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Un essai intelligent sur la notion de Liberté et les atteintes aux libertés individuelles sous couvert de sécurité.
Un plaidoyer flamboyant accessible à tous.
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Que ferions-nous sans la liberté ? Celle qui a été gagnée dans la souffrance, par les luttes et souvent par le sang. Et qu'avons-nous fait, gouvernés et gouvernants, de cette liberté héritière du passé ? Lorsque l'on observe la société française, on se dit que les libertés publiques ne tiennent plus qu'à un fil. Les trois derniers quinquennats auront fini un travail de sape qui dure depuis presque trente ans. Que ce soit la gauche ou la droite, la liberté ne signifie plus rien pour la classe politique dirigeante. Comme l'exprime éminemment bien François Sureau, « la gauche a abandonné la liberté comme projet. La droite a abandonné la liberté comme tradition (…) » Finalement plus rien ne tient. Tout s'en va à vau-l'eau. Les injustices deviennent monnaie courante. Quant au Peuple, leurré depuis le Serment du Jeu de Paume, s'est progressivement laissé séduire par les illusions de la modernité.
Mais les propos de François Sureau viennent en priorité cogner ceux qui ont le pouvoir et qui n'en n'ont rien fait. En tant qu'intellectuel, à sa manière, écrivain, de talent, et haut fonctionnaire, il a pu côtoyer et examiner ces gens du pouvoir : «j'ai vu, dit-il, depuis dix ou vingt ans les meilleurs caractères se corrompre comme dans un bain d'acide (…) caractère de l'administration, du parlement, du gouvernement et souvent des juges. » La France n'est pas et n'a jamais été le pays des Droits de l'homme, juste celui de la Déclaration. C'est regrettable ! Mais cela explique cette démocratie sans liberté. Nous avons été privé de cette liberté sans même nous en rendre compte. Dans ce petit essai-témoignage François Sureau tente une vaine conscientisation. Il souhaite un dernier réveil des Français.e.s. Il le fait par le truchement de quelques auteurs connus, notamment Simone Weil : « L'esclavage avilit l'homme jusqu'à s'en faire aimer; la vérité, c'est que la liberté n'est précieuse qu'aux yeux de ceux qui la possèdent effectivement ». Et il finit par une recommandation : « Travailler à assurer au plus grand nombre cette possession effective, tel devrait être notre principal souci. » Charge à nous de faire re-vivre cette liberté en voie de disparition.
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Cette collection Tracts mérite son succès, du moins si j'en crois le nombre de lecteurs, de critiques, et les différents numéros publiés par Gallimard.
Je n'ai lu que celui-ci (recommandé par Pierre Lieutaghi dans son très bon La surexplication du Monde) et le N°2 d'Erri de Luca, par appétence pour cet auteur dont je connaissais les engagements politiques.
Je ne baigne donc pas dans la sphère du droit et de la justice dans laquelle François Sureau nous entraine pour décrypter l'évolution récente de notre société et ses soubassement, relativement à la question centrale et si souvent évoquée de la Liberté.
C'est une lapalissade que de dire que c'est un concept central de notre république, Liberté, Égalité, Fraternité. Mais que mettons nous derrière ? Ou plutôt, qu'en reste-t-il ?
C'est bien cela que se demande cet avocat spécialisé dans les défenses des libertés publiques, notamment face à l'état.
Car les citoyens abandonnent de plus en plus leur liberté, si chère, à un appareil étatique que de moins en moins de frein retiennent de glisser vers un régime sécuritaire. Telle est la thèse de ce Tract, le passage de citoyen à sujet, la perte progressive des gardes-fous qui empêche l'état de se retourner contre ceux qu'il est censé protéger.
A chaque affaire, chaque problème, de nouvelles lois surgissent, de nouvelles facilités pour les forces de l'ordre, de moins en moins de contrôle, de moins en moins de libertés, en définitives ; celle-ci est morcelée, amoindrie sous le regard indifférent ou consentant des citoyens qui, eux, n'ont rien à se reprocher et laissent faire.
Là est le problème et la solution, la reprise en main des outils de l'état, de la constitution par nous, qui en sommes les constituants. La liberté n'est pas acquise, elle se défend par l'éducation, l'implication. Au lieu de l'individualisme qui nous isole, il faut aussi défendre les droits de nos voisins pour conserver sur le long terme, les nôtres. Ce qui nous a poussé à bâtir notre république ne dois pas être, en fin de compte, ce qui la pousse vers sa fin.

Un essai brillant, convaincant, très orienté sur le droit et sa destruction, mais aussi philosophique qui intéressera tout le monde en ces temps d'état d'urgence normalisé...
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Découvert par un entretien de l'auteur sur France Culture.

M. François Sureau nous interpelle sur notre rapport à la liberté et sur la représentation de cette valeur de nos jours.
Il y dénonce les successions de réformes sur le système judiciaire, la dégradation de la séparation des pouvoirs, nos comportements d'individus et non de citoyens.
L'auteur énumère les différents phénomènes et évenements qui illustrent notre rapport à la notion de liberté et montre également la négligeance autant par les citoyens que par les gouvernements.
Enfin, la dernière partie est consacrée à l'amour de la liberté et aux conditions nécessaires à sa sauvegarde.

Un texte clair et percutant.
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Le sujet de cet opuscule dense est le déclin de la liberté. C'est confondant d'évidence, rafraichissant aussi, compliqué souvent, car ce sujet sérieux mérite l'effort de s'y intéresser.

Notre apathie, dûe entre autres au consumérisme, nous laisse accepter l'inacceptable. Ce constat avait déjà été fait par Soljenitsyne devant des étudiants d'Harvard en 1978, auprès de qui il dénonçait aussi « la tyrannie du conformisme intellectuel. »

François Sureau se demande si nous nous aimons assez pour aimer les autres, et par conséquent, défendre leurs droits alors que nous ne sommes pas concernés. Il cite par boutade le fait que nous restons indifférents à l'interdiction de certaines publications sur internet qui ne nous intérressent pas. Nous ne réagissons pas quand nous ne sommes pas directement concernés. C'est le règne du chacun pour soi. C'est si vrai pour la question des migrants à laquelle je ne peux m'empêcher de penser.

La contradiction est une condition pour construire une société meilleure. En contrôlant la contradiction, on fait semblant d'agir mais on n'avance pas.
Il rappelle les fondamentaux : « Le citoyen doit conserver en toutes circonstances une souveraineté intellectuelle et morale ».

A lire et à relire, pour éclairer nos esprits endormis.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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"Nous sommes déjà habitués à vivre sans liberté" énonce en page 2 de ce petit essai, paru dans l'intéressante collection Tracts chez Gallimard, l'avocat et écrivain François Sureau. Dénonçant la montée d'un état policier de plus en plus violent, utilisant des armes de guerre (fusil d'assaut) face à des citoyens manifestant dans la rue, choisissant qui a désormais le droit de manifester en excluant certaines personnes en raison de leur passé judiciaire, érigeant ainsi un pouvoir policier dont l'objectif premier n'est plus la protection des citoyens mais la punition, il explique comment les trois quinquennats de Sarkozy, de Hollande et de Macron ont peu à peu, de façon progressive et insidieuse érodé les libertés dans notre pays, au nom de la sécurité. Pour lui, la France n'est pas et n'a même jamais été le pays des droits de l'Homme mais le pays de la Déclaration des droits de l'Homme. La Vème république, issue de la Constitution de 1958, crée d'emblée les conditions de cette atteinte progressive et devenue permanente aux libertés des citoyens. Les pouvoirs publics ont endormi les libertés individuelles par une propagande sécuritaire montante et devenue quasi-permanente. Selon François Sureau, le droit pénal français est l'un des plus durs qui soient. La demande de sécurité est légitime mais elle a servi de prétexte à l'instauration d'un pouvoir de plus en plus autoritaire, qui de plus en plus considère le citoyen libre comme un délinquant en puissance. Les libertés ne sont plus, dès lors, un droit mais une concession du pouvoir. D'où l'instauration progressive, en parallèle, à cette tendance d'une véritable censure, véritable atteinte à la liberté de pensée et à la liberté d'expression. Cette perte de confiance des dirigeants dans la capacités du citoyen libre conduit à transférer le pouvoir des citoyens vers une administration rigide, autoritaire et castratrice des libertés. Cette érosion des libertés a été le fait aussi bien de gouvernements de gauche qui "ont abandonné la liberté comme projet" que de gouvernements de droite qui "ont abandonné la liberté comme tradition", laissant la place à un centrisme autoritaire faisant des individus des citoyens soumis.
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Bref pamphlet sur les libertés publiques rédigé par l'avocat François Sureau, on pourra y apprécier sa plume et son érudition remarquables. Mon regret est double (et contradictoire, vous le verrez). D'une part, je trouve l'ouvrage trop rigoureux pour laisser sa part au littéraire, à la fantaisie, au sentiment ; mais je trouve également qu'il n'est pas assez approfondi sur certains des sujets dont il traite. Je m'explique, l'auteur indique à titre d'exemple que nos sociétés ne sont plus assez sûre d'elles-mêmes pour tolérer les libertés publiques comme autrefois ; pourtant, plusieurs sociétés à la fois sûres d'elles-mêmes et enclines aux plus durs châtiments et restrictions ont existé dans l'histoire. Certes, on me dira que la contradiction que je soulève n'est qu'apparente, mais j'aurais aimé que l'antithèse soit plus développée, ne serait-ce que pour mieux la combattre. Ainsi pour résumer, j'ai apprécié, mais, et cela résulte probablement de la nature de l'exercice, donc j'ai conscience que ma critique est injuste, j'ai trouvé cela trop peu approfondi ou trop peu littéraire. Pour le reste je maintiens : François Sureau est une plume de tout premier ordre.
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L'auteur n'a pas peur d'affirmer ce qu'il pense sans pour autant se transformer en polémiste stérile. On voit plutôt au contraire qu'il a en tête un système de philosophie politique. C'est appréciable car ceux qui font en permanence référence à la République ne disent que rarement ce que l'auteur dit sur la liberté. Sur le fond, je suis mitigé parce que je ne partage pas nécessairement tous les présupposés politiques (républicanisme égalitaire, démocratie libérale, rapport à l'individualisme etc) bien qu'on trouve des remarques pertinentes dans le cadre politique qui est le sien. le ton étant un peu "pamphlétaire" on trouvera la réflexion mêlée à un discours plus "personnel". Ce qu'il faudra retenir essentiellement de la thèse de l'essai : la distinction individu/citoyen, cette manière dont l'Etat utilise le droit contre la liberté.
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Rogner sur ses libertés sous prétexte de sûreté ou de sécurité revient à s'asservir, se soumettre.

Faut-il interdire telle ou telle pensée ou les combattre ?

La morale (ou la "moraline" comme dit Onfray) ou le débat ?

Etre infantilisé, mis sous tutelle ou penser, réfléchir, entendre, comprendre pour au final apprendre ou se reprendre ?

Quoi de pire de la "morale légale" ou la "bien-pensance" ?

Aller, un petit rappel de Paul Eluard

"Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté."
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Brillant. Dense. Fondamental. En un mot, intelligent, comme souvent avec François Sureau.
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