Par une froide nuit d'hiver, un incendie se déclara dans la maison d'un homme qui, quelques jours auparavant, avait battu son chien à mort.
Comme il était costaud, il réussit à sauver tous ses biens sans aucune aide, les sortant du bâtiment en flammes pour les poser devant, sur la pelouse. A peine, eût-il terminé qu'une centaine de chiens de toutes races et de toutes tailles émergèrent des ténèbres environnantes et arrivèrent en trottinant dans la lueur vacillante, puis se juchèrent sur chaque meuble et appareil ménager, faisant comme s'ils étaient chez eux. Ils ne laissaient pas l'homme approcher et menaçaient de le mordre avec agressivité dès qu'il tentait de les frapper, mais autrement ils restaient tranquilles, contemplant impassiblement le brasier.
...
"Mes histoires commencent en général avec des images plutôt qu'avec des mots, des modestes dessins esquissés, sans idée préconçue."
Voici ce que j'ai appris l'été dernier : [...]
Ne marche jamais sur un escargot.
Vous êtes-vous déjà demandé ce que deviennent les poèmes que les gens écrivent ? Les poèmes qu'on ne fait lire à personne ?
"Vous voulez que je vous raconte une histoire ?
J'en connaissais plusieurs assez intéressantes. Certaines si drôles qu'on était plié de rire, et d'autres si horribles qu'on se gardait bien de les répéter.
Mais je ne me souviens d'aucune.
Alors je vaus vous parler du jour où j'ai trouvé la chose perdue."
Mon frère et moi étions capables de nous chamailler pendant des heures à propos des paroles d'une chanson publicitaire entendue à la télé, de l'impossibilité de tirer au pistolet dans l'espace, de l'origine des noix de cajou, ou pour savoir si nous avions bel et bien vu un crocodile d'eau de mer dans la piscine du voisin tel ou tel jour.
Mon frère était ainsi dans la plupart des cas : énervant.
Une espèce de joute verbale s'est ensuivie : "C'est moi qui ai raison" ; "non, tu as tort" ; "j'ai raison" ; "tu as tort" ; "raison" ; "tort" ; "oui" ; "non" - sorte de match de ping-pong qui s'est prolongé pendant le dîner, devant l'ordinateur, en nous brossant les dents et dans nos lits, les yeux ouverts, nous invectivant à travers la mince cloison qui séparait nos chambres jusqu'au moment où papa s'est mis en colère et nous a ordonné d'arrêter.
Nous avons repeint la chambre d'amis, acheté des tapis neufs et des meubles et, dans l'ensemble, avons tout fait pour qu'il se sente bien chez nous.
Je suis donc incapable de vous dire pour quelle raison Eric a choisi de dormir et de travailler la plupart du temps dans le placard de la cuisine.
Les idées suscitent des esquisses et les esquisses suscitent des idées. Dessiner, c'est juste une autre façon de penser, au final.