Porter un jugement, c'est "diviser la Terre et le Ciel", disait le vénérable
Lao Tseu.
François Sureau en sait quelque chose car il a été juge au conseil d'État pendant de nombreuses années. Se lassant vite du contentieux du remembrement rural, il a demandé à être nommé à la commission des recours des réfugiés. Dans ses nouvelles fonctions, il est amené à traiter le dossier d'un ancien militant basque, qui demande le maintien de son statut de réfugié politique. La décision est difficile à prendre car l'Espagne est officiellement redevenu un État de droit après la chute du Franquisme. Reconnaître le statut de réfugié politique a un citoyen espagnol serait donc nier le retour de l'Espagne à la démocratie. Et en même temps dans les faits il faut bien constater que de nombreux militants anti-franquiste sont encore assassinés en ce début des années 1980. Quelle décision prendre?
Ce court texte pose des questions intéressantes sur la responsabilité, la culpabilité et la rédemption. Parfois, quel que soit la décision que l'on prend, il n'y a pas de bon choix. On se décide souvent dans un sens, car, se décider en sens inverse nous est insupportable. Avec le recul viennent les regrets, ou le sentiment que la moins mauvaise décision a été prise. Il ne reste plus alors qu'à essayer d'aller de l'avant en faisant "le bien" pour se racheter.