Citations sur Les délices de Tokyo (236)
Quelques jours plus tard.
Lorsque Sentarô leva les yeux de sa plaque chauffante, la vieille femme au chapeau blanc se tenait de nouveau sous le cerisier. Elle regardait dans sa direction, un sourire aux lèvres.
« Bonjour ! »
C’est Sentarô qui lui adressa la parole en premier. Sous son chapeau, Tokue sourit en découvrant ses dents. Elle approcha de sa démarche gauche, en tanguant.
« Le cerisier a perdu toutes ses fleurs ».
- C’est vrai. »
Sentarô aussi leva les yeux vers l’arbre.
« C’est pour qu’on puisse bien admirer les feuilles.
- Admirer les feuilles ?
- C’est le moment où elles sont les plus belles. Regardez, par là. »
Sentarô chercha des yeux l’endroit indiqué par Tokue. Vers la cime de l’arbre, de jeunes pousses charnues frémissaient au vent.
« Elles nous font signe de la main ».
Maintenant qu’elle le disait, on pouvait voir les choses sous cet angle, pensa-t-il. Les feuilles superposées se balançaient, pareilles à une guirlande de mains d’enfants.
Le silence de la lumière et de l'ombre soulignait encore la quiétude du lieu.
Du moment que le commerce marche, on peut vendre n'importe quoi. Il s'agit de gagner sa vie, c'est tout.
Devant le centre de documentation se dressait la statue d'une mère et de son enfant, en habits de pélerin .
Seule la mère avait-elle eu la lèpre, ou l'enfant avec elle aussi ?
Parce qu'elles avaient contracté cette maladie, des mères chassées de leur village avec leur enfant avaient avaient sans doute erré dans des contrées étrangères, autrement . Cette statue était peut-être destinée à apaiser leurs mânes. (...)
Mais tout de même, pendant plus d'un siècle, cet endroit n'avait cessé d'avaler des gens, d'en exclure d'autres. (p. 112-113)
Quels que soient nos rêves, un jour, on trouve forcément ce qu'on cherchait grâce à la voix qui nous guide, j'en suis convaincue. Une vie est loin d'être uniforme. parfois, sa couleur change du tout au tout.
Vous avez beau tendre l'oreille, peut-être n'entendez vous encore rien, mais je vous en prie, ne baissez pas les bras, persévérez. Quels que soient nos rêves, un jour, on trouve forcément ce qu'on cherchait grâce à la voix qui nous guide, j'en suis convaincue. Une vie est loin d'être uniforme. Parfois, sa couleur change du tout au tout.
Je suis convaincue que chaque chose ici-bas est douée de parole. A mon avis, on peut prêter l'oreille à tout, aux passant dans la rue devant la boutique bien entendu, à tout ce qui est vivant, et même aux rayons de soleil et au vent.
Il était trop tard, voyez-vous. J'étais trop vieille quand la liberté m'a été donnée. Si cela était arrivé vingt ans plus tôt, j'aurais peut-être pu me construire une vie à l'extérieur aussi.
Sentarô déposa une louche de pâte à pancakes sur la plaque chauffante brûlante.
C'était ce qu'on appelle une pâte trois-tiers, un mélange classique, l'unique préparation que, de son vivant, l'ancien patron lui avait correctement apprise. Des œufs, du sucre semoule et de la farine. Ces trois ingrédients mélangés à parts égales, au gramme près. Il y ajoutait une pincée de bicarbonate de sodium, un trait de saké doux et un peu d'eau pour obtenir la consistance voulue, mais cette pâte trois-tiers restait la même tout au long de l'année. C'était simple et efficace, sans prise de tête et, avec de l'habitude, à la portée de n'importe qui.