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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le silence est la malédiction qui échoit à tout bon migrant qui se respecte. Shaun Tan est le fils de l'un d'entre eux puisque son père n'arriva en Australie Occidentale de Malaisie qu'en 1960. Il connaît donc particulièrement ce mystère silencieux qui entoure les raisons du départ migratoire, et s'il décide toutefois de lever un peu le voile sur ce mouvement des pères qui quittent leur pays pour être ensuite rejoints par leur famille, il ne le fait que partiellement, évoquant les images mais taisant les mots. Ceux-ci, d'ailleurs, retrouveront bien leur caractère dérisoire lorsqu'il faudra apprendre à communiquer d'une nouvelle façon, sur un territoire où la langue maternelle ne signifie plus rien.


A travers le destin singulier d'un homme, Shaun Tan entreprend donc de suivre un de ces pères en cavale et d'élucider le mystère de leur destination. Pris au hasard d'une famille aimante, on le voit faire ses bagages, faire ses adieux, et embarquer vers des territoires qui semblent plus prometteurs. le voyage est grandiose et pour la part de rêve qu'il divulgue, il mérite à lui seul le déplacement. Mais ensuite, que se passe-t-il ?


Dans les Mohamed de Jérôme Ruillier, la désillusion marquait cruellement les immigrants, mais il s'agissait dans ce cas du contexte précis de l'immigration maghrébine en France dans les années 60. Shaun Tan semble ne vouloir décrire aucune situation particulière et n'embarrasse pas son discours d'évènements à portée politique ou historique. Il cherche plutôt à décrire le mouvement migratoire dans sa forme générale en tant que concept. Cette vision synthétique l'oblige à recourir à des éléments métaphoriques et à mettre en place des allégories poétiques qui accompagnent des dessins sobres et racés. Mais là où la narration gagne en esthétique, en fluidité et en onirisme, elle perd bien sûr en crédibilité, et on pourra peut-être regretter le peu de consistance du chemin finalement très linéaire que suivra ce père migrant en territoire inconnu.


Shaun Taun brille toutefois à nous glisser dans la peau de son personnage en nous faisant perdre tout contact avec le langage. On craint de devoir se glisser dans une histoire qui ne sera guidée par aucun mot, et on comprend d'autant mieux quelle terreur peut être celle de ces hommes obligés de se débrouiller sur une nouvelle terre sans aucun bagage verbal. Notre place de lecteur nous dispense toutefois bien des désagréments, et pour peu que l'on se prête au jeu, on finira par prendre goût à ce silence suggestif, et à faire naître nos propres dialogues en filigrane des images.


Exemple d'une immersion appréhendée et teintée de mélancolie, Là où vont nos pères semble surtout vouloir rendre hommage au courage d'hommes qui ont réussi à s'arracher de leurs origines pour proposer de meilleures conditions de vie à leur famille -mais seulement parce que le territoire accueillant a révélé des potentialités dont ils ont pu faire usage. le cas contraire ne sera pas envisagé, ce qui confère à cet album son relatif optimisme et sa poésie rassérénante.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Cet album est remarquable par son graphisme tout d'abord, se rapprochant du trait réaliste permettant de confronter la fiction à l'histoire de nos sociétés, et aussi par sa couleur, rappelant la sépia des photos de famille mises à l'abri du temps dans une petite boîte en fer posé au fond d'une commode poussiéreuse.
Mais ce récit qui pourrait se comprendre comme un témoignage d'une expérience individuelle dans un espace précis est, au contraire, libéré de toutes restrictions spatiale, temporelle et humaine par l'absence de référence de temps, de lieu et d'identité. Cette tendance au récit universel est accentuée par son cadre qui s'apparente à un décor de science-fiction, expression d'un imaginaire riche et futuriste.
Enfin, cette oeuvre est un véritable exercice de maître pour un auteur de BD puisque le texte y est totalement absent. Ce choix permet au lecteur de s'identifier au protagoniste de l'histoire, un homme contraint de quitter sa famille et son pays, confronté à de nouveaux codes, une nouvelle langue, de nouvelles règles et s'appuyant avant tout sur l'image pour trouver sa place dans ce nouvel environnement.
Bravo au jury du Festival Angoulême 2008!
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Un magnifique récit en images, sans texte ni couleur. Une alternance de vignettes, succession d'objets qu'on manipule - la photo de famille, la théière fendue- et d'illustrations pleine page de paysages urbains oniriques construisent un récit universel et atemporel : le père qui emballe ses affaires et part, vers un ailleurs fabuleux et imcompréhensible, où il faut trouver où dormir, quoi manger, où travailler ; des récits de fuite et de persécution ; des rencontres heureuses dont nait la joie de vivre... le tout parsemé de symboles, les oiseaux en origami qu'on envoie au pays- en vrai ou en rêve ? - , les curieuses créatures qui s'attachent à chacun, génies familiers qui symbolisent (peut-être ) l'âme...

Un album poétique, de portée universelle, qu'on peut lire et relire, à tout âge, pour lui trouver chaque fois un sens un peu différent. Un chef d'oeuvre.
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Une BD sans texte, seulement en illustrations sépia. Celles-ci sont d'ailleurs très réalistes, et l'on croirait voir des photographies. Mais l'univers graphique nous transporte également dans une histoire onirique, fantasmagorique, mélangeant ainsi rêve et réalité. Cela renforce le sentiment d'être désorienté, comme le personnage principal. J'ai beaucoup apprécié les dessins architecturaux sur double page. La BD, muette, permet à chacun de se l'approprier comme il l'entend, tout en abordant le sujet toujours brûlant d'actualité : l'émigration.
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Encore un titre dont j'avais énormément entendu parler mais que je n'avais pas eu l'occasion de lire. Là où vont nos pères est un album étrange. En effet, il est constitué uniquement de cases de dessins, sans aucun texte. Peut-on encore appeler cela une bande-dessinée ? (en ce moment j'apprends à mes sixième qu'une BD est consituée de dessins et de bulles de texte...) Bref, cela n'a pas vraiment d'importance !

Les dessins sont juste magnifiques ! Petits, grands, on en a de toutes les tailles et cela participe à l'histoire. Les couleurs dans les tons sépia nous laissent imaginer que cette histoire a pu avoir lieu il y a longtemps. Mais en même temps, c'est une histoire totalement universelle et intemporelle. le lecteur suit un homme (celui de la couverture) : il quitte sa femme et sa fille pour un long voyage qui l'emmène dans un monde inconnu. Lorsqu'il arrive enfin, il lui faut du temps pour s'adapter car il ne connaît ni la ville, ni le langage, ni les animaux qu'il découvre. Cet album nous parle des hommes qui sont obligés de tout quitter pour tenter de trouver mieux ailleurs. On pense à tout ceux qui ont rejoint l'Amérique via Ellis Island, mais aussi à tous les migrants dont on entend parler quotidiennement ces dernières années.

Cet album m'a rendu perplexe. Je pense qu'il aurait fallu que je le lise plusieurs fois pour bien tout comprendre, mais je n'en avais pas le temps, et pas forcément l'envie. Je me rends compte que j'aime lire vite et ce livre ne se prête pas du tout à une lecture rapide. Il faut passer du temps sur chaque illustration, parfois revenir en arrière pour être sûr de comprendre...

Un beau livre mais ce n'est pas forcément ce que j'aime lire. Un livre intéressant pour parler des migrations.
Un livre pour des collégiens ? Je ne sais pas. Je le trouve quand même compliqué, j'aimerai avoir des retour d'expériences pour me faire un avis...
Lien : http://blogonoisettes.canalb..
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Un bel très bel album, surprenant et sensible.
Lien : http://madimado.com/2010/12/..
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Alas, je n'ai pas été très touché par cette BD..
Mais rien à redire sur le message véhiculé et les graphismes qui sont absolument magnifiques
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Trés beau livre, trés beaux dessins, mais une ambiance dans laquelle je ne suis pas rentrée. Je n'ai pas été du voyage, je vais devant l'unanimité des commentaires réessayer, mais à mon grand regret, il me manque le passeport.
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Là où vont nos pères

Au début de l'histoire, qu'emballe l'homme dans un chiffon pour le mettre dans sa valise ?

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Thème : Là où vont nos pères de Shaun TanCréer un quiz sur ce livre

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