Mon retour sur
Les roses du marais, de Luca Tatiemachin.
Ça doit être mon quatrième Tatiemachin, si je compte bien. C'est que c'est une valeur sûre. On est assuré de trouver de la prose de qualitay, de ne pas trouver ces tournures de phrases foireuses que je vois chez d'autres poids-lourds de l'autoédition et qui ont l'air d'échapper à la rombière. le gonze m'oblige régulièrement, moi, à ouvrir mon dictionnaire, tu te rends compte. En plus il emploie l'imparfait du subjonctif, alors que la grande tendance est à l'extrême sobriété de style qui permet aux tâcherons de faire illusion : l'écriture à la première personne du singulier et au présent (comme ça on s'embête pas avec la concordance des temps, HIHIHIHI !).
Ici, il faut dire qu'il y a eu un malentendu entre Tatiemachintruc et moi. A la vue de la couverture, j'avais pensé qu'il s'agissait d'un roman fantastique, je m'étais même imaginé quelque chose à l'atmosphère gothique, dans la veine d'un
Edgar Allan Poe. Or il n'en est rien.
Les roses du marais est un roman de terroir, et tu sais peut-être que les romans de terroir glissent sur moi comme le foutre sur la blanche colombe. Ma faute, j'avais qu'à lire la quatrième de couverture.
On plonge donc dans le monde rural du marais poitevin, le cadre de ce roman qu'on ne peut pas vraiment qualifier de thriller, ce serait décevoir trop de blogueuses qui aiment bien lire tout le temps le même livre. Je vais essayer de ne pas spoiler, mais l'exercice est difficile.
Les personnages sont très bien caractérisés. Ce sont des paysans, en tout cas des gens de la terre. Ils s'expriment comme des paysans, simplement. Pour cette raison, les dialogues ne brillent pas par leur profondeur. La profondeur, il faut aller la chercher du côté du personnage d'Achille, brave homme au fond, salopard opportuniste, une fleur bleue dans un corps de brute épaisse. On n'arrive pas vraiment à lui en vouloir, à cet homme esclave de sa bite et de son coeur, à la personnalité complexe. Lorsqu'il merde pour la première fois, on est cueilli. le tatiemachin est coutumier du changement de paradigme en plein roman, il nous avait fait le coup pour
Chaos, par exemple. Mais dès la récidive d'Achille, ça ne fonctionne plus, et on dirait que l'auteur ne sait plus par quel biais raconter son histoire et tombe dans son propre piège ? Un clébard ? Pourquoi pas. Ce changement de point de vue narratif, qui se justifie tout à fait dans un roman comme La horde du Contrevent, pour ne citer que lui, n'apporte ici rien de particulier.
C'est peut-être en ne développant pas assez le background d'Achille, en ne creusant pas assez dans sa tête - car c'était une superbe figure romanesque en puissance - que
Les roses du marais ne m'est apparu que comme un simple bon livre, ce qui entendons-nous bien est déjà beaucoup. de même, j'ai vu la fin venir à des kilomètres. Dommage, car là encore il y avait matière à faire quelque chose de plus puissant.