Il m'est arrivé, par le passé, de voir des pièces de
Tchekhov. En général, la mise en scène est classique. C'est l'image que projette
Tchekhov auprès du public.
Chez
Tchekhov, on s'écoute parler. On écoute pousser ses cheveux, pourrait-on dire. le temps s'écoule souvent dans le non-événement. Il y a énormément de choses convenues. Les convenances sont au centre du
théâtre de
Tchekhov. Ce qui se fait et ne sa fait pas. Les codes de la bourgeoisie sont passés à la moulinette.
A la lecture de cette anthologie, on a plusieurs facettes de
Tchekhov. La facette "classique", bien sûr.
Le Sauvage et
Oncle Vania ou
la Cerisaie sont des pièces assez semblables dans le ton et la forme, et dans les thèmes abordés. D'ailleurs,
Le Sauvage et
Oncle Vania sont réellement deux versions de la même pièce. On y voit la bourgeoisie rigide et dépassée céder peu à peu la place à la modernité. Il y a un bouleversement des valeurs. le ton est sérieux (quoi qu'en pense
Tchekhov qui considère
La Cerisaie comme une comédie).
La facette contestataire, écolo, avec une préoccupation assez constante pour la terre, les forêts, le tourisme, la modernisation... thème assez présent dans les pièces en plusieurs actes.
La facette humoristique... eh oui, dans les
pièces en un acte, cynisme, humour caustique et observation fine et minutieuse dominent largement. le côté irrévérencieux de
Tchekhov s'exprime pleinement. En quelques pages,
Tchekhov dresse un portrait le plus souvent au vitriol avec un humour qui n'a rien à envier à un Feydeau. Assez bluffant, et totalement inattendu en ce qui me concerne.
Les
pièces en un acte ont un défaut majeur. Elles font peu de place aux rapports humains qui constituent un des points forts des pièces longues. En un seul acte,
Tchekhov écrit une sorte de nouvelle (d'ailleurs ces pièces sont souvent tirées de
nouvelles) et ne peut explorer à fond les interactions entre personnages.
Cela dit, par rapport à un
Ibsen, contemporain, je trouve que les pièces en plusieurs actes ont assez vieilli.