Marguerite, margherita, Margarita…la mystérieuse perle des Caraïbes !
Dans notre belle langue française, hormis pour le sens premier de la fleur blanche au centre jaune si caractéristique, Marguerite évoque pour moi le nom de la vache dans le film avec Fernandel « La Vache et le Prisonnier ».
Ajouter un h et un i et vous obtiendrez en italien la pizza Margherita , simple mais savoureuse avec ses tomates, sa mozzarella et son basilic arrosée d'huile d'olive.
Dans la version espagnole, je pensais que seul le cocktail à base de téquila, la Margarita (1), portait ce joli nom d'origine mexicaine.
Eh bien, que nenni ! Margarita est également une île des Caraïbes proche des côtes du Venezuela située dans le sud des petites Antilles. Pour l'anecdote, dans le roman de
Francisco Suniaga, le croissant des Antilles est appelé de manière beaucoup moins poétique « saucisse ». Comprenez, à chacun ses traditions culinaires !
Mais alors que se cache-t-il de si mystérieux dans cette île dite invisible ?
Serait-ce les circonstances de la mort de l'allemand Wolfgang Kreutzer, excellent nageur par ailleurs, retrouvé sans vie sur la plage de Playa El Agua alors qu'il se baignait seulement avec de l'eau jusqu'à la taille ?
Sinon, pourrait-il s'agir de l'enquête diligentée par Edeltraud Kreutzer, la mère de Wolfgang, et menée par Jose Alberto Benitez, avocat Vénézuélien plutôt curieux préférant la littérature au droit ?
Ou bien encore, faut-il aller chercher plus loin dans l'histoire de ce pays dont les dogmes communistes ont laminé le niveau de vie des habitants du Venezuela ?
Afin de garantir le suspense, je ne vous en dirai pas plus sur ce splendide roman de
Francisco Suniaga, ancien avocat natif de Margarita, dont l'écriture est tout à fait remarquable.
Pour un premier roman de l'auteur, j'ai été fasciné par la progressivité du récit dévoilant par petites touches les tenants et aboutissants de la mort mystérieuse de cet allemand. Sans concession sur les difficultés de son pays, Suniaga livre un roman engagé et touchant sans s'enfermer dans un genre de littérature proprement dit.
Pour conclure, ce livre hispanique s'avère être un découverte passionnante et originale dont les dernières pages et le tout dernier paragraphe m'ont finalement convaincu d'attribuer la note maximale. Ouvrez grand les yeux et partez voyager (sans subir les onze d'avion) sur «
l'île invisible » de
Francisco Suniaga…
Ps : Ayant eu la chance de découvrir durant les fêtes une autre île tropicale, j'ai été d'autant plus absorbé par la lecture de ce roman relativement courte.
(1) Ce cocktail aurait été créé en 1948 à Acapulco par une Américaine, Margaret Sames, dite « Margarita », et porte comme nom la traduction en espagnol du prénom Margaret.
Une autre version dit qu'il fut créé par Carlos « Danny » Herrera dans son restaurant au sud de Tijuana en hommage à une actrice américaine nommée Marjorie King
On évoque aussi le cocktail Tequila Daisy (« marguerite » en français, «margarita» en espagnol) comme source possible du nom.