Les descendants de la vieille France possèdent en Canada les éléments qui créent une littérature et qui la font vivre. Nés sur ce sol nouveau, élevés dans les traditions canadiennes, forcés de porter les armes et de défendre contre l'étranger tout ce qui leur est cher, ils sont essentiellement "Canadiens" et ne peuvent être autres sans se perdre. La majorité des écrivains de langue anglaise dans la confédération sont venus d'Europe—aussi diffèrent-ils beaucoup des nôtres. Ce qui est plus étrange, c'est que les uns ne connaissent pas les autres : les livres français ne sortent guère de la province de Québec ; les livres anglais n'y entrent presque pas. Vivant dans la même maison, nous ne passons pas par le même escalier. Il y a donc lieu de traiter à part cette question de la poésie française au Canada.
Le premier volume en vers est dû à la plume de M. Michel Bibaud. Il parut en 1830 sous le titre d'Épitres, Satires, Chansons, Épigrammes, etc. Par sa physionomie, il date de 1815 tout au plus, ou même de 1780. Avec lui se ferme l'ère des début.