inquiétons avec eux.
Daniel Paoli est un être expérimenté, dur dans la vie comme dans le métier. Il est sans concession. Cette particularité lui sert auprès de son équipe mais le désavantage face à ses détracteurs. C'est un monsieur en souffrance depuis sa tendre enfance qui ne sera apaisé que par l'accomplissement de sa mission. Sous une carapace, se cache un être fragile qui vit avec une part d'ombre.
Franck, sous ses aspects de « gros dur », m'a touchée par sa sensiblerie, l'amour immodéré qu'il porte à son ex-femme. J'ai apprécié son sens du devoir, son abnégation au travail et son envie d'aider son prochain.
Assan est un individu complexe. Sans son passé familial pesant, il n'éprouverait certainement aucun ressentiment contre sa terre d'adoption, terre où son cheminement est exemplaire. Oui, mais voilà…
Frustré par des années de non-dit, anéanti par un vieil amour retrouvé, puis perdu à nouveau, il ne trouvera la sérénité que dans la mort et la propagation de l'horreur. C'est un être ambivalent : à la fois haineux et tendre, confiant et ombrageux, prévenant et indifférent. Je ne sais pas trop quoi penser de lui. Je l'ai détesté tout en le plaignant.
Momo et soul, enfants de la cité, m'ont émue. Leur histoire est marquée par une amitié qui les unit plus étroitement que jamais. J'ai été sensible au fait que le premier nommé abandonne (momentanément ?) le rêve de sa vie pour aller remettre son pote sur le droit chemin. Preuve d'une bonne intelligence et d'un immense attachement.
Soul, malgré un parcours brillant, ne croit pas en l'avenir. D'après lui, tout est écrit d'avance. Né au mauvais endroit sans atout majeur en main, il ne peut réussir. Ce jeune homme, fragile émotionnellement, influençable à souhait, aurait mérité mieux.
Ces deux copains ont essayé de sortir de leur vie de misère pourtant…
Alexandre Marion, le haut-fonctionnaire, apparaît comme ambitieux, avide. Il est suffisant, mesquin. Néanmoins, il est, à mon humble avis, l'archétype de la majorité des gens exerçant dans la haute administration.
J'ai admiré l'honnêteté et le charisme d'Hélène Faure qui préfère abandonner une carrière politique, pourtant prometteuse, plutôt que de se fourvoyer dans la corruption. Cette femme intransigeante, qui cache un lourd secret, a des principes que rien ne semble altérer.
En bref, nous sommes en présence d'un opus sombre, inquiétant, palpitant, indubitablement travaillé qui met en exergue les maux de notre beau pays ainsi que les responsables de cet état de fait. Tout le monde en prend pour son grade, si j'ose dire, que ce soit les politiques, les forces de sécurité, les dealers ou autres délinquants, les arrivistes, sans oublier les victimes de cette déliquescence.
A acquérir ? Sans l'ombre d'un doute, oui. Il vous accrochera et vous fascinera rapidement au point de ne plus pouvoir le lâcher. Ce livre redoutable par son efficacité est à lire nécessairement.
Je m’attellerai, dans un futur proche, à la lecture de ses deux autres publications que sont « le Français » et « Ni le feu ni la foudre » car ce romancier est incontestablement bourré de talent. Comme le dit si bien, @lireencore93420 d'Instagram, cet écrit est une « tuerie » dans tous les sens du terme.
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