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Citations sur Pereira prétend (45)

C'est un jeune, il incarne le futur, vous avez besoin de fréquenter un jeune, même si il écrit des articles qui ne peuvent pas être publiés dans votre journal, arrêtez de fréquenter le passée, cherchez à fréquenter le futur
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Excusez-moi, monsieur le directeur, répondit Pereira avec componction, mais bon, je voulais vous dire une chose, à l’origine nous étions lusitaniens, puis nous avons eu les Romains, les Celtes, puis nous avons eu les Arabes, alors quelle race pouvons-nous célébrer, nous portugais? p.190
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La philosophie semble ne s’occuper que de la vérité, mais peut-être ne dit-elle que des fantasmes, et la littérature semble ne s’occuper que de fantasmes, mais peut-être dit-elle la vérité.
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Pereira se fatigua vite. Il aurait eu envie de parler au portrait de sa femme, mais il renvoya la conversation à plus tard. Alors il se fit une omelette sans herbes aromatiques, la mangea tout entière et alla se coucher, il s'endormit aussitôt et fit un beau rêve. Puis il se leva et s'assit dans un fauteuil à regarder à travers les fenêtres.
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Pereira prétend que, cet après-midi là, le temps changea. Soudain la brise atlantique cessa, un épais rideau de brume arriva de l’océan et la ville se trouva enveloppée dans un suaire de chaleur. Avant de sortir de son bureau, Pereira regarda le thermomètre qu’il avait acheté à ses frais et qu’il avait suspendu derrière la porte. Il indiquait trente-huit degrés. Pereira éteignit le ventilateur, rencontra la concierge dans les escaliers, qui lui dit au revoir doutor Pereira, il flaira une fois encore l’odeur de friture qui flottait dans la cour et, finalement, il sortit à l’air libre. Devant la porte d’entrée se trouvait le marché du quartier, deux camionnettes de la Guarda Nacional Republicana y étaient stationnées. Pereira savait que le marché était en agitation, car le jour d’avant, dans l’Alentejo, la police avait tué un charretier qui était un des fournisseurs du lieu et qui était socialiste. C’est pour cela que la Guarda Nacional Republicana stationnait devant les grilles du marché. Mais la direction du Lisboa n’avait pas eu le courage de passer l’information, c’est-à-dire le vice-directeur, car le directeur était en vacances, il était au Buçaco, pour jouir de la fraîcheur et des eaux thermales et, de toute façon, qui aurait pu avoir le courage d’informer qu’un charretier socialiste avait été massacré sur sa charrette dans l’Alentejo et qu’il avait couvert de sang tous ses melons ? Personne car le pays se taisait, il ne pouvait pas faire autrement que se taire, et pendant ce temps les gens mouraient et la police agissait à sa guise. Pereira commença de transpirer, parce qu’il songea de nouveau à la mort. Et il se dit : cette ville pue la mort, toute l’Europe pue la mort.
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Je sens à vue de nez qu'il y a des problèmes, dit Pereira, vous avez des ennuis. Marta, vous pouvez me le confier. Disons que oui, répondit Marta, mais ce sont des ennuis qui me plaisent, je m'y trouve à l'aise, au fond c'est la vie que j'aie choisie. Pereira écarta les bras. Si vous êtes contente... 
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C’est facile objecta le docteur Cardoso, de toute façon il y a la censure préventive, chaque jour avant de sortir les épreuves de votre journal passent à travers l’imprimatur de la censure préventive, et s’il y a quelque chose qui ne va pas, vous pouvez être tranquille que ce ne sera pas publié, peut-être qu’ils laisseront une espace blanc, ça m’est déjà arrivé de voir des journaux portugais avec de grands espaces blancs, cela inspire une grande rage et une grande mélancolie. p. 132
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Oui, dit Pereira, mais s’ils avaient raison, ma vie n’aurait pas de sens, ça n’aurait pas de sens d’avoir étudié les lettres à Coimbra et d’avoir toujours cru que la littérature était la chose la plus importante du monde, ça n’aurait pas de sens que je dirige la page culturelle de ce journal de l’après-midi où je ne peux pas exprimer mon opinion et où je dois publier des récits du dix-neuvième siècle français, plus rien n’aurait de sens, et c’est de cela que je ressens le besoin de me repentir, comme si j’étais une autre personne et non le Pereira qui a toujours été journaliste, comme si je devais renier quelque chose. p.126
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J'ai remarqué que vous lisiez un livre de Thomas Mann, dit Pereira, c'est un écrivain que j'aime beaucoup. Lui non plus n'est pas heureux de ce qui se passe en Allemagne, dit Madame Delgado, je ne dirais vraiment pas qu'il en est heureux. Mon non plus je ne suis peut-être pas heureux de ce qui se passe au Portugal, admit Pereira. Madame Delgado but une gorgée d'eau minérale et dit: alors faites quelque chose. Quelque chose, mais quoi ? répondit Pereira. Eh bien, dit Madame Delgado, dites ce qui est en train de se passer en Europe, exprimez librement votre pensée, enfin faites quelque chose.
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Je voudrais vous poser une question, dit le docteur Cardoso, vous connaissez les médecins-philosophes? Non, admit Pereira, je ne les connais pas, qui sont-ils? Les principaux sont Théodule Ribot et Pierre Janet, dit le docteur Cardoso, ce sont leurs textes que j’ai étudiés à Paris, ils sont médecins et psychologues, mais aussi philosophes, ils soutiennent une théorie qui me paraît intéressante, celle de la confédération des âmes. Parlez-moi de cette théorie, dit Pereira. Eh bien, dit le docteur Cardoso, croire qu’on est « un » et qu’on se suffit à soi-même, détaché de l’incommensurable pluralité des propres moi, représente l’illusion, au demeurant ingénue, d’une âme unique de tradition chrétienne; le docteur Ribot et le docteur Janet voient la personnalité comme la confédération de plusieurs âmes, car nous avons plusieurs âmes en nous, n’est-ce pas, une confédération qui se place sous le contrôle d’un moi hégémonique. Le docteur marqua une petite pause, puis il poursuivit: ce qu’on appelle la norme, ou l’être, ou la normalité, n’est qu’un résultat, non un préalable, et dépend du contrôle d’un moi hégémonique qui s’est imposé dans la confédération de nos âmes; dans le cas où un autre moi apparaît, plus fort et plus puissant, alors ce moi renverse le moi hégémonique et prend sa place, étant amené à diriger la cohorte des âmes, ou mieux la confédération, et sa domination se maintient jusqu’a ce qu’il soit renversé a son tour par un autre moi hégémonique, suite à une attaque directe ou après une patiente érosion. Peut-être y-a-t-il, après une patiente érosion, un moi hégémonique qui est en train de prendre la tête de la confédération de vos âmes, doutor Pereira, conclut le docteur Cardoso, et vous pouvez rien y faire, vous ne pouvez qu’éventuellement y aider. Le docteur Cardoso termina de manger sa macédoine et s’essuya la bouche avec la serviette. Et donc, qu’est-ce-qu’il me reste à faire? demanda Pereira. Rien, répondit le docteur Cardoso, simplement attendre, peut-être y a-t-il en vous un moi hégémonique qui, après une lente érosion, après toutes ces années passées dans le journalisme à suivre les faits divers en croyant que la littérature était la chose la plus importante du monde, peut être y a-t-il un moi hégémonique qui prend la conduite de la confédération de vos âmes, et vous le laissez venir à la surface, de toute façon vous ne pourriez pas faire autrement, vous n’y arriveriez pas, vous entreriez en conflit avec vous même..
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    Que peut-on ambitionner, désirer, prétendre, rêver, souhaiter, viser, vouloir avec Pereira ?

    Qui est Pereira ?

    Un détective privé
    Un policier corrompu
    Un journaliste
    Un membre de la milice
    Il est tout cela à la fois

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    Thème : Pereira prétend de Antonio TabucchiCréer un quiz sur ce livre

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