Citations sur Abigaël (24)
Ce fut une des expériences qui ne prirent sens que plus tard dans la mémoire de Gina. Tous ces soldats soudain muets, les yeux fixés sur elles- elle comprit plus tard qu'en voyant les Matuliennes, ces garçons qui partaient au-delà de la frontière avaient pensé à leurs enfants ou à leur famille, ils avaient pensé à leur lopin de terre, à leur jardin, au grand ordre de la nature qui fait mûrir les récoltes en automne, et à laquelle les hommes obéissent depuis la nuit des temps; et c'est ce que ces soldats auraient fait eux aussi, si le train ne les avait pas emmenés pour tuer ou être tués. (p. 205)
Ce qui est bon devient plus intense encore lorsqu'il faut se battre pour l'obtenir
J'ai d'abord perdu mon mari, puis mon fils, Je ne veux pas que d'autres perdent leurs hommes dans une guerre aussi absurde et dont le but nous est étranger. C'est bien assez que je sois seule et malheureuse. p.416
Les filles se plaignaient constamment de la discipline, mais on leur l'avait si bien inculquée que dès qu'un des éducateurs lâchait la bride et se montrait moins sévère que les autres, elles se moquaient de lui. p.85
Abigaël, toi qui fait des miracles, toi qui vient toujours à notre secours, qui dénoues nos misérables petits soucis, comment n’ai-je pas tout de suite découvert ton secret ? Pourquoi, en méprisant la crédulité des autres, en les traitant de stupides gamines, ai-je pensé qu’à ta figure de pierre se rattachait un conte, une légende, un jeu insensé de plus, comme il y en a tant à l’institution Matula ? Pourquoi n’ai-je pas compris que dans cette sombre jungle de lois, de règles et d’interdits, quelqu’un, non une figure de pierre, mais un être véritable se dissimule derrière ta statue Empire et vient en aide à qui en a vraiment besoin ?
Les filles se plaignaient constamment de la discipline, mais on la leur avait si bien inculquée que dès qu'un des éducateurs lâchait la bride et se montrait moins sévère que les autres, elles se moquaient de lui. (p. 85)
Des vies dépendent de ce que je vais te dire. Je n'ai pas voulu te mettre au courant, non que je n'aie confiance en toi, mais je ne voulais pas t'effrayer ni t'imposer des soucis que je te croyais trop jeune pour porter. Mais si je te laisse ici sans explications, en t'ordonnant simplement de rester sans que tu saches pourquoi, tu te sauveras peut-être de nouveau, ou tu te mettras à douter de moi et de l'affection qui nous lie. Alors je vais te parler, mais cela aura son prix. A partir de cet instant, tu ne seras plus une enfant, Gina, tu deviendras une adulte et plus jamais tu ne pourras vivre comme les autres enfants. Je remets ma vie entre tes mains, avec la tienne et celle d'autres personnes. Sur quoi jures-tu de ne pas nous trahir ? p.154
Lorsqu'il avait décidé d'envoyer Gina à Arkod, il n'avait évidemment pas envisagé qu'elle n'aurait pas d'amies, qu'elle serait complètement seule et que même ses soupirs seraient censurés, il ne pouvait pas le savoir à l'avance. Qu'importe, les choses finiront bien par s'arranger avec la classe, elle s'y intègrera tôt ou tard. Il savait que sa fille attendait une réponse, non avec l'espoir, mais avec la conviction qu'elle ne pourrait qu'être favorable. Il la serra contre lui pour éviter son regard, ne pas voir son visage se décomposer sous l'effet de la déception. Il la prit par les épaule et lui dit ne pas lui demander cela, il ne l'emmènerait pas, il ne pouvait pas la ramener à la maison pour le moment. p.151
Parle-moi, dirent ses yeux. Dis-moi ce que tu vas faire, à quoi rime tout cela. Je l'aimerai, celle que tu amèneras à la maison, quelle qu'elle soit, puisque tu l'as choisie. Comment pourrais-je haïr celle que tu aimes ? Mais dis-moi quels sont tes projets, ne m'exclus pas de ta vie, ne laisse personne me séparer de toi. Je ne serai pas un obstacle, je t'ai toujours aimé si fort ! Il n'est pas trop tard. Ne m'envoie pas là-bas. Fais comprendre à cette femme que je serai son amie, non son ennemie. Parle-moi, Père. p.15
- Gina, nous avons perdu la guerre. En fait nous l'avons perdue dès qu'elle a commencé, car elle a été engagée dans de mauvais buts, avec de mauvais moyens. Nous avons déjà tant perdu que Dieu seul sait quand le pays se relèvera, et pourtant nous n'en sommes pas encore à la fin. Il ne nous reste plus rien d'autre à faire que d'essayer de sauver ce qui peut encore l'être avant que les Allemands n'occupent le pays, sauver la population, les villes, les hommes au front. Nous qui savons ce que nous avons à faire, nous voulons mettre un terme à la guerre. Si nous y parvenons, beaucoup plus de gens resteront en vie, Budapest et les autres villes seront épargnées, ainsi que ce qu'il reste de l'armée. Sinon, les pertes en vies humaines et les destructions matérielles continueront, et je risque d'y passer, ainsi que mes compagnons.