Une braise sous la cendre, tome 1

Il y a deux sortes de culpabilité. Celle qui te fait sombrer jusqu'à ce que tu ne sois plus bon à rien et celle qui donne une raison d'être à ton âme.

Je pousse un hurlement et je lui griffe le visage, mais un coup de poing à l'estomac me coupe la respiration. Je me plie en deux, prise de haut-le-cœur, et son genou frappe mon front. Le couloir tourne autour de moi et je m'écroule à genoux. Puis j'entends son rire sadique, ce qui ravive ma rage. Lentement, je me jette sur ses jambes. Ça ne se passera pas comme pendant le raid, quand j'ai laissé le Mask me traîner comme un cadavre. Cette fois je vais me battre. Bec et ongles.
Marcus grogne de surprise, perd l'équilibre et j'en profite pour me relever. Mais il saisit mon bras et me fait basculer. Ma tête heurte la porte, puis il me roue de coups de pied jusqu'à ce que tout mon corps soit douloureux. Lorsque je cesse de résister, il se met sur moi à califourchon et me cloue les bras au sol.
Je pousse un dernier cri qui se transforme en gémissement quand il pose son doigt sur ma bouche. Mes yeux enflés se ferment. Je ne peux plus ni voir ni penser. Au loin, les cloches de l'horloge sonnent onze fois.

Il y a deux sortes de culpabilité. Celle qui te fait sombrer jusqu’à ce que tu ne sois plus bon à rien et celle qui donne une raison d’être à ton âme. Laisse ta culpabilité être ce qui te fait avancer. Laisse-la te rappeler qui tu veux être. Définis une limite dans ton esprit et ne la franchis plus jamais. Tu as une âme. Elle est abîmée, mais elle est là. Ne les laisse pas te la voler, Elias.

La peur peut être bonne, Laia. Elle peut te maintenir en vie. Mais ne la laisse pas te contrôler. Ne la laisse pas semer le doute en toi. Lorsque la peur prend le dessus, combats-la avec plus puissant qu'elle : ton esprit. Ton cœur.

Ce n'est pas parce que c'est un bon dirigeant que c'est une bonne personne.

Les Épreuves sont imminentes. Afin d’assurer l’avenir de l’Empire, le nouvel empereur doit être au sommet de sa force, comme Taius l’était lorsqu’il est monté sur le trône. C’est pourquoi nous nous tournons vers notre jeunesse aguerrie, vers nos nouveaux Masks. Mais seuls les meilleurs d’entre eux disputeront ce grand honneur. Seulement quatre. De ces quatre Aspirants, un sera nommé l’Annoncé. Un autre deviendra la Pie de sang. Les autres seront perdus, comme des feuilles dans le vent. Cela aussi, nous l’avons vu. 

« Il y a deux sortes de culpabilité. Celle qui te fait sombrer jusqu’à ce que tu ne sois plus bon à rien et celle qui donne une raison d’être à ton âme. Laisse ta culpabilité être ce qui te fait avancer. Laisse-la te rappeler qui tu veux être. Définis une limite dans ton esprit et ne la franchis plus jamais. Tu as une âme. Elle est abîmée, mais elle est là. Ne les laisse pas te la voler, Elias. »

Nous n'avions pas grand-chose, mais tout ce que nous mangions était préparé avec amour, ce qui, je le sais désormais, transforme la plus simple nourriture en festin.

Je n'ai pas besoin de croire au surnaturel quand une réalité bien pire erre la nuit.

Le tapotement sur mon épaule a repris et je me retourne, prêt à envoyer bouler le Cadet. Au lieu de cela, je me retrouve face à une esclave qui me regarde à travers ses cils incroyablement longs. Ses yeux mordorés provoquent en moi un choc qui remplit mon corps de chaleur. Pendant un instant, j'oublie comment je m'appelle.
Je ne l'ai jamais vue auparavant. Si c'était le cas, je m'en souviendrais. Malgré ses lourds bracelets en argent et le chignon terriblement serré qui est la marque de toutes les bêtes de somme de Blackcliff, elle n'a rien d'une esclave. Sa robe noire lui va comme un gant, soulignant ses formes qui font tourner plus d'une tête. Ses lèvres charnues et son nez droit rendraient jalouses la plupart des filles, érudites ou non. Je la fixe intensément, je me dis d'arrêter de la fixer et pourtant je continue. J'ai le souffle coupé et mon corps, ce traître, s'approche d'elle jusqu'à ce que seuls quelques centimètres nous séparent.