AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,18

sur 31 notes
5
4 avis
4
10 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lecture-expérience en trois temps

Temps 1, le Français.
Qu'on leur donne le chaos, traduit par Louise Bartlett et D' de Kabal.

Un puissant cri collectif, un long témoignage qui réunit à 4h18 dans la nuit londonienne sept voix qui disent leur colère, hurlent leurs attentes, dévoilent leurs espoirs. Un cri poétique, un cri politique, le cri vital de ceux qui étouffent.

« L'Europe est perdue
L'Amérique est perdue
Londres est perdue
Et on crie encore victoire »

En verbalisant ces désillusions, en diagnostiquant le monde, Kae nous entraine vers le rebond.

« Hurlant à mes proches
de se réveiller et d'aimer plus
Suppliant mes proches de
se réveiller
et d'aimer plus »

C'est cash et destroy ; interpellant et bouleversant ; dérangeant et salutaire.


Temps 2, l'Anglais.
Let them eat chaos

Pouvoir quasi immédiatement se plonger dans la version originale de ce texte est un plus indéniable (même si les deux textes gagneraient à figurer en vis-à-vis). La puissance de certaines phrases se révèle davantage, comme la musicalité d'autres passages. Et le va-et-vient entre les deux textes devient alors enrichissement.

Temps 3, la vidéo.
Let them eat chaos – Live

Écouter et regarder enfin la performance de Kae, livre en main en version GB, et prendre le choc de ce flow incroyable, passant de la douceur fluide et langoureuse à la rage extrême de celle qui donne tout. Mais ça, ça ne se raconte pas…
Commenter  J’apprécie          240
Il est 4h18 selon Kae.

Ici Londres alors que les Happy hours se propagent dans les rues à une vitesse étincelante, alors que la Terre se prépare à être scrutée façon zoom de cinéma, laissant apparaitre la luxueuse crasse humaine de ce qui se déroule dans tous ces putains d'appartements londoniens -

ou de n'importe quelle grande ville, n'importe quel ailleurs d'ailleurs - et, si tant est que le bitume bouffe la terre et qu'il gangrène Alicia Esther Jemma Bradley Pious le temps de quelques vers, souvenez-vous, c'est le Happy Hour.

Qu'on leur donne le chaos est un long poème qui se lit aussi bien en slam qu'une nouvelle, et dont les thèmes récurrents de Kae viennent te happer façon pythie moderne balançant sa prose à balles réelles.

Ça coule comme du miel gâté dans les oreilles, les décors bouffent du sombre, les corps s'emmêlent et se détruisent, à l'image des petites soeurs et des petits frères que nous étions, projeté.es dans cette culture dominée par les sons furieux de The Prodigy et, qui ont cru longtemps être invulnérables et éternel.les. La relève insolente et parfaite aux baby-boomers qui nous gavaient de biberons pendant qu'on louchait sur les cachetons.

No future vs. Chaos

La désillusion selon Kae est magnifique, elle éloigne de l'aigreur et c'est ce qui fait toute la différence. de pessimisme romantique à s'en gaver jusqu'à la moelle. Qu'on découvre ses écrits ou qu'on se conforte dans son oeuvre, ça propulse au premier plan la honte et la rage d'une génération bercée d'illusions.

Encore ? Of course, dear.

Je remercie Les éditions de L'Arche et l'application Gleeph pour m'avoir envoyé ce livre afin qu'il soit lu en avant première. C'est un novembre aux allures de fin du monde, qu'on leur donne le chaos.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          62
Un poème urbain qui visite la nuit de sept londoniens qui n'arrivent pas à trouver le sommeil, en proie aux doutes, au vide, à l'absence de sens de leurs existences.
4h18 - une tempête et les voix des sept londoniens s'unissent dans un cri collectif, exprimant toute la colère, les peurs le mal être et les désillusions d'une génération qui étouffe.
A travers ce long poème, Kae Tempest, ambassadrice du Spokenword, du Slam et du Rap outre manche, nous donne à écouter le monde contemporain dans ses vertiges, ses peurs, à ressentir l'incandescence de ce monde. Et elle nous exhorte à nous réveiller, à vivre plus.
« La vie, c'est juste un truc à faire »
L'ouvrage est présenté en version bilingue et c'est un parti pris intéressant. On peut passer d'une version à l'autre, apprécier la puissance du flow de Kae dans la version originale et le travail remarquable de restitution en français réalisé par la traductrice Louise Bartlett (qui a également traduit un autre recueil de Kae Tempest que je suis en train de lire- Étreins toi - également en version bilingue). On ne le dira jamais, un traducteur (trice) est un auteur(e) à part entière. En offrant la possibilité aux lecteurs d'avoir accès au texte source, ces derniers peuvent mesurer la difficulté de la tâche du traducteur et des trésors d'invention et de création dont il doit faire preuve pour restituer au plus près, et avec les contraintes et les ressources de sa propre langue, le flow, le style percutant et l'oralité revendiquée de ce poème.
Commenter  J’apprécie          20
Le poème est épique, brutal, violent, chaque mot gifle, l'écriture est directe, percutante, on est comme abasourdis devant une telle rage. Des monologues se succèdent, ils sont sept, clamés simultanément par de jeunes gens quelque part dans Londres. le système britannique, comme tous les systèmes politiques capitalistes, a échoué, et pourtant il continue à pleine vitesse dans le mur. La jeunesse est désarmée, presque incrédule devant la catastrophe en cours, alors il y a les palliatifs, drogue, alcool, le pouvoir des paradis artificiels. Car désastre écologique, car avenir compromis, bouché, car relations humaines détériorées par le virtuel, vendues, car le racisme, car la haine.

On ne croit plus en rien, alors on s'abrutit par des dérivatifs (« Je fais mes heures / pour gagner mes cachetons »), mais aussi par les selfies qui développent un peu plus un ego déjà surdimensionné. Texte en tous points vertigineux, il est un long cri de révolte, une poésie sociale et contemporaine dans laquelle ne sera fait aucun prisonnier, dans cet amas humain où le désespoir règne désormais en maître, guidé par la gentrification.

« L'Europe est perdue

L'Amérique perdue

Londres est perdue

Et on crie encore victoire.



C'est le règne du non-sens

Et nous n'avons rien appris de l'histoire.



Les gens sont morts de leur vivant

Étourdis par les lumières des rues.

Mais regarde comme la circulation continue ».

Ce poème sans concession, c'est pourtant un éditeur de théâtre qui l'a ressorti en 2022, peut-être parce que c'est une poésie qui peut se déclamer sur scène, être jouée. La version proposée ici est bilingue, pas en une mise en page du face à face habituel de deux langues, mais bien un texte français jusqu'à la moitié de l'ouvrage, que l'on retourne ensuite pour découvrir la version anglaise. Kae TEMPEST est une artiste britannique multiculturelle : poète, théâtreuse, rappeuse et romancière. Ce texte me paraît être parfait pour être lu des trois premières manières afin de faire passer le message (il est d'ailleurs précisé « Ce poème a été écrit pour être lu à voix haute »), il est aussi bref que brutal, traduit par Louise BARTLETT et D' de KABAL, le travail de retranscription n'ayant pas dû être de tout repos. C'est une réédition, l'originale, toujours chez L'arche, étant parue en 2016.

https://deslivresrances.blogspot.com/
Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          20
Les éditions L'Arche m'ont gâtée avant l'heure officielle des cadeaux de fin d'année.
Curieuse, je n'ai pas attendu (bouhhh!!!) fin décembre pour ouvrir le paquet. « Ô joie, un Tempest ! Merci bien les lutins de L'Arche ! »

Néanmoins je n'entends pas grand chose à la poésie, par goût c'est sûr, par incompréhension, souvent .

Mais avec Kae Tempest, c'est autre chose, encore.
Visuellement, ces enchaînements de mots sont comme les personnages que l'on y croise: de prime abord chaotiques mais évoluant dans la ville comme sur le papier pour trouver la place qui leur convienne le mieux.
De cette occupation de l'espace, en résulte un rythme, celui de la ville à 4h18. À l'heure où chacun a rejoint son confort de façade, quelques âmes errent encore, les yeux et le coeur ouverts sur les non-sens de leur existence, de l'existence tout court.
Le bonus c'est la version en langue originale.

Lire Tempest c'est définitivement se faire décoiffer par son souffle façon furvent (Cf La Horde du Contrevent, Damasio).



Commenter  J’apprécie          20
Ce livre m'a été envoyé par l'éditeur et sincèrement, merci à L Arche pour la découverte.

Je l'ai lu dès réception, en pleine nuit, et je me suis sentie bien moins seule, accompagnée par ces sept inconnus qui à travers leurs maux, m'ont poussée à me confronter aux miens. Ça n'a pas été tendre ou facile, tout le contraire même, une véritable tempête qui m'a secouée de l'intérieur, faisant ressortir parfois jusqu'à des questions et peurs enfouies profondément. Mais comme aucun jugement n'est porté sur ces âmes, incapables de trouver le repos, je ne me suis pas non plus sentie jugée ou pointée du doigt.

J'ai vraiment été bouleversée par certaines pages. Il y a des moments que je préfère, certains qui m'ont moins "convaincue", mais je suis ressortie de ma lecture ébranlée, bousculée et les joues mouillées. J'ai souvent dû m'interrompre en pleine lecture, la respiration coupée, comme si je venais de recevoir un coup en pleine poitrine.
"La vie c'est juste un truc à faire." Cette phrase si simple mais si insoutenable au final, m'a fait penser à tant de choses en si peu de secondes... Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, mais ça souligne assez bien pourquoi j'ai apprécié cette oeuvre. Au-delà du message, de l'intensité des émotions, il y a la plume. J'aime énormément lorsque les mots sont "simples", le style "épuré" et que pourtant, on ne ressort indemne d'aucunes des déflagrations. Lorsqu'une oeuvre nous rappelle la force, le pouvoir et la portée des mots.

J'apprécie d'ailleurs qu'on ait le droit également au texte en VO. L'idée est géniale et c'est une super expérience de pouvoir profiter de la version originale.
Je dois du coup saluer la traduction de Louise Bartlett et D' de Kabal qui ont fait un boulot magistral.

C'est une expérience que je conseille à tou(te)s et que je ne regrette absolument pas.
Le mot sur la carte accompagnant mon livre espérait que la nouvelle tempête de Kae saurait m'emporter, je peux assurer qu'elle n'a eu aucun mal à le faire. Merci encore pour ce bout de chaos.
Commenter  J’apprécie          20
Un véritable poème-fleuve de 80 pages qui décrypte les désillusions d'une génération - la nôtre - paumée et écrasée par un système qui déraille.

La plume est brute, douloureusement juste et maîtrisée à la perfection.

L'auteur.e mêle l'Amour au chaos ambiant et c'est grandiose.
Commenter  J’apprécie          10
Au beau milieu de cette nouvelle tempête de Kae, j'ai trouvé mon Arche. de belles éditions qui prennent à bord les maux brûlants d'une société à la dérive, d'une génération noyée sous l'individualisme, qui nous transportent avec la poésie de l'artiste.

"Mais les émeutes sont minuscules
Et les systèmes sont immenses."

Une Arche et sur son pont sept personnes qui disent, clament, slament, hurlent leurs lignes sous la tourmente, dans deux langues sens dessus-dessous.

"Hurlant à mes proches
to wake up and love more.
Pleading with my loved ones to
se réveiller
et d'aimer plus."

Merci à l'Arche d'avoir fait escale chez moi, pour me faire monter dans cette oeuvre superbe de Kae Tempest.

🙏 pour l'envoi, pour la carte, pour la confiance, pour le sauvetage.

Commenter  J’apprécie          10
4h18 seules 7 personnes sont éveillées
Qui sont elles ?
Jemma ancienne Junkie ,Esther aide soignante qui travaille de nuit, mais aussi Alicia, Pete,Bradley ,Zoé et Pious…
Ils sont 7.
A l'aube d'une journée, ils se posent des questions, nos questions sur la vie, le chaos qui y règne , la recherche de l'amour .
Aimer , s'aimer tout simplement.
Des questions que l'on n'ose pas toujours formuler mais qui nous hantent inlassablement.
Ce livre pas comme les autres se présente sous la forme d'un poème , une quête de salut,
Nous avons l'impression d'être dans la tête de ces 7 personnages , de les entendre pleurer , crier , gémir .
C'est court , fort et bouleversant.
Commenter  J’apprécie          00
3.5 ⭐
Sous la forme d'un long poème à déclamer, Kae Tempest lance un cri du coeur, un appel à s'unir.

Londres, 4h18 du matin, l'heure se fige. On erre au travers l'état de vie de sept personnages et l'état de la société.

Des vies endommagées, des destins brisés, trop lucides, parfois sans espoir confrontés aux problématiques qui affligent notre époque contemporaine, comme le travail, le consumérisme, les nouvelles technologie, la planète qui crame. 


Une tempête les fait sortir de leur nuit, les incitant à se (re)connecter les uns aux autres.
Comme pour réparer ce qui est abîmé, Kae Tempest nous somme de nous réveiller, et nous propose l'amour, l'aliénation comme remède à nos maux, comme une incitation à nous unir pour changer les choses, plutôt que de s'isoler.

**livre offert**
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (83) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1226 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}