L'échéance se rapproche dans ce cinquième et (plus ou moins) dernier tome d'Orange. Naho et ses amis ont déjà fortement impacté le destin, mais cela suffira-t-il à dissuader Kakeru de se suicider ? Ou le drame se produira-t-il en dépit de tous leurs efforts ?
Attention, cette chronique va contenir des spoilers ! J'aurais préféré ne pas en mettre, mais pour dire tout ce que j'ai à dire sur ce manga, il va me falloir évoquer des éléments précis. Si vous ne l'avez pas encore lu, vous voici prévenus.
Par quoi commencer ? Par Naho, peut-être. J'avais dit dans un précédent avis que je m'inquiéterais encore plus pour Kakeru si elle avait tenu seule son sort entre les mains, et je confirme ! Là, elle n'est même plus à côté de la plaque, elle n'aurait pas fait mieux en lui tendant une corde, une lame de rasoir et une fiole de cyanure… Tout ce qu'il ne fallait pas dire, elle l'a dit. Et pourtant, ce n'est pas comme si, grâce à sa lettre du futur, elle avait eu tout le loisir de se préparer et de réfléchir.
Une fois de plus, heureusement que Suwa est là ! C'est de loin le personnage le plus sensé et le pilier du groupe. Jusqu'au bout, c'est lui qui se comporte comme il le faut, et qui prononce les mots qu'il faut. Si Kakeru doit la vie à quelqu'un, c'est clairement à lui.
Car oui, Kakeru survit… Et honnêtement, je ne sais pas quoi en penser (hormis « tant mieux pour lui ! »). Tout au long du tome, j'ai oscillé, sans parvenir à déterminer quelle fin j'aurais préféré, parce que j'avais le sentiment que ni l'une ni l'autre ne me conviendrait, mais avec du recul, je pense que l'émotion aurait été plus forte si les autres avaient échoué.
J'ai apprécié l'idée du message que Kakeru découvre dans le portable de sa mère (même si je ne m'explique pas pourquoi elle ne l'a pas envoyé au lieu de le laisser dans ses brouillons). C'était un élément que les autres ne pouvaient pas prévoir, puisque même leurs « eux » futurs n'en avaient pas connaissance, et un bon moyen d'admettre que, parfois, on ne peut pas changer ce qui doit être. Enfin, là, c'est surtout mon côté fataliste qui parle, j'aime les histoires qui finissent mal, d'où le fait que j'aurais plutôt penché pour cette conclusion-là.
Concernant la mère de Kakeru, on comprend mieux ses motivations, mais… En réalité, la vraie morale de ce manga, ce devrait être : communiquez, bon sang ! Si son fils lui avait parlé, si elle lui avait parlé aussi, s'ils s'étaient tous parlés mutuellement (bon, sauf Naho, elle a prouvé qu'il valait mieux qu'elle évite d'ouvrir la bouche), tout ou presque aurait pu être évité.
D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi le groupe du futur n'a pas précisé dans les lettres qu'ils en avaient tous reçu une. Ils auraient pu faire front commun dès le début, et cela me conforte dans l'idée que la mangaka n'avait sans doute pas prévu d'attribuer une missive à tout le monde à l'origine.
Ce n'est pas le seul manque de logique que j'ai relevé dans ce dernier tome, le principal étant l'incohérence totale du final, qui en altère la portée. Les cinq protagonistes se rendent au carrefour où Kakeru est censé perdre la vie, sans même avoir l'idée de laisser au moins un d'entre eux devant chez lui au cas où il opterait pour une autre méthode (d'autant que cette réalité alternative, il n'a pas fait de tentative de pendaison ratée, il me semble, donc il aurait pu privilégier ce choix).
Et surtout, surtout… Hagita ! Il savait qu'il avait trafiqué la chaîne du vélo, donc lui plus que quiconque aurait dû se douter qu'il risquait de procéder autrement. Mais non, ils attendent, et quand ils voient que l'horaire est dépassé de dix minutes, ils se décident à aller voir ailleurs, et ce n'est que bien après que l'intervention d'Hagita est dévoilée, ce qui rend ces rebondissements totalement absurdes, puisqu'à cause de lui, Kakeru avait tout le loisir de se suicider, et les autres d'arriver trop tard.
Quant à l'explication surnaturelle des lettres, ne nous mentons pas, elle est complètement tirée par les cheveux. Je crois que j'aurais encore préféré que cette réalité alternative soit juste le fruit de leur imagination, plutôt que de reposer sur un élément aussi peu crédible (parce que même en admettant leur stratégie fonctionne, les lettres auraient tout aussi bien pu arriver dans le passé après le suicide de Kakeru…)
Et la capsule témoin… Ils ne sont pas censés l'avoir enterré avant sa mort ? Or là, ils ne le font qu'après. Et la lettre contenue à l'intérieur sous-entendait clairement qu'il projetait de se suicider, or même s'il en a toujours plus ou moins eu l'idée, ce tome révèle qu'il a agi presque sans réfléchir juste après avoir lu le message de sa mère.
Ce manga est indéniablement touchant et aborde des sujets graves, mais dont l'impact souffre des défauts que j'ai relevés ci-dessus. En ce qui me concerne, en tout cas, je ne remettrais sûrement pas ma vie entre les mains de la bande, sauf vraiment entre celles de Suwa, parce qu'ils ont donné mille et une occasions à Kakeru de passer à l'acte. Davantage de rigueur dans le traitement de cette histoire l'aurait selon moi rendue bien meilleure, mais elle reste tout de même agréable à lire (quoique saupoudré d'un peu trop de bons sentiments à mon goût).
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