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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un grand merci à Babelio et aux éditions Mosaïc...

Ils furent accueillis par des crachats, des huées, des insultes, des bousculades, des regards méchants ou menaçants. Parmi eux, il y a Sarah Dunbar et sa soeur, Ruth. Ils sont dix, dix Noirs à affronter cette cohorte de Blancs remontés et haineux. Pourtant, ils vont devoir cohabiter tous ensemble car le lycée Jefferson, à Davisburg, en Virginie, après moult tergiversations auprès de la Cour Suprême des États-Unis, est dans l'obligation d'accueillir des Noirs en ses murs. Sarah le sait, elle devra subir les insultes au quotidien tout ça à cause de sa couleur de peau qui, jusqu'ici ne lui posait pas de problème. Elle devra faire face, aux côtés de ses amis, car ils se sont battus pour avoir ce droit à l'égalité. Parmi ces blancs, il y a Linda, fille du directeur du journal local, ségrégationniste qui affiche ouvertement ses positions dans les colonnes de son journal. Linda pense, comme son père, que les Noirs n'ont pas à se mélanger à eux. Convictions et a priori seront mis à rude épreuve, pour l'une comme pour l'autre...

L'Histoire avec un grand H à travers le témoignage de deux lycéennes, l'une Noire et l'autre Blanche. Deux jeunes filles qui, de prime abord, ne semblent rien avoir en commun et pourtant... Être Noire aux États-Unis dans les années de ségrégation et subir de plein fouet la haine, la colère et les coups des Blancs, voilà ce que vit Sarah au quotidien. Mais les noirs se sont battus pour être intégrés parmi les Blancs, pour avoir les mêmes droits, et la jeune fille veut ouvrir la voie des possibles quitte à endurer les coups et les insultes. Robin Talley signe un roman profond d'une grande puissance dans lequel ces héros du quotidien sont tout simplement incroyables et animés d'un fort sentiment de liberté et d'égalité. Un roman d'autant plus original que l'auteur traite ici de l'homosexualité, car en plus d'être Noire, Sarah est attirée par Linda. Divisé en mensonges et non en chapitres, au titre intelligent, ce roman nous émeut, nous bouscule, nous attendrit et fait montre d'une belle leçon de courage.

Des mensonges dans nos têtes... et des vérités...
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Nous sommes en Virginie, un état du Sud des États-Unis en 1959. La Cour Suprême a statué depuis plusieurs années, les écoles ont l'obligation légale d'accueillir des élèves noirs. Beaucoup feront de la résistance pendant plusieurs années. le Lycée Jefferson va pour la première fois accueillir des élèves noirs dans ses murs. Une victoire qui a un goût amer pour les Blancs qui comptent bien la faire payer à ces Noirs dont ils ne veulent pas chez eux.

Le roman débute par l'arrivée de ces lycéens. Une arrivée sous les huées, les insultes, les crachats, la colère et la haine. Sans parler des enseignants dont certains ferment les yeux. Une violence qui saisit le lecteur à la gorge.

Élèves noirs et élèves blancs vont donc être obligés de se côtoyer pour le plus grand déplaisir de chacun. L'occasion pour l'auteur de nous remettre en mémoire tous les préjugés qui avaient cours à l'époque. Si Sarah Dunbar est issue d'une famille noire, ouverte et pour l'intégration, Linda Hairston porte en elle tous les préjugés monstrueux inculqués par son éducation dans une famille blanche du Sud par un père haineux, au racisme échevelé, révolté par tous ces changements. Mais elle va finir par oublier les mensonges, ouvrir les yeux et son attirance, réciproque, pour Sarah n'y est pas pour rien…

Dans le contexte explosif ambiant, cet amour, doublement interdit, s'annonce pour le moins compliqué si ce n'est impossible…

J'ai vraiment été happé par ce roman. Au-delà de l'histoire d'amour entre deux jeunes filles que tout oppose, mise en avant dans la quatrième de couverture, c'est vraiment une histoire forte et poignante que nous livre Robin Talley avec ce premier roman dont la force vient notamment de sa construction. En nous mettant tour à tour dans la peau de ses deux héroïnes, dans des récits à la première personne, l'auteure amplifie l'identification à ses personnages.

Avec Des Mensonges dans nos têtes, c'est tout un pan de la déségrégation américaine que Robin Talley fait défiler sous nos yeux.

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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En 1959, en Virginie, un lycée se voit contraint d’ouvrir ses portes aux Noirs, cinq ans après que la Cour suprême des États-Unis d’Amérique ait déclaré anticonstitutionnelle la ségrégation raciale dans les écoles publiques. L’intégration de quelques lycéens se fait dans l’hostilité la plus totale. Sarah fait partie de ces étudiants Noirs, qui osent se sacrifier pour défendre le droit à l’égalité et à la dignité.

Linda est une lycéenne populaire de son lycée. Son père est très influent, il est farouchement opposé à l’intégration. On l’écoute. On le respecte. Tout comme on respecte le révérend, le gouverneur. On est raciste par éducation, par habitude, par bêtise, sans vraiment se poser de questions. Les Noirs ne les dérangent pas tant qu’ils savent rester à leur place.

Sarah fait irruption dans la vie de Linda et va bouleverser sa vision des choses. Au fil du temps, la vérité va se frayer un chemin dans son esprit. Jusqu’ici, on a décidé à sa place ce qu’était le bien ou le mal. Petit à petit elle va apprendre à se débarrasser de l’emprise d’un père coléreux et empli de haine, qui n’a fait qu’emplir sa tête de mensonges.

Sarah a conscience d’être en première ligne dans ce combat pour l’intégration. Elle se sent cependant comme un pion dans ce jeu d’adultes, que l’on est prêt à sacrifier pour remporter la victoire. Tout comme Linda est un pion dans le camp du refus de l’intégration dans le petit monde confortable des Blancs.

Pour Sarah, comme pour Linda, c’est un cataclysme. Cette rencontre les met face à la difficulté de vivre quand on est différent des autres, que ce soit par sa couleur de peau ou sa façon d’aimer.

Ce combat pour le droit à l’égalité, à la dignité et à la liberté a été courageusement mené par tous ces activistes anonymes, aux côtés de personnes comme Martin Luther King et Rosa Parks. Il dure toujours, car les hommes se laissent facilement obscurcir l’esprit par des mensonges dans leurs têtes.

En tout cas, Sarah et Linda ont mené leur combat intérieur. Elles se ressemblent, elles sont obstinées et intelligentes. Elles sont attirées l’une par l’autre, bien que l’une soit Noire et l’autre Blanche. Elles ne veulent plus être manipulées, elles sont libres de décider de la façon dont elles veulent vivre. On ne peut pas se fier aveuglément aux lois écrites par des hommes, elles ne sont pas toujours justes.

« Il y aura toujours des gens pour vouloir décider à ta place. Et qui essaieront de te dire qui tu es. Souviens-toi : quoi qu’ils prétendent, c’est toi qui sais vraiment. »

Des mensonges dans nos têtes est un roman jeune adulte, qui nous parle de confrontation à la différence, du choc de la rencontre entre deux personnes que tout devrait opposer et qui se retrouvent emportées par un tourbillon ; le tourbillon de la vérité qui écarte les mensonges, les règles injustes, les regards assassins, et les laisse décider par elles-mêmes le chemin qu’elles veulent suivre.

Je remercie les Éditions Mosaïc et la masse critique de Babelio pour ce roman émouvant et très bien écrit.
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« Des mensonges dans nos têtes » est une belle découverte. Ce premier roman de Robin Talley, jeune auteure américaine de Virginie, est une oeuvre très ambitieuse qui aborde deux sujets sensibles, le racisme et l'homosexualité dans les années1959.
Le roman retrace l'année scolaire du premier groupe d'étudiants afro-américains à intégrer la très blanche Jefferson High Scool en Virginie. le tout est raconté à travers les yeux des deux personnages principaux : Sarah, une jeune noire étudiante de terminale dont la famille est engagée dans le NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), et Linda une blanche, fille du propriétaire du journal de la ville qui se bat contre l'intégration des noirs.
Le début du roman est d'une extrême violence, l'auteur nous projette directement à l'entrée de l'école, où le groupe de jeunes noirs doit affronter les insultes, les coups, les crachats pour rentrer dans l'institution. Toute l'année scolaire sera un véritable calvaire pour le petit groupe. A travers Sarah, le lecteur éprouve tous les abus physiques et mentaux qu'elle et ses amis subissent à cause de la couleur de leur peau.
Linda est parmi les élèves qui pensent que noirs et blancs ne sont pas égaux, qu'il n'y a aucune raison de les intégrer et refuse tout contact avec eux jusqu'à ce qu'elle soit obligée de fréquenter Sarah pour un devoir obligatoire de français. Au cours du projet, à travers des débats houleux avec Sarah, Linda commence à voir les choses différemment. Elle prend conscience au fur et à mesure du livre du poids du racisme et de la ségrégation dans son éducation.
Sarah et Linda vont être attirées l'une par l'autre, sans oser donner un nom à leurs sentiments. Cette histoire d'amour se construit en parallèle à la question du racisme, mais la rejoint car elle montre le rejet pour tout ce qui est contraire à la norme. Leurs sentiments les portent vers l'acceptation des différences.
Il est difficile d'imaginer que cela se passait il y a seulement cinquante-cinq ans.
« Des mensonges dans nos têtes » est très bien écrit. Robin Talley nous fait vivre de grandes émotions, tous les personnages sont très attachants. Un livre fort et poignant, une belle réussite.
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Un livre poignant et utile !

Sarah et Linda ont toujours vécu chacune dans leur univers qui n'était pas censé se croiser jusqu'à ce que les parents de Sarah et d'autres réussissent l'exploit de faire plier le gouvernement. Et voilà Sarah et d'autres enfants confrontés à la bêtise humaine et ces autres enfants qui ne font qu'imiter leur parents.

Le début du roman est percutant avec ces jeunes qui doivent affronter des crachats, des insultes et autres.... pour entrer dans l'école simplement parce qu'ils n'ont pas la bonne couleur de peau.

J'ai été impressionnée par la force de caractère de Sarah qui supporte tout cela la tête haute et tente de protéger sa petite soeur. Mais aussi par celle de Linda élevée par un père extrémiste et qui arrive à se remettre en question. Toutes les deux vont faire du chemin et apprendre à se poser les bonnes questions, à se forger leur opinion personnelle et trouver leurs voies.

Mais il y a aussi l'autre "chose" leur attirance respective qu'elle n'ose pas s'avouer car ce n'est "pas bien". Toutes ces choses qui les séparent alors que dans le fond elles sont pareilles....

Chacune à une histoire différente mais elles sont finalement manipulées par les adultes et vont devoir apprendre à s'émanciper ce qui est très difficile à cette époque.

J'ai tremblé pour Sarah et ses amies et été choquée par ces événements qui se sont déroulés à une certaines époque (même si l'auteur a totalement inventé cette histoire, des choses bien pires sont arrivées)

En bref ,un livre que chacun devrait lire car il est encore malheureusement d'actualité et pourrait être utile.
Lien : http://lemondedeparaty62.ekl..
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Merci aux éditions Mosaïc!! Très beau roman à deux voix sur la déségrégation dans les écoles américaines. Première voix : Sarah, noire-américaine, bonne élève, fille de militants anti-ségrégation est l'une des premières élèves noires à intégrer l'école blanche de sa ville,en Virgignie. Sarah a la certitude de servir une noble cause, mais les violences et les humiliations auxquelles elle est confrontée avec les autres élèves noirs ébranlent chaque jour un peu plus sa foi dans la nécessité de se sacrifier pour les générations à venir.
Deuxième voix : Linda, jeune fille blanche issue d'un milieu aisé,fille du directeur du journal local, fervent défenseur de la ségrégation. Linda est ségrégationniste par tradition et par mimétisme avec le tout puissant patriarche de la famille. Jusqu'à ce qu'elle rencontre Sarah. Les deux filles vont d'abord se haïr, puis les sentiments qui naitront en elles bouleverseront la vision de la vie qui était la leur jusqu'alors.

J'ai beaucoup aimé cette histoire, car au delà des deux personnages principaux très caricaturaux, l'auteur brosse un portrait très fin des USA dans les années 60 (le poids de la religion, du père, des coutumes et des normes sociales) et son message est intemporel. Linda et Sarah, à travers les situations auxquelles elles sont confrontées, sont en effet invitées à questionner ce qui semblait aller de soi (l'infériorité des noirs, l'impossibilité d'aimer une personne du même sexe) à douter du bien fondé des traditions et à inventer de nouvelles règles, plus justes et plus en accord avec elles-même. Une belle leçon de vie! Je le recommande vivement!

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"Des Mensonges dans nos têtes" est le premier roman de Robin Talley. Née en Virginie, Etat du Sud Américain, plutôt conservateur et ségrégationniste,dont 1/5 de la population est Afro-Américaine, elle est blanche de peau, mais elle a utilisé un biais original en faisant parler tour à tour Sarah, lycéenne de classe terminale, noire, et Linda, lycéenne blanche, raciste par tradition familiale et géographique.
L'action se situe au début de l'année 1959. La ségrégation raciale dans les écoles publiques a été déclarée anticonstitutionnelle 5 ans auparavant, mais les états du sud ont fait de la résistance et fait tout ce qui était en leur pouvoir pour s'opposer à l'intégration de jeunes élèves noirs dans les écoles blanches, quitte à les fermer.
L'auteur s'est bien documentée sur une période qu'elle n'a pas connue. Elle a découvert avec quelle lenteur les mentalités évoluaient dans les états ségrégationnistes et le prix qu'il a fallu payer pour que les choses avancent. Tout le monde sait que certains l'ont payé de leur vie, comme le célèbre Révérend Martin Luther King, mais qui sait que d'autres, des jeunes en particulier, ont été lynchés, pendus à des arbres, d'où la belle mais dramatique chanson de Billie Holiday "Strange Fruit"? Notamment le jeune Emmett Till, mentionné dans ce livre, lynché à l'âge de 14 ans parce qu'il avait sifflé une jeune femme blanche.
Les faits que Robin Talley rapportent sont malheureusement exacts. Ce qui est intéressant dans ce roman, c'est de voir la lente et douloureuse évolution de Linda, la lycéenne blanche, sa prise de conscience de la haine des blancs qui peut aller jusqu'au meurtre. La peur de la différence.
A franchement parler,"Des Mensonges dans nos têtes" n'est pas une oeuvre littéraire: le langage utilisé est très simple,mais n'oublions pas qu'il s'agit d'un premier roman ( publié aux Etats-Unis par Harlequin Books, ce qui est parlant en soi). Cette jeune femme a la capacité de progresser sur le plan littéraire vu qu'elle traite des sujets qui lui tiennent à coeur et sur lesquels elle a des convictions profondes.Il s'agit davantage d'un témoignage et d'un engagement que d'une oeuvre artistique.
Je rejoins certains babelionautes ici quand ils écrivent que Robin Talley n'aurait peut-être pas dû aborder deux grandes causes dans le même ouvrage: l'intégration raciale et l'homosexualité. Du coup, on peut se poser des questions sur la "conversion" de Linda: prise de conscience ou attirance sexuelle? même si l'on comprend bien qu'il y a une analogie entre minorités ethniques et homosexuels.
En revanche, ce jeune auteur a bien su exprimer les sentiments des deux principaux protagonistes et il est vrai que l'on tourne les pages , comme s'il s'agissait d'un thriller. Il est difficile de rester insensible à tant de haine d'une part , de courage et de détermination de l'autre.
La fin est assez typiquement américaine, au sens où cela se termine plutôt bien. Mais Robin Talley a atteint son but si les lecteurs dépassent le stade de la simple empathie et vont se documenter, s'ils ne connaissent pas bien l'une de ces périodes honteuses de l'histoire américaine.
En conlusion donc, je vous encourage à lire ce roman qui, pour un premier essai, est plutôt réussi, même s'il reste des points à mûrir, comme le style d'écriture par exemple.
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Nous sommes en 1959 et nous suivons dans ce roman deux points de vue: celui de Sarah, noire de peau et celui de Linda, blanche. Sarah est lycéenne, accompagnée de quelques jeunes de son âge qui ont accepté de tenter l'expérience, elle fait sa rentrée scolaire dans un nouvel établissement, Jefferson, qui participe à un programme d'intégration dans le but de promouvoir la mixité.

Dois-je vraiment vous préciser que la rentrée de Sarah va être un enfer de même que tous les jours qui vont suivre? Crachats, brimades, lancés de projectiles divers et variés et humiliations vont devenir son lot quotidien. Je m'attendais à ce que ce livre soit difficile à lire mais franchement pas à ce point. J'ai assisté, impuissante, à ce déferlement de haine raciale comme si j'y étais, comme si c'était moi qu'on insultait et sur qui on crachait. J'avais envie de faire du mal à ces lycéens racistes, haineux, perturbés et violents, confrontés à la différence. L'auteur a restitué d'une manière saisissante de vérité l'horreur causée par toute cette violence physique et verbale et les conséquences logiques qui en ont découlé. Sarah est un personnage entier qui m'a bluffé. Là où plein d'autres (moi la première à sa place) aurait laissé tomber et quitté le lycée, elle parvient à s'accrocher tant bien que mal durant toute son année scolaire. Son objectif est clair: laisser une trace de cet évènement dans L Histoire et tenter de faire changer les mentalités.

Je vous parlais un peu plus haut d'un double point de vue, en effet parallèlement à Sarah, on suit également Linda qui est dans le "camp adverse", celui qui est contre l'intégration. Linda est une ado populaire, son père à une position très influente dans le milieu de la presse écrite. Linda est raciste par éducation et par habitude puisqu'on lui a toujours appris que les blancs étaient supérieurs en toutes choses aux noirs. Forcée à côtoyer Sarah dans le cadre d'un travail scolaire les deux adolescentes ne vont cesser de s'affronter dans des joutes verbales très animées, défendant chacune leur point de vue. J'ai apprécié assister à la lente destruction de la carapace de Linda et de son arrogance. Non seulement les deux jeunes filles vont se comprendre et se rapprocher mais elles vont également se rendre compte de l'ambiguité des sentiments qui les animent. Je ne vous spoile rien mais j'aurai franchement apprécié que ce thème ne soit pas abordé dans le résumé pour avoir la surprise de le découvrir au fil de ma lecture. L'auteur en parle en toute simplicité, sans en faire des tonnes ce que j'ai vraiment apprécié. Je me suis demandé à plusieurs reprises comment ce roman d'apprentissage allait se terminer et je n'ai pas du tout été déçue par la fin qui est cohérente et pleine de promesses.

Je défie quiconque lira ce livre de garder la tête froide, de ne pas s'offusquer de cette violence omniprésente et de ne pas faire preuve d'empathie envers Sarah. Des Mensonges dans nos têtes est un roman fort et poignant. Avant de commencer cette lecture, je pensais que j'allais avoir envie de pleurer, ça n'a pas du tout été le cas. Au contraire, j'ai été affligée devant l'étroitesse d'esprit des gens, révoltée face à leur comportement. En résumé je ne ressors pas indifférente du tout de cette lecture à laquelle je mettrai la note de 4.5/5. Je ne mets pas la note maximale car l'ambiance de ce livre était parfois si pesante que j'ai eu besoin d'entrecouper cette lecture avec une autre mais il vaut largement la peine d'être découvert.
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Un roman choc sur l'oppression subie par les Noirs !
Les premiers chapitres, écrits du point de vue de Sarah, révoltent : on n'imagine pas les humiliations et les violences vécues au quotidien par ces lycéens précurseurs... Chaque minute est un combat et ce qui devait être un moyen "d'accéder à la meilleure éducation possible et de participer au mouvement des droits" se transforme en lutte pour la survie. Bien qu'elle s'attendait à rencontrer des oppositions ("cinq ans que la Cour suprême a dit qu'il fallait nous intégrer, mais les Blancs ont résisté de toutes leurs forces"), Sarah n'imaginait pas toute la haine dont elle ferait l'objet. Sans compter les préjugés circulant sur les gens de couleur, comme l'odeur ou la stupidité alors que la jeune fille compte parmi les meilleurs élèves de son lycée, "c'est pour ça qu'on a nous choisis". Malgré tout elle s'accroche, faisant preuve d'un courage admirable ("Impassible. C'est comme ça qu'ils doivent me voir"), consciente que "l'intelligence peut faire plus de dégâts que des jets de pierre". Petite originalité : chaque titre de chapitre correspond à l'un des mensonges que l'héroïne tourne (plus ou moins consciemment) dans sa tête : "Pas besoin d'avoir peur", "Je suis sûre que je fais ce qu'il faut", "Je me fiche de ce qu'on pense de moi", etc.

Même procédé lorsque c'est Linda qui prend la parole. Avec elle, on réalise peu à peu que les Blancs ont une totale méconnaissance des Noirs : "C'est la première personne de couleur que je fréquente", "C'est bizarre de voir une personne de couleur de si près", "C'est la première fois que je touche une personne noire"... En fréquentant (malgré elle) Sarah, Linda se met à douter de tout ce que son père, journaliste respecté opposé à l'intégration, peut bien lui répéter depuis des années. "Je n'ai jamais lu ça dans les journaux", s'étonne l'adolescente en écoutant sa camarade noire lui évoquer toutes les injustices dont ses homologues sont les victimes. "Ça ne peut pas être vrai, si ? Sans quoi les journaux l'auraient dit"... Cependant, ce que lui reproche Sarah surtout, c'est sa passivité face à ces agressions physiques ou verbales dont elle est témoin au lycée : "Tu laisses le sale boulot aux autres. Cela ne veut pas dire que tu vaux mieux". Linda est souvent outrée de ce qu'elle voit ("ça me fait mal"), mais elle a trop peur des représailles... Pour autant l'idée fait son chemin : "quelque chose est en train de changer dans ma tête", "à part la couleur de sa peau, je ne pense pas que Sarah soit vraiment différente de moi", "elle a fait irruption dans ma vie et a tout bouleversé".

Car des sentiments inavouables sont en train de naître chez elles deux. Ce n'est que de la connivence, tout d'abord, chacune ayant l'impression d'être invisible aux yeux de sa famille. Linda a même prévu d'épouser le plus vite possible Jack, le premier garçon respectable qu'elle a trouvé, afin de fuir sa maison (et surtout son père). Un Jack pour qui elle n'a jamais ressenti ce qu'elle ressent en compagnie de Sarah... Cette attirance-là est plus délicate à accepter : "Mais c'est une fille et elle est noire" !
"Contre nature", "perverse", Sarah emploie des mots terribles pour se qualifier, même si elle se doutait depuis un moment déjà de ses penchants homosexuels. Mais c'est justement cet amour qu'elles ressentent l'une pour l'autre qui vont amener les deux héroïnes à véritablement changer. Linda commence à remettre en cause la ségrégation : "sur le principe, ça me semble juste ; mais, quand je me mets à penser à Sarah, tout se complique dans ma tête". Elle va petit à petit se forger puis affirmer sa propre opinion. de son côté, Sarah la soumise se met à tenir tête aux Blancs, consciente d'être dans son bon droit : "il n'est pas question qu'ils nous acceptent ou non. Nous avons autant qu'eux le droit d'être ici". Dans leurs têtes les mensonges se transforment en vérités, notamment "c'est moi qui décide" - de ma vie, de qui je veux être - car "quand on aime quelqu'un, on ne devrait pas trop se soucier de ce que les autres pensent". Au final les filles feront leurs propres choix, pas simples, véhiculant cependant le message d'espoir que "nous devions continuer à nous battre" afin que le monde change.
Lien : https://www.takalirsa.fr/des..
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Dans la même veine que Sweet Sixteen de Annelise Heurtier, Des mensonges dans nos têtes de Robin Talley parle de l'intégration des premiers étudiants noirs à rentrer dans une école pour Blancs, en Virginie. Ce livre ainsi que Sweet Sixteen sont inspirés de faits réels pendant la ségrégation, dans les années 60.
Ayant lu Sweet Sixteen, l'année dernière, la comparaison était évidente mais pour autant, je l'ai trouvé bien plus doux que celui-ci. La cible était jeunesse.
Des mensonges dans nos têtes relate tout à fait cette haine raciale envers les noirs. Cette difficulté impensable d'accepter l'autre à cause de sa couleur de peau. Pour quoi ?
L'histoire, on la connait tous et ce n'est un secret pour personne. D'ailleurs, certains auteurs n'osent pas trop se lâcher dans leurs livres quand il s'agit de ça, sûrement la peur de trop choquer les lecteurs, mais ici, dans ce livre, Robin Talley, ne fait absolument pas semblant de l'ignorer. Elle exagère ou pas, je n'étais pas là pour le confirmer mais, j'imagine bien les faits, puisque à cette époque, les afro-américains depuis l'esclavage jusqu'à la ségrégation ont subi les pires atrocités pour vouloir vivre... libre. Et encore aujourd'hui, dans certains états d'Amérique, ils ne sont pas si libres que ça.
Quoi qu'il en soit, ce livre parle de ces jeunes noirs qui doivent intégrer ce lycée. L'accueil n'est pas chaleureux. Les projectiles, les crachats, les insultes et j'en passe sont de la partie. le mot 'nègre' est quasiment dans toutes les pages du roman. L'insulte 'sale négresse' est quasiment dans toutes les lignes. Ne pas vouloir s'asseoir à côté de cette négresse de peur d'être sale , d'attraper une maladie ou pire, noircir par la suite... Bref ! c'est tout simplement rageant.

Eh oui, ça fait mal et ça met la haine même si cela reste qu'une fiction (basée sur des faits réels) du coup, l'histoire est très intéressante, car on veut connaitre l'aboutissement de tout ça.
On connait. Etre noir en Amérique, c'est déjà difficile mais si en plus, on rajoute l'homosexualité, c'est du lourd. Oui, parce que l'auteure rajoute à ce roman déjà bien compliqué comme ça, une petite romance entre les deux héroïnes (l'une blanche et l'autre noire) qui au départ, ne s'aimaient pas à cause de cette couleur de peau et de ces préjugés. Personnellement, je n'ai pas aimé. Comme si ce n'était pas suffisamment grave d'être noir(e) dans un pays qui te déteste en plus d'être homosexuel(le). Double combat.

Au final, l'histoire est durement cruelle dans les propos et dans les actes mais très accessible à tous. Elle peut heurter la sensibilité d'autrui mais, parfois, ça fait du bien de l'être pour de ne pas oublier.
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