La vie, c'est comme un fil de scoubidou.Ca s'entortille autour d'un autre, puis d'un autre encore, pour forger des destins qui se croisent ou se partagent. Cela donne des vies pleines de couleurs ou remplies de peine, qui s'échouent ou se fracassent sur les écueils d'une fatalité non désirée, des existences chargées de souvenirs et de mélancolie, de regrets ou d'espoirs.
Lola Jost est un ex commissaire à la retraite. Elle a tournée la page de la police après la perte brutale de son coéquipier. Elle fume comme un pompier et recherche dans ses puzzles la pièce manquante de son existence qui redonnerait un sens à sa vie.
Ingrid Diesel est américaine, le coeur en bandoulière, elle ne veut donner que de l'amour et de la tendresse aux autres car le monde est déjà bien trop dur à ses yeux. C'est pour cela qu'elle l'a parcouru dans tous les sens pour en ramener les meilleures techniques de massages qu'elle prodigue à ses clients le jour, se transformant en danseuse de charme la nuit.
Vanessa, Khadija et Chloé : elles sont jeunes, belles, partagent tout, à commencer par leur appartement et vivent de petits boulots, comme Khadija, serveuse au « Belles de jour comme de nuit » un restaurant tenu par Maxime Duchamp, ancien photographe de guerre reconverti dans la restauration.
Tout ce petit monde vit dans le Xe arrondissement de Paris, sans forcément tous se côtoyer. Pourtant, il suffira de la chute d'un premier domino, d'un braquage et d'un gros sac de billets rapporté dans l'appartement des trois jeunes filles pour que les choses s'enclenchent. Et quand l'on retrouvera l'une d'elle sur son lit, morte et les pieds tranchés, les petites vies bien ordonnées des uns et des autres vont s'en trouver définitivement bouleversées.
Paradoxalement, ce qui fait l'intérêt de ce roman, ce n'est pas l'intrigue policière en elle-même, qui est somme toute assez classique.
Non, l'attrait réside davantage dans le soin tout particulier que l'auteur apporte dans la description de ses personnages et des rapports qui les animent. Des personnages « vrais », vivants, tout droit sortis de notre univers quotidien et qui nous les rend du coup tellement proches ! Non sans humour, l'auteur nous offres des portraits magnifiques et des duos improbables à l'image de Lola et Ingrid.
Lola, l'ex femme flic, que la vie arrondie au fil des ans ( « Par un processus darwinien déglingué, la sirène s'était mutée lentement en vieux cachalot. Si lentement qu'on n'avait rien vu venir ".) et Ingrid, adepte des salles de sport, vont ainsi former un binôme hors du commun. Alors que tout les oppose va naitre entre elle une amitié et une complicité attendrissante.
Car la tendresse, c'est bien ce qui caractérise l'écriture de
Dominique Sylvain quand elle esquisse ses personnages, que le stylo devient pinceau et que les mots deviennent des couleurs.
C'est le premier roman que je lis de
Dominique Sylvain. Elle n'est pas sans me rappeler par certains côtés, l'univers de
Fred Vargas. Un roman sensible, tendre, humain, qui dégage un parfum, une atmosphère construite au fil des pages, où le lecteur abandonne sans regret l'intrigue policière qui devient accessoire, pour s'attacher à cette galerie de personnages avec qui il a envie de passer un moment à la terrasse du « Belles de jour comme de nuit ».
Ce voyage littéraire fut donc une ballade agréable dans l'univers d'un auteur que je découvre totalement et que j'aurai sans aucun doute plaisir à continuer de découvrir à travers ses autres romans.
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