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EAN : 9782130787594
172 pages
Presses Universitaires de France (05/10/2016)
3.35/5   10 notes
Résumé :
Le lotissement a été le grand rêve urbanistique de la seconde moitié du vingtième siècle. Le rêve d'une maison à soi, où reconstituer une vie qui rassemblerait tous les traits d'une Arcadie à la fois familiale et communautaire, fondée sur l'égalité et la propriété. Il n'en a rien été. Aujourd'hui, le lotissement pavillonnaire est devenu le repoussoir absolu le lieu d'une vie où ne règneraient plus qu'ennui, vide et mauvais goût. En retraçant, par une multitude virtu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai commencé ce livre sur un malentendu, croyant naïvement qu'il s'agissait d'une réflexion sociologique sur la question des lotissements et les causes et conséquences de ce type d'urbanisation, sur quoi il y a beaucoup à dire.
Je me suis trompé. il s'agit d'un objet littéraire bizarre mêlant la fiction post -apocalyptique au pamphlet anticapitaliste post -soixante-huitard mâtiné de nihilisme.
Le lotissement haut de gamme en tant que métaphores de la société de consommation portait en germe sa propre destruction. Cela nous est démontré, au travers de paralogismes à prétention philosophique. Si j'ai bien compris, l'effondrement s'est produit à la suite d'une révolte (de qui, de quoi, comment ?) à laquelle l'autorité constituée n'a pu ou voulu s'opposer.
Ce qui en résulte est une horreur absolue à laquelle cependant l'auteur semble donner son approbation. Je la juge peut-être mal, mais j'y vois un nihilisme à la Netchaiev, une idéologie mortifère répugnante, et pour tout dire une ode à la mort.
Il s'agit là d'une démonstration par l'absurde de la justesse de la pensée de Hobbes que l'auteur moque pourtant.
Le tout il est vrai fort bien écrit, dans un style fluide et élégant, qui démontre que le talent littéraire n'influe pas sur la qualité de la pensée. C'est un peu ce que Voltaire voulait dire dans sa lettre à Rousseau "On n'a jamais mis tant de talent à vouloir nous rendre Bêtes"
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On peut faire confiance aux jurés du Prix Virilo pour dénicher des romans inattendus... Ils se sont surpassés en 2016 en couronnant Les états et empires du Lotissement Grand Siècle de Fanny Taillandier.

Publié aux Puf, il s'agit pourtant bien d'un texte de fiction, qui s'intéresse à l'émergence de l'idéal du pavillon individuel en disséquant l'architecture et le quotidien d'un lotissement servant de mètre-étalon à toute notre société de consommation devenue folle... Présenté comme le résultat de recherches d'un archéologue du futur, ce texte hybride ne manque pas d'humour et ne cesse de surprendre, multipliant les faux-semblants narratifs. le genre de curiosités qu'on aimerait lire à chaque rentrée !
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Exercice original, entre la fiction et l'essai engagé... Dommage que le dernier chapitre sombre dans une apocalypse luc-bessonienne peu crédible.
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L'analyse rétrofuturiste endiablée du lotissement autarcique comme fait politique total.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/09/26/note-de-lecture-les-etats-et-empires-du-lotissement-grand-siecle-fanny-taillandier/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le promoteur-constructeur William Jaird Levitt (1907-1994) est à l’origine de l’invention, puis de la transplantation en Europe et en France, d’un modèle nord-américain d’urbanisme, celui du nouveau village. Sa stratégie représentait une double innovation : d’une part, il fut le premier à avoir l’idée d’acquérir des sur- faces vierges de plusieurs hectares, lui permettant de concevoir l’ensemble du village d’un coup. D’autre part, il appliqua à la construction les grands principes du fordisme: standardisation des constructions et chaîne de montage (les ouvriers des différents corps de métiers passant d’une parcelle à l’autre) de façon à pou- voir terminer jusqu’à quatre ou cinq maisons la même semaine.
Comme lors de sa première et plus célèbre réalisation, à Levittown (NY), il proposa en France et particulièrement dans le bassin parisien des maisons monofamiliales d’un excellent rapport qualité-prix à une clientèle choisie parmi les cadres. Aux États-Unis, à la même époque, il fut accusé de favoriser une ségrégation raciale, ce qu’il ne nia pas et justifia par les aspirations de sa clientèle.
Les résidences, organisées en boucles de voirie autour d’une école et d’un centre de loisirs avec piscine et terrains de sport, popularisèrent la formule du nouveau village, où les éléments des « suburbs » comme, du côté de la rue, des pelouses ininterrompues, des « driveways » perpendiculaires à la rue, des garages incorporés ou des porches, s’adaptaient aux dimensions plus modestes des territoires européens et au niveau de vie de la bourgeoisie parisienne tout en conservant leur affinité physique et symbolique avec la société de consommation d’outre-Atlantique.
Il commença par une opération achevée en mai 1968, à 16 kilomètres de Versailles, qui deux siècles auparavant avait été la première ville nouvelle. Le Lotissement Grand Siècle lui ressemble. Ce fut le premier nouveau village français, le modèle d’une longue série.
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Derrière les bâtiments, les jardins sont devenus prairies et broussailles ; vieux parc solitaire et glacé. Sur les bassins aux carreaux trop bleus, des nénuphars recouvrent d’improbables épaves. Les éclats jaunes des pissenlits écartent le marbre noirci des terrasses. Il y aura eu, peut-être, de nouveaux mammouths pour venir y paître, arrachant du bout de leur trompe les hautes herbes le long des driveways. Ou des loups, reniflant l’ancienne odeur des congélateurs forcés, vidés. Il y aura eu, en tout cas, des aubes et des crépuscules, des orages, du soleil. Du temps que nul ne compte.
Que s’est-il passé ? Nul témoin pour le dire. Le vent murmure des choses que nul ne peut entendre.
Notre amnésie avance, scrutant les indices muets que recèle la terre, la ligne brisée et sûre des ruines. Étranges et colossaux tombeaux, indéchiffrables et fascinants hiéroglyphes qui parlent en leur mystère de ce que fut l’homme à l’homme qui ne le sait plus. Et parmi ces ruines, dépouilles flamboyantes d’un nouveau monde perdu, naît le besoin de rendre compte.
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Il nous faut prendre en compte ce fait très simple : les pavillons du Lotissement Grand Siècle s’érigèrent dans le vide. À l’écart de tout centre, avec leurs rues ne menant nulle part, ils se dressèrent comme quelques années plus tôt s’étaient creusés les abris atomiques : hermétiques. Et il nous faut du coup faire ce constat très évident : choisir d’habiter là, sur un lopin perdu et lointain, dénote un désir strident, non de participer, mais bien de s’extraire le plus possible du réseau de la représentation sociale et des affirmations historiques.
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Nous avons aperçu le Lotissement Grand Siècle pour la première fois depuis la hauteur courbe du viaduc sur lequel nous étions montés pour repérer les environs. Nous avions gravi les pentes de l’échangeur dont les spirales ascendantes nous étaient apparues de loin, écheveau élancé de ponts jetés les uns par-dessus les autres, dans l’un de ces plans apparemment inextricables qu’affectionnaient les derniers sédentaires. Sur le bitume craquelé subsistent, à demi effacées, d’immenses flèches blanches indiquant d’inconnues directions.
La silhouette des toits identiques et paisibles se découpait au loin sur la lande, ensemble rouge sous le ciel gris. Nous convînmes d’aller y trouver un abri.
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Vidéo de Fanny Taillandier
Avec Bertrand Belin, Jeanne Cherhal, Marianne Denicourt, Patrick Deville, Diaty Diallo, Marielle Macé, Yves Pagès, Lucie Rico, Jean Rolin, Anne Serre & Fanny Taillandier Musique : Joël Grare
Pour célébrer la Fête de la librairie qui se tiendra samedi 15 avril, nous dévoilons en avant-première, en lecture et en musique, l'ouvrage réalisé pour l'occasion, Plumes : des portraits d'oiseaux imaginés par vingt-cinq écrivains, des illustrations flamboyantes par l'artiste Michaël Cailloux et une anthologie de textes, expressions et poèmes sur les oiseaux réalisée par Marielle Macé.
Jeanne Cherhal fera le lever de rideau. Bertrand Belin, Patrick Deville, Diaty Diallo, Marielle Macé, Yves Pagès, Lucie Rico, Jean Rolin, Anne Serre & Fanny Taillandier dévoileront le portrait de leur oiseau favori… accompagnés du percussionniste et compositeur Joël Grare.
Ce dernier, en compagnie de la comédienne Marianne Denicourt, nous offrira ensuite un florilège de textes qui ont célébré de tous temps les volatiles, en espérant que le chant de ces horlogers du ciel vous extirpera de la cacophonie du monde…
À faire – 25e Fête de la librairie indépendante, samedi 15 avril dans plus de 500 librairies en France.
Lumière : Patrick Clitus Son : William Lopez
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