AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Sans la liberté (46)

Que l'Etat n'ait plus d'autre fonction que de garantir les désirs de chacun ne le rend pas inoffensif pour autant.
Commenter  J’apprécie          10
Je ne me serais pas donné le ridicule d’écrire ce mot d’honneur qui est trop grand pour moi, pour nous peut-être, si je n’avais eu souvent l’impression ces dernières années qu’il était tout près d’être oublié, un vieux mot à demi effacé par l’usage et par l’abus, comme laissé pour mort au bord d’une route, le cadavre d’un oiseau devant lequel le passant s’arrête en se demandant à quelle espèce inconnue de lui il a bien pu appartenir.
Commenter  J’apprécie          30
Personne d’autre que le citoyen libre n’a qualité pour juger de l’emploi qu’il fait de sa liberté, sauf à voir celle-ci disparaître.

On ne rappelle pas assez que la souveraineté, nationale ou populaire, ne vaut que parce que le peuple se prononçant est censé être composé de citoyens libres, la liberté venant ici se substituer comme principe à l’onction divine des rois.
Commenter  J’apprécie          30
D’où nous vient cette tolérance pour les tutelles que l’État nous impose, lui dont par ailleurs le comportement est rarement un modèle, qu’il s’agisse de légalité ou d’honneur ? Nous autres Français parons le tiers étatique de vertus irréelles. Que l’expérience démente à peu près chaque jour cette conception irénique n’y change rien. Nous refusons de voir que l’acteur de la répression, l’État, ses magistrats, ses agents de tous ordres, n’est jamais neutre, que ses serviteurs ont des intérêts qui leur sont propres. Qu’ils ont aussi des opinions, ni plus ni moins justifiées que les nôtres et qui peuvent changer. Que rien ne les qualifie plus qu’un citoyen pour se prononcer sur des matières qui relèvent de la pure option politique. Il est sûr que c’est à l’État de garantir les libertés, par l’édiction d’un système de normes comme par la mise en mouvement de la force pour punir les transgresseurs. Mais il existe, et doit exister, une ligne de partage infranchissable entre ce rôle et celui que l’État tend à s’arroger, celui de tuteur, de gardien d’un citoyen supposé défaillant dans son intelligence et donc dans ses choix.
Commenter  J’apprécie          00
Une chose est de sanctionner a posteriori un exercice incivil de la liberté ; autre chose est de remettre à un tiers public, la définition a priori des formes acceptables qu’elle peut prendre.
Commenter  J’apprécie          00
Il faut s’inquiéter autant de la diffusion des opinions abjectes, complotistes ou antisémites en premier lieu, que de la rapidité avec laquelle l’idée même d’une chasse aux opinions a rempli les esprits. Les sermonneurs sont descendus des chaires de l’Église et sont désormais partout, mais ils ont en main le Code pénal et jouissent du concours des autorités publiques. À bien des égards, le monde nouveau ressemble au pire de l’ancien, celui de l’ordre moral ou de la loi sur le sacrilège. Et nous qui nous moquons du substitut Pinard qui poursuivait Flaubert ou Baudelaire, nous en sommes les héritiers. Notre bonne conscience se compare à la sienne. Nous partageons avec lui, sans même y avoir pensé, comme d’instinct, l’idée que l’ordre moral vaut par lui-même en tant qu’ordre, à raison des valeurs qu’il promeut, et non parce qu’il garantit l’existence de la liberté.
Commenter  J’apprécie          00
Les temps sont toujours difficiles pour ceux qui n'aiment pas la liberté.
Commenter  J’apprécie          20
(...) ce que l'ordre social nous promet : la dictature de l'opinion commune indéfiniment portée par les puissances nouvelles de ce temps, et trouvant un renfort inattendu dans le désir des agents d'un Etat discrédité de se rendre à nouveau utiles au service d'une cause cette fois communément partagée - celle de la servitude consentie.
Commenter  J’apprécie          00
Nul ne devrait relire sans angoisse un passage qui figure dans l'une des dernières œuvres de Simone Weil : "L'esclavage avilit l'homme jusqu'à s'en faire aimer ; la vérité, c'est que la liberté n'est précieuse qu'aux yeux de ceux qui la possèdent effectivement".
Commenter  J’apprécie          00
Ce que la Cinquième République avait d'utile, nous l'avons détruit, par le quinquennat, la perte de la maîtrise de l'ordre du jour, la destruction de la fonction de premier ministre ; mais ce qu'elle avait de mauvais, la soumission du citoyen, les atteintes portées aux libertés, la normativité imbécile des assemblées parlementaires, nous l'avons aggravé. Nous avons rendu l'Etat impuissant en même temps que nous rendions le citoyen malheureux. Il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir brimer en même temps les gouvernants et les gouvernés.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (294) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

    Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

    amoureux
    positiviste
    philosophique

    20 questions
    853 lecteurs ont répondu
    Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

    {* *}