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4,14

sur 531 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce livre nous plonge dans l'ancien temps japonais et sa culture de l'esthétique. L'auteur (sans aucune mesure) décrit et prône le goût de la nuance, du sombre, de l'ombre dans l'architecture, le théâtre et autres points clés de la culture japonaise. le style est soutenu et très beau.
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Ce texte, parmi les plus célèbres de la littérature japonaise du XXème siècle, pourrait à première vue — à la lumière de ce que nous pensons savoir — sembler avoir un peu mal vieilli.
La claire opposition lumière / obscurité - Occident / Orient semble en effet avoir vécu : la matérialité, avec son cortège de normes de sécurité, sa foulitude de nouveautés, son irrésistible et planétaire attrait, ne connait plus de frontières ni de limites.

Se cantonner à cette lecture ferait à tort oublier la profonde différence qu'il existe encore aujourd'hui ( plus que jamais peut-être ) entre une société dont la préservation de traditions culturelles n'appelle pas forcément de négation à la modernité, et une autre dont la justement convoitée modernité implique l'abandon, voire la dénégation, d'une part importante de cet héritage.
Contrepoint contemporain de cette lecture, évidement absent de ses pages, il rôde dans l'esprit du lecteur habitué à passer outre ces rideaux et cloisons érigés entre les peuples.

Son approche matérielle à vocation spirituelle rappelle à chacun le nombre limité d'objets réellement nécessaires à une vie simple et épanouie, l'entièreté du cycle alimentaire comme centre de gravité.
Des éléments constitutifs et sûrement impératifs à notre humanité ( en opposition, cette fois-ci, à l'animalité ) se nourrir, en l'enveloppant dans un nuage de rites sociaux et concrets, revêt une importance capitale, d'autant plus quand elle permet le respect, la conscience et la sobriété de cette alimentation.
La culture japonaise a toujours beaucoup à apporter, à nous autres reste du monde, à ce sujet.

L'urgence décroissante à recycler, en quelques outils de métal, la petite boîte lumineuse qui partout nous accompagne — hideux miroir rétro-éclairé — se reflète au blanc de ces jolies pages imprimées.
Le commerce de mode auto-destructif comme véritable écueil civilisationnel ; l'âge et l'histoire d'un objet comme authentique richesse.

Une lecture qui prise à temps et en son temps entraînera force réflexions lumineuses, d'autres beaucoup plus sombres, comme cette effrayante ( mais efficiente ? ) volonté de « pureté » culturelle de ce peuple insulaire. Mais ce n'est pas cette nonantaine de pages qui apportera quelques éclaircissements, laissant le choix de la facilité au lecteur…

À noter que la maison d'éditions Philippe Picquier, grande spécialiste de littérature extrême-orientale, n'a pas su résister à la tentation d'avoir ce texte majeur à son catalogue, nous livrant une nouvelle traduction outre-nommée « Louange de l'ombre », comme si la leçon de ce texte, ainsi que sa magnifique première traduction par l'exégète René Sieffert, étaient bonnes pour le placard, alors que de nombreuses ré-éditions existent, celle-ci très jolie chez Verdier.
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Lu dans le cadre du Hanami Book Challenge, pour le menu Passé, présent et futur du Japon - Catégorie Au temps des Samouraïs (Histoire du Japon, Tradition, Folklore, religion). Cet essai me faisait de l'oeil depuis un moment de part son esthétique et son sujet, mais j'avoue avoir été un peu déçue de ma lecture. Ici l'auteur évoque surtout la différence entre l'esthétique occidentale et orientale. On apprend ainsi que la beauté japonaise vient de l'ombre, et que toute l'architecture d'une maison et ses occupants (surtout les femmes) est liée à cette esthétique de l'ombre. En soi, le sujet est très intéressant pour qui aime la culture japonaise. J'ai découvert par exemple que l'évolution du Japon avec son occidentalisation avait réduit cette esthétique de l'ombre par de menus détails : la lumière électrique au lieu de la flamme d'une bougie, la céramique au lieu de la laque pour présenter les repas, les toilettes à l'intérieur de la maison plutôt qu'à l'extérieur dans la nature... Je serais curieuse de faire l'expérience d'un séjour dans une maison traditionnelle japonaise sans le confort moderne pour me rendre compte de ce que l'auteur décrit. Quant à ce qui m'a déplu me direz-vous ? L'auteur est quelque peu nombriliste et parle de ses petits problèmes personnels tout en critiquant la modernité. Et l'essai est assez court et se limite à l'architecture japonaise, bien qu'il aborde aussi brièvement la beauté de la femme japonaise. Pour résumer une lecture mitigée de mon côté mais qui peut s'avérer digne d'intérêt si vous cherchez à comprendre ce qu'est la beauté japonaise.
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Ce court essai sur l'esthétique japonaise traite de la place de l'ombre dans la pensée, l'environnement quotidien et l'art japonais. le début de la réflexion peut surprendre car il s'attache à disserter sur la difficulté d'installation du confort moderne dans une habitation de pur style japonais. Tanizaki évoque ainsi la gageure que représente l'introduction de l'éclairage électrique, du téléphone, des calorifères et des installations sanitaires. Très vite d'ailleurs, l'auteur dérive vers la considération des lieux d'aisance, évoque le Maître Sôseki, et parvient à introduire raffinement et poésie en décrivant la manière dont ces endroits sont traditionnellement agencés dans les monastères de Kyôto ou de Nara.

Ce faisant, Tanizaki commence à nous faire comprendre la différence fondamentale qui existe entre la pensée orientale et la pensée occidentale, comment cette pensée est modelée par la culture et l'environnement, et comment elle s'exprime dans l'architecture, l'artisanat des objets et la conception des demeures, le choix des matières et des matériaux. Progressivement émerge l'idée que l'ombre est une caractéristique fondamentale et même philosophique de la culture japonaise, ce concept s'élargissant à celui de la patine du temps et de l'usage. Tanizaki s'interroge sur les sciences et les technologies, la manière dont les principes culturels conditionnent leur évolution, et se demande ce que le Japon aurait pu produire en termes d'innovations technologiques s'il n'avait pas été contaminé par l'industrie occidentale. L'auteur s'appuie ensuite sur plusieurs exemples marquants comme celui des papiers, des laques, et même de la carnation des visages, offrant par ce biais une digression intéressante sur les formes théâtrales du nô et du kabuki.

Le monde occidental éprouve le besoin constant d'annihiler l'ombre et la nuit, tandis que la culture japonaise évoquée par Tanizaki se complait dans cette ombre qui nourrit l'intellect et l'affect d'une prodigieuse manière. Alors n'hésitez pas à lire ce court essai qui jette un rai de lumière sur les raffinements de l'ombre…
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Suivre les conseils de lecture c'est sortir de sa zone de confort, que ce soit au niveau des thèmes, genres ou styles d'écriture. Je dois avouer que j'ai été totalement, et agréablement, dépaysée par cette lecture.
Je sortais d'un livre de Stephen King, il m'a fallu une ou deux pages pour m'habituer à ce style à la fois très poétique et très imagé.
J'ai apprécié cette étude sur le beau et le magnifique. La notion de beauté est tout à fait subjective et est propre à chaque être et pourtant ici l'auteur nous montre que les tendances peuvent aussi résulter de choix civilisationnels. J'ai vraiment été conquise entre les notions orientales et occidentales. L'auteur met en lumière les oppositions mais aussi nous montre les dégâts de l'importation par exemple. Il est vrai qu'un tableau, une table, un vase peuvent être magnifiques dans un endroit et non dans un autre. le poids de l'environnement dans notre perception ainsi que l'importances des ombres ou lumières.
Je n'ai jamais pris autant de plaisir, je ne pensais pas que ça puisse exister, à découvrir la description de commodités.
L'auteur balaie la maison, les arts culturels et culinaires, tout est beau dans un environnement, surtout dans le sien. Pour exemple, du riz, même si très bien cuisiné, n'est pas forcément mis en valeur dans un bol en porcelaine blanche, mais va prendre sa beauté dans un bol en terre ou bois de nuance sombre.
Tout se trouve dans les alliances et leur harmonie ; d'où parfois le pavé dans la marre lors de l'importation d'une notion ou technique.
Les jeux d'oppositions entre les deux civilisations mettent en exergue leurs différences mais aussi leurs ressemblances ; car dans les deux cas la recherche de la beauté est présente mais les moyens d'y arriver et les ressentis sont différents.
L'auteur grâce à une plume que je trouve magnifique, n'ayant en plus pas du tout l'habitude de lire ce genre de livre, a su m'emporter, m'instruire, même si certaines réponses sur ses questionnements sur l'occident me sont parvenues naturellement. Je me suis surprise à me lancer moi aussi dans un questionnement sur la place des choses, le choix des couleurs mais aussi l'impact de notre éducation civilisationnelle.
J'ai apprécié être surprise, il est sûr que ponctuellement je glisserai sûrement d'autres lectures de cet auteur qui a su me convaincre. Une belle découverte.
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Cette lecture fait du bien à la beauté en général. Elle est vu et apprécié par un auteur japonais dans le quotidien avec des comparaisons un peu trop généralistes avec l'occident. L'absence de lumière artificielle sur les lieux clos comme les maisons, les temples constitue le plaidoyer de l'auteur en faveur de l'ombre ; Ses remarques font mouche sur les visages et les corps des artistes lorsqu'ils sont sur une scène de théâtre . J'ai bien aimé également ses remarques sur le teint des peaux , des visages et que la force des habitudes, biaise notre regard pour distinguer les "siens" des autres. J'ai moins aimé quand il parle de sa race en la qualifiant de "jaune" alors qu'auparavant il distingue les nombreuses nuances de couleur de chaque visage. Enfin, j'ai trouvé que ce texte est d'une grande actualité comme s'il avait été rédigé il y a quelques mois, alors qu'il l'a été il y a 90 ans. Exemple :Quand il décrit lors de son voyage pour aller admirer la lune d'automne, il constate à son grand désarroi que de multiples guirlandes électriques multicolores ornent l'étang du monastère de Suma. Il écrit ensuite : "Des faits comme ceux là montrent à quel degré d'intoxication nous sommes parvenus, au point qu'il semble que nous soyons devenus étrangement inconscients des inconvénients de l'éclairage abusif".
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Eloge de l'ombre est un incontournable de l'oeuvre de Tanizaki.

C'est un très bel essai sur l'esthétisme japonais et sur la culture japonaise. Avec sa très belle écriture, Tanizaki évoque l'importance de l'ombre dans notre vie courante, que ce soit dans l'architecture, dans des lieux de vie, pour les objets du quotidien. Un exemple qui m'a marqué : la blancheur du riz qui contraste avec la noirceur de la laque. Ce goût prononcé pour des jeux de lumières expliquent beaucoup de choix de matériaux et de conceptualisation de l'espace dans la culture japonaise.

Il exprime aussi son regret de voir certaines traditions disparaître. Il aimerait que le Japon suive moins l'Occident sur certaines innovations et que la notion d'ombre reste essentielle dans la vie japonaise.

C'est un très bel ouvrage qui fait réfléchir sur l'esthétisme japonais et sur le nôtre !
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Découvrir ou comprendre la culture japonaise dans son approche ancestrale de l'ombre et de la lumière, sa conception de l'esthétisme est chose aisée grâce à cet essai en tout point enrichissant. Car très abordable, ponctué d'exemples tirés de la vie quotidienne.
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Tanizaki a écrit ce bref essai en 1933. Il y défend une esthétique de l'ombre, qu'il considère comme typiquement orientale, en réaction à l'esthétique de la lumière, qu'il tient pour occidentale et qui envahit irréversiblement le Japon.

Il préfère la pénombre, la patine, la laque, le masque qui induisent le calme, le mystère, la profondeur, la subtilité à la lumière, à l'éclat, à l'hygiène, au progrès. Il trouve que les appareils de chauffage, les WC, les lampes, les carrelages etc. ont été inventés et conçus pour les occidentaux dans une esthétique qu'il juge laide et tapageuse. Si les japonais avaient inventé ces appareils, ils auraient conçu des objets appropriés au goût japonais. Il prend l'exemple du stylo: un japonais l'aurait muni non pas d'une plume mais d'un pinceau, l'écriture en caractères latins n'aurait eu aucune audience et, il va jusque là, la littérature nippone n'aurait pas imité servilement celle de l'Occident.
La thèse en elle- même est assez caricaturale et on ressent un certain dépit : si les japonais avaient inventé les nouvelles techniques, elles auraient été adaptées selon lui à l'esthétique traditionnelle nippone. Mais son éloge est limpide, instructif, souvent amusant et toujours poétique.
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Réflexion sur la conception japonaise du beau, opposée à la conception occidentale. Monde de l'ombre opposé à la mise en lumière estimée clinquante par l'auteur. Celui-ci nous décrit l'esthétisme japonais dans tous les secteurs. Je suis restée un peu sur ma faim. Je pensais davantage découvrir des digressions sur l'ombre , la pénombre dans le sens du yin et du yan, le plein opposé au vide, etc.

Mais lecture intéressante malgré tout.
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