AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,57

sur 65 notes
5
6 avis
4
12 avis
3
6 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais sept ans le jour où deux avions de ligne se sont encastrés dans les tours du World Trade Center. Il y a quelques mois seulement, à vingt-quatre ans, je suis allée à Ground Zero, au mémorial de 9/11 avec un new-yorkais, qui m'a donné tous les détails du lieu. Pour rentrer, j'ai pris l'avion au Boston Logan International Airport, j'ai couru sous les voûtes dessinées par Minoru Yamasaki, architecte du World Trade Center, sans savoir que les deux avions détournés avaient décollé de cet aéroport. le 11 septembre est un évènement qui n'avait jamais eu de sens dans mon esprit, jusqu'à aujourd'hui, la dernière page du livre de Fanny Taillandier refermée.

Il y a des livres qu'on lit pour se distraire, d'autres pour s'évader, d'autres pour s'émouvoir. Celui-ci n'a fait partie d'aucune de ces catégories pour moi. J'ai lu ce livre pour comprendre, pour me remémorer, pour éclaircir cet épisode terrible dont je n'avais jamais rien compris. Je connais les images, elles m'ont hantées longtemps, dans mes cauchemars, à force d'entendre parler les adultes de cette catastrophe, des connaissances qui y ont laissé la vie, et des amis heureusement rescapés, pourtant au pied des tours ce jour-là. Cette lecture a été difficile, extrêmement éprouvante, terriblement violente. Entrelacés, le passé et le présent de Lucy, William et Mohammed Atta, coordinateur de l'attaque, touchent au coeur, éclairent l'évènement et redistribuent les cartes. Vacuité du monde moderne, sens aveugle du devoir, nombrilisme de la culture occidentale, tout se mêle et s'emmêle, 9/11 est une fin en soi, et le début d'autre chose, bien différent.

En filigrane, l'auteur traite d'un sujet plus vaste, particulièrement représenté dans cet épisode : l'invention du monde et l'instrumentalisation des images par les forces dominantes. Elle examine les représentations de nos démocraties modernes : le pouvoir destructeurs des cartes, bouts de papier fixant les limites de nos territoires et servant à légitimer des tueries, les éléments de langage utilisés par Georges W. Bush, repris de la Bible, le discours réducteur des extrémistes d'Al-Qaida, détournant les mots du Coran pour leur donner un autre sens. du 11 Septembre 2001, plus encore que l'évènement lui-même, ce sont les images qui restent, scandées par des milliers de télévisions au même moment, dans le monde entier, en direct, dans l'incompréhension la plus totale. le discours narratif est venu après, mais que doit-on véritablement en penser? Ici, la théorie du complot n'a pas sa place, ce sont les faits qui sont décrits, seulement accompagnés de remarques sur l'attentisme de l'administration américaine, la relative exhaustivité de l'enquête sur Mohammed Atta, le danger des récits dans leur compréhension littérale et leur instrumentalisation.Fanny Taillandier veut faire réfléchir, et elle ne prend pas de pincettes pour nous envoyer à la face les faits bruts. J'en suis ressortie bouleversée, chamboulée, éclairée certes mais remplie de doutes et d'incertitudes. Un grand choc.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
Commenter  J’apprécie          130
1. J'ai beaucoup, beaucoup aimé ce livre.
2. Pourquoi ?
. Parce que, entre autres, le chapitre « Epopées Rhizomes" est fondamental et central ; chapitre dans lequel elle dit intelligemment - c'est une de ses marques, l'intelligence – certains tenants de ces horribles aboutissants (le 11 septembre 2001, entre autres) dans lesquels nous n'avons cherché (Qui est ce "nous" naïf ?) qu'à voir bons et méchants. L'auteure ne disculpe personne, bien entendu... Elle s'attache très finement à livrer le récit de personnages contemporains les uns des autres parmi lesquels certains (Atta) causeront la mort d'autres. Tenter de se rapprocher d'un "pourquoi cela" est-il politiquement incorrect ? Certainement, lorsque la douleur des vivants est trop forte. Cela devient nécessaire, plus tard.
Fanny Taillandier effectue un travail remarquable à cet égard.
Certains termes sont d'une lucidité nécessaire : « L'épopée des obéissants » p 87. Je vous invite à vous plonger dans le livre afin d'en saisir toute la pertinence.
le passage p 95 : « le pouvoir n'avait d'autre objet que de travailler à sa propre scénarisation ; mieux son film était organisé, plus on pouvait être sûr qu'il défendait une puissance implacable. »
Puis « Lorsque le récit des puissants réduisent trop de vaincus au silence, les vaincus en écrivent d'autres, reprennent les terres par les mots à défaut de les reprendre par les armes […]. Seuls nos mots font exister le monde. »
P102 : « Plus que tout autre, le peuple des sans-terre a besoin de récits, car les récits sont rhizomes, c'est-à-dire racines. »
Pour aller vers ceci (qui ira vers cela : le crash du 11.09.2001) : « Atta n'avait pas encore, dans l'appartement confortable et malgré son dégout urbain, de raisons suffisantes d'adhérer à un récit nouveau. »
Puis aller p 104, donc lire le livre.
Je remercie l'autrice.
Commenter  J’apprécie          50
BRILLANT, sans doute le mot le plus juste pour habiller ce texte dense et rigoureux, vaste réflexion sur le pouvoir de l'image et du livestream sur la temporalité de l'Histoire. Entre autres...
Lien : https://horizondesmots.wordp..
Commenter  J’apprécie          20
Une extraordinaire archéologie d'une trajectoire de collision fondatrice, et des rôles de l'anticipation et du récit.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/08/27/note-de-lecture-par-les-ecrans-du-monde-fanny-taillandier/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          20
11 septembre 2001 au matin : un frère et une soeur se rendent à leur travail au moment de l'attaque des tours du World Trade Center à New-York. La jeune femme est brillante mathématicienne travaillant pour une compagnie d'assurances au dernier étage de la tour Sud, où elle conçoit des algorithmes de prévision de risques. Son frère est lui, policier chargé de la sécurité de l'aéroport Boston Logan International d'où sont partis des terroristes, dont Mohammed Atta ; ancien agent spécial des opérations Restore Hope à Mogadiscio, et de Tempête du désert en Irak, et bien qu'il y était interpréteur d'images sans avoir jamais mis un pied sur les champs de bataille, il lui a été diagnostiqué un DSPT (désordre de syndrome post-traumatique) niveau élevé.
Fanny Taillandier, dont on connaît les récits légèrement dystopiques après Les états et empires du lotissement grand siècle, tente dans les 247 pages du roman qui raconte la journée des deux protagonistes, une cartographie du chaos. Chaos dont on perçoit encore aujourd'hui les résonnances et effets. ' Ce qu'on appelle chaos est un ordre inaccessible à l'entendement humain '. Un bon roman, brillant et éclairant.
Commenter  J’apprécie          10
Voici une immersion parfaite' dans les événements du 11 septembre comme si nous y étions. Un roman brut vrai comme un témoignage des différents protagonistes .une lecture touchante et puissante qui n'en laisse pas indifférent.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (132) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}