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Bernard Comment (Traducteur)
EAN : 9782267014051
245 pages
Christian Bourgois Editeur (31/03/1997)
3.78/5   86 notes
Résumé :
Un roman aux apparences de thriller. Mais en même temps, la chronique d'un fait divers. Et une enquête. Ainsi qu'un débat juridique. Le tout se déroulant dans l'ancienne et fascinante cité de Porto, dont on se doute cependant qu'elle vaut pour n'importe quelle autre ville de ce que nous appelons l'Europe civilisée.

Tout comme on se doute que le problème des abus policiers, de la torture, de la justice, de la marginalité sociale et des minorités ethniq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ce roman vous fera-t-il perdre la tête ?

Vous êtes gitan. Vous disposez de cet organe qui vous distingue de la gent féminine et dont vous êtes assez fier malgré le poids des ans, mais hélas, votre vessie, bien moins vaillante, vous force à vous lever aux petites heures. Vous vivez sur un terrain municipal sans aucune commodité. Vous voilà obligé de quitter votre cabane de planches et de carton pour satisfaire un besoin naturel. Vous avez vos habitudes au pied d'un vieux chêne. Vous remarquez alors que deux chaussures pointent vers le ciel. Vous prenez un bâton et vous écartez le feuillage. Plus vous l'écartez, et plus vous constatez que les chaussures se poursuivent par un pantalon, un torse, des bras… Mais pas de tête !

Vous êtes journaliste. Vous venez de passer quelques jours de vacances en compagnie de l'élue de votre coeur. Vous venez de rentrer à Lisbonne et décidez de faire un saut par votre journal bien que vous soyez encore en congé. Vous vous faites apostropher par votre directeur qui a tenté de vous joindre sans jamais y parvenir (fichus GSM qui n'existaient pas en ce temps-là).
Vous voilà obligé, le jour-même, de vous rendre à Porto (ville où ils adorent les tripes, vous pas) pour mener l'enquête car votre journal aime l'hémoglobine et vit des affaires que la nature humaine dénature (divorces, cocufiages, meurtres, toutes ces choses qui distinguent l'humain du restant du règne animal)…

Antonio (quel magnifique prénom) Tabucchi sait vous prendre par la main pour ne plus vous lâcher.
Il crée des personnages intéressants et originaux. Il vous emmène visiter Porto car il vous fait vous identifier au journaliste « lisboète » (qui vient de Lisbonne, quoi) et qui a de cette ville des images peu sympathiques en tête. Au fur et à mesure du récit, vous allez commencer à apprécier la cité et même ses spécialités culinaires, mais sans jamais manger les fameuses tripes… Il y a des limites que vous, le journaliste lisboète, ne voulez tout de même pas franchir !

A partir de la rencontre avec l'avocat, Don Fernando, avocat des pauvres, fin gourmet, homme de culture et philosophe, j'ai moins aimé le récit (contrairement à d'autres lecteurs qui trouvent cela sublime).

La fin du roman ne m'a pas satisfait.

Vais-je oser publier cette critique sachant que les fans de Tabucchi vont me courir derrière pour me raccourcir d'une tête que j'aurais pourtant déjà perdue en écrivant cette critique ? Je redoute un tête-à-tête avec une passionnaria qui aime Antonio (pas moi, l'autre) à en perdre la tête ! Vais-je pouvoir lui tenir tête lors d'un face-à-face où elle me traitera de tête brûlée, voire de tête de cochon (ou de lard) ! Ne vais-je pas devenir la tête de turc de tous les aficionados de Tabucchi qui n'hésiteront pas à me traiter de tête-à-claques ? Les plus gentils se contenteront peut-être de dire que je suis tombé sur la tête pour avoir écrit une histoire sans queue ni tête (ce qui prouve qu'ils n'ont pas bien lu ma critique puisque la queue, on la retrouve à la deuxième phrase et la tête, on s'y perd tant il y en a à la fin du récit, ceci dit sans vouloir vous prendre la tête en me comportant comme une grosse tête). Creusez-vous la tête et vous constaterez que même si je suis une tête de pioche, je n'ai pas forcément tort sur toute la ligne. Cette critique ne vaut pas une prise de tête, ne vous mettez point martel en tête, car si vous la lisez à tête reposée, vous constaterez peut-être que je ne suis pas un tête-en-l'air qui vomit sa haine sur votre écrivain-philosophe préféré. Alors, s'il vous plaît, arrêtez de faire la tête…
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Antonio Tabucchi s'inspire d' un fait réel pour ce livre qui sort un peu de son univers poétique et métaphysique cher à Fernando Pessoa.
Enquête au coeur de Porto d un journaliste qui travaille pour un journal grand public. Qui a tué, comment, pourquoi?
La plume de Tabucchi fait mouche une nouvelle fois, surtout grâce aux dialogues qui parsèment le texte.
Le personnage de l' avocat est sans aucun doute celui qui donne à ce livre une saveur particulière, un humaniste décalé érudit obèse et altruiste qui emporte le lecteur jusqu'au terme de l enquête.
Un livre plaisant et rythmé, loin du "fil de l' horizon" et de " requiem" qui dénonce aussi un système de corruption et de violence policière.
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N°1685 – Octobre 2022

La testa perduta di Damanesco Monteiro – Antonio Tabucchi - Feltrinelli.
(La tête perdue de Damanesco Monteiro)

Imaginez un gitan qui, le matin dans son camp de la banlieue de Porto, veut satisfaire un besoin naturel et tombe sur un cadavre sans tête. C'est Firmino, un obscur journaliste d'un journal à scandale de Lisbonne qui est envoyé pour enquêter sur cette affaire alors qu'il n'aime pas cette ville et est davantage préoccupé par l'écriture d'une thèse universitaire et aussi par sa copine. C'est le début de cette histoire policière où chaque court chapitre balade le lecteur dans la ville de Porto et évoque ses spécialités, notamment culinaires, que Firmino ne goûte pas forcément. Au cours de ses investigations le journaliste se trouve en contact avec des personnages originaux, le gitan qui a découvert le corps, Dona Rosa, la propriétaire décidément bien informée de l'hôtel où il loge, un serveur, un travesti prostitué qui tombe du ciel au bon moment et un avocat, Don Fernando, homme riche et cultivé, à la fois anarchiste et aristocrate, érudit et humaniste, obsédé par la norme juridique qui se consacre à la défense des pauvres et donc qui accepte de représenter la victime pour un procès à venir qui met en cause la police. Firmino et Don Fernando échangent ensemble des propos métaphysiques et littéraires et l'avocat se fera le chantre les beautés de Porto et de sa cuisine. Firmino mène ses investigations avec talent, et aussi pas mal de chance, avec comme fil d'Ariane un tee-shirt publicitaire, une tête repêchée dans le Douro qui s'avère être celle du cadavre, sur fond de trafic de drogue et d'exactions policières. le journaliste, avec l'aide de l'avocat, révélera cette affaire dans son journal et s'appuiera sur l'opinion publique.
Ce livre est l'occasion d'une critique des dérives policières dans un pays pourtant démocratique, les tortures et les exactions impunies de la Garde nationale, le système judiciaire portugais. L'épilogue est peut-être un peu trop facile.
Ce roman a pour origine un fait réel, l'assassinat d'un jeune Portugais par la garde nationale et la dissimulation de son corps dans un parc public.

Antonio Tabucchi (1943-2012) était un personnage assez particulier. Italien d"origine, il s'est intéressé à la culture, à la société portugaises et aux textes de Pessoa qu'il a traduits au point de s' installer dans ce pays et d'écrire certains de ses romans dans cette langue. Cette attirance pour cette culture est assez originale, lui Italien, qu'on imagine volontiers expansif alors que l'âme portugaise est gouvernée en principe par la "Saudade" qui est une mélancolie atavique.
C'est un roman policier avec une dimension documentaire intéressante sur la société portugaise de l'époque et aussi sur des considérations personnelles sur les romans et la poésie.
Ce roman est traduit en français et publié par Christian Bourgois mais je l'ai lu en italien pour la beauté et la musicalité de cette langue cousine malheureusement si peu parlée en France
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Comme dans un de ses précédents romans, le best-seller international Pereira, Tabucchi, professeur de littérature portugaise à l'Université de Sienne en Italie, explore la politique et la culture portugaises à travers les yeux d'un journaliste. Cette fois, son protagoniste est Firmino, un jeune journaliste qui est également étudiant en littérature et dont la préoccupation pour sa thèse universitaire entre souvent en conflit avec les missions plus terre-à-terre qu'exige son rédacteur en chef d'une feuille de scandale nationale portugaise.
Il voyage, à contrecoeur, de Lisbonne à la ville provinciale de Porto pour enquêter sur la macabre découverte d'un corps sans tête retrouvé aux abords d'un campement gitan.
La détective de Firmino est assistée par des antifascistes - le Gitan qui a découvert le corps, une propriétaire d'hôtel mystérieusement bien connectée, un serveur et un avocat aristocratique en sueur et costaud qui défend le malheureux. C'est à travers des discussions littéraires avec l'avocat, Don Fernando, que Firmino apprend le système juridique de Porto, le processus d'enquête et le rôle que le journalisme peut jouer pour traduire un meurtrier en justice.
Tabucchi remplit son thriller littéraire contemporain avec les types de personnages bienveillants et humanitaires déjà rencontrés dans Pereira, qui se déroulait dans le Portugal d'avant la Seconde Guerre mondiale.
Il plonge ici dans le déplorable assujettissement des Tsiganes, et trouve dans les couches les plus modestes les champions d'un ordre social juste : une prostituée travestie, un vagabond vagabond. Les personnages mémorables et conflictuels de Tabucchi sont parfois incroyablement altruistes pour aider l'étranger Firmino, et l'intrigue implique le genre de dissimulation requise pour le trafic de drogue et la police qui affaiblit le suspense d'un thriller.
Cependant, c'est le cadre de Tabucchi qui donne vie à son travail : on peut presque sentir la chaleur de la péninsule ibérique et découvrir avec Firmino les coutumes, les aliments et le climat politique uniques de Porto.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Quelle belle langue ! Un livre comme je les aime. Un meurtre prétexte pour une entrée en littérature. Entre la dénonciation politique et la scène de moeurs.

Firmino, journaliste dans un quotidien de seconde zone, doit aller enquêter dans une ville de province portugaise suite à la découverte d'un corps décapité. Il rencontrera un avocat pittoresque avec lequel il échangera des propos métaphysiques.

Du bien bel ouvrage. Je recommande.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
( Henry Alleg ) a écrit un livre intitulé " La question " qui nous raconte comment , en 1957 , accusé par les forces armées françaises d'être communiste et sympatisant algérien , il fut , lui européen et français , torturé à Alger pour qu'il révèle les noms des autres résistants . Récapitulons : London fut torturé par les communistes , Alleg fut torturé parce qu'il était communiste . Ce qui confirme que la torture peut venir de tous les côtés , voilà le problème .
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- D'ailleurs, continua l'avocat, et cela vous concerne de près en tant que journaliste, vous savez ce que disait Jouhandeau ?
Firmino secoua négativement la tête. L'avocat but un verre de vin et essuya ses lèvres charnues.
- Il disait : puisque l'objet intrinsèque de la littérature est la connaissance de l'être humain, et puisqu'il n'existe pas d'endroit au monde où l'on puisse mieux l'étudier que dans les salles de tribunal, ne serait-il pas souhaitable que, par norme législative, un écrivain figure toujours parmi les jurés ? sa présence serait pour tout le monde une invitation à réfléchir davantage. Fin de la citation.
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- Mon garçon, soupira-t-il, vous m'étonnez, oui, depuis votre première visite vous n'avez cessé de m'étonner, vous écrivez dans un journal à grande diffusion et vous ne semblez pas savoir ce que signifie l'opinion publique, c'est regrettable, essayez de me suivre un instant dans mon raisonnement : si Torres, après avoir fait sa déposition aux autorités qui mènent l'enquête, répété tout dans votre journal, il peut être tranquille, car il aura toute l'opinion publique avec lui, et un conducteur distrait, par exemple, y réfléchirait à deux fois avant d'écraser sous sa voiture un type qui a les yeux de l'opinion publique braqués sur lui, vous comprenez le concept ?
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Don Fernando leva la tête et regarda la voûte céleste.
─ Des millions d'étoiles, dit-il, des millions de nébuleuses, bordel, des millions de nébuleuses, et nous qui sommes ici à nous occuper d'électrodes qu'on nous fixe aux parties génitales.
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- Parce que, continua l'avocat à voix basse, que faites-vous des anciennes amours ? Ah, je me le demande moi aussi, que faites-vous des anciennes amours ? C'est un vers d'une poésie de Louise Colet qui continue ainsi : les chassez-vous comme des ombres vaines ? Ils ont été, ces fantômes glacés, coeur contre coeur, une part de vous-même. Elle est certainement adressée à Flaubert (...)
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