Azincourt par temps de pluie

Avec Jean Teulé on est jamais déçu!

Il nous fait voir L Histoire avec un regard différent, celui du poète.
Oui, Jean Teulé est un conteur extraordinaire doublé d'un poète.
Une poésie moderne,"rock'roll", servit par des dialogues truculents.
De la littérature populaire dans ce qu'elle a de plus noble.
Les interactions entre les personnages réels et fictifs sont toujours pertinents et dans "Azincourt par temps de pluie" c'est du grand Art!
"Fleur de Lys", une prostituée habituée des champs de bataille, qui à force de tapiner au sein de la chevalerie, porte un regard..disons d'experte militaire et s'étonne de la fragilité de nos positions,
qui conduiront au plus grand désastre de tous les temps.
10 000 morts dont 6 000 chevaliers et c'est toute la noblesse de France qui s'en trouve décimée.

"oh merde! je ne l'avais pas imaginée comme ça la journée.."

Tout est dit, le reste je vous invite à le découvrir dans ce qui est pour moi, l'un des meilleurs Jean Teulé.
Une bonne manière de découvrir un auteur, un style, un univers.

Je commencerai cette critique par les citations de De Gaulle et Churchill.
Le premier disait "La politique et la stratégie de la guerre ne sont qu'une perpétuelle concurrence entre le bon sens et l'erreur" et le second "Que la stratégie soit belle est un fait, mais n'oubliez pas de regarder le résultat".

Celles-ci ne font que mettre le récit que nous livre Jean Teulé de la bataille en perspective avec les conditions réunies pour une victoire française et la réalité des faits.

Ici le parti pris est simple 3 chapitres pour 3 jours de "bataille".
L'avantage avec l'écriture de Jean Teulé, c'est qu'elle est reconnaissable entre mille, diablement efficace, que l'on est rarement déçu et que l'on ne s'ennuie pas.

Il se concentre sur les jeudi 24 octobre, vendredi 25 et samedi 26 octobre 1415. Et il n'en faut pas plus pour nous présenter cette folle bataille. Folle dans tous les sens du terme, déjà le roi Charles VI surnommé Charles le Fol, un lieu improbable d'un point de vue stratégique, une météo exécrable, une attente inter-minable (en deux mots ou en un mot à chacun de choisir), des forces en présence qui laissaient présager une issue positive et dont le résultat est éloquent : le connétable Charles d'Albret et douze autres membres de la haute noblesse, quelque 1500 chevaliers et environ 4 500 hommes d'armes sont tombés côté français, tandis que les pertes des Anglais s'élèvent à moins de 450 hommes... Voilà pour le résultat.

et je terminerai cette critique par une autre citation aux antipodes des deux premières et que l'on retrouve dans un film plus récent : "Ce n'est pas la stratégie qui m' inquiète mais le stratège", tout ça pour dire qu'il ne s'agit pas ici d'un dîner mais bien d'une bataille.

S'il y a bien un sport où la France a toujours excellé c'est l'Arrogance. Et il y en a eu beaucoup ce 25 octobre 1415 dans un petit coin de l'Artois pour que des milliers de fiers chevaliers français se fassent rosser par leurs meilleurs ennemis les anglais. Ni victoire, ni gloire, ni postérité… Seule demeure la légende de cette bataille mémorable que Jean Teulé ravive à travers un récit poilant qui n'enlève rien au tragique de l'événement. Audiard n'aurait pas fait mieux si cela avait été un film !

Terrible bataille entre des Français en grand nombre et des Anglais affaiblis et malades en petit nombre. Guerre atroce entre des gueux repris de justice et assoiffés de sang et des nobles français harnachés d'une lourde cuirasse qui les entrave dans leurs mouvements. L'auteur utilise par moments du vieux français et aussi de l'humour. La drôlerie des personnages permet de supporter la lecture. Jean Teulé traite toujours des sujets de société (guerre, prison, suicide, fais historiques). Il lutte contre la violence et les inégalités au moyen de sa plume.

J'avais souvent entendu parler de l'auteur mais je ne l'avais jamais lu.
C'est chose faite avec ce roman.
Il raconte la bataille D Azincourt sans doute de façon romancée. Un jour avant la bataille avec la confiance totale des français, le jour de la bataille et l'après bataille.
Je vous avoue avoir eu du mal à entrer dedans. Entre les expressions de l'époque et le manque de repère offert au lecteur. J'ai toutefois poursuivi ma lecture découvrant les personnages de la bataille mais aussi cette très intéressante fleur de Lys. J'ai appris des choses sur la bataille même si je pense que tout n'est pas pris au pied de la lettre. L'auteur offre des moment de rire et sait être aussi assez cru.
Un petit roman très dépaysant aves un grand bon dans le passé et dans L Histoire.

« Azincourt par temps de pluie » nous montre à quel point les nobles qui conduisaient l'armée française en 1415 étaient des personnes vaniteuses et suffisantes, incapables d'être humbles et de réfléchir sur une stratégie militaire face à une armée anglaise exténuée par des semaines de faim et de maladie, essentiellement composée d'archers, en nombre inférieur à l'armée française. Cette bataille montre également l'intérêt personnel de chaque « chef » ; tous ces comtes, ducs… sont incapables de se mettre d'accord sur une orientation globale de la bataille et privilégient leur image, leur représentation. Evidemment, Jean Teulé raconte très bien la suite désastreuse de ce manque de coordination, de ce profit individuel face à l'intérêt collectif, l'absence de préparation et de réflexion devant l'armée affaiblie d'Henri V.
Ce livre devrait pouvoir faire réfléchir nos dirigeants politiques et économiques sur l'évolution nécessaire d'une démocratie plus ouverte, plus rigoureuse et plus planificatrice à long terme.

Azincourt par temps de pluie restera le dernier roman de Jean Teulé paru de son vivant. Sa lecture nous fait regretter ce personnage qui n'était pas grand que par la taille mais également par le talent. Au delà du caractère anecdotique sur la chevalerie française et cette défaite (débacle ) historique , on prend plaisir à retrouver ce style truculent au travers duquel on imagine tout le plaisir, voire le fou-rire, de celui qui tenait la plume. Après Crénom Baudelaire qui m'avait fait découvrir cet auteur, Azincourt ne peut que m'inciter à découvrir d'autres parutions de Jean Teulé

Jean Teulé nous quitte avec ce dernier roman, j'ai lu plusieurs de ses livres et je l'ai également rencontré lors d'un vernissage, nous disons aurevoir à ce grand monsieur avec cet ultime ouvrage. Azincourt par temps de pluie est à l'image du style de l'auteur, acide, piquant, choquant mais toujours pertinent. Dans ce roman, il nous conte la catastrophe que constitue la bataille D Azincourt, défaite française sanglante qui aurait pu être évitée. C'est cru, c'est violent, c'est du Jean Teulé, on aimera ou on détestera.

L'histoire de France n'a jamais été un centre d'intérêt pour moi. Alors autant dire que lorsque j'ai ouvert ce roman (offert par l'éditeur et donc non choisi), le but était de s'en débarrasser au plus vite avant de retourner à mes moutons du polar (en l'occurrence, c'est Nicolas Lebel qui m'attend…).
Contre toute attente, sa lecture ne fut finalement pas un supplice. le ton de l'écriture de feu Jean Teulé y étant pour beaucoup!

Pitch (4ème de couv):
Azincourt, un joli nom de village, le vague souvenir d'une bataille perdue. Ce 25 octobre 1415, il pleut dru sur l'Artois. Quelques milliers de soldats anglais se trouvent pris au piège par des Français en surnombre. Bottés, casqués, cuirassés, armés jusqu'au dents, brandissant fièrement leurs étendards, tout ce que la cour de France compte d'aristocrates se précipite pour participée à la curée. Ils ont bien l'intention de se couvrir de gloire, dans la grande tradition de la chevalerie française. Aucun n'en reviendra vivant. Un désastre grandiose! "

La bataille D Azincourt m'était inconnue au bataillon (jeu de mots ramucho). Il faut dire que l'histoire n'a jamais été ma tasse de thé (comme la géographie qui lui était associée à l'école). Mais sous la plume de Jean Teulé, cette matière qui m'apparaissait pénible et ennuyeuse prend une toute autre dimension.
Et cette défaite épique des Français le permet bien! Car il est alors possible pour l'auteur d'appuyer avec humour là où ça fait mal. La bêtise des nobles et les codes surannés de la chevalerie qui envoient tout ce beau petit monde au massacre sans même qu'ils s'en rendent compte est tournée en ridicule par Jean Teulé. Témoin de l'impréparation et de l'orgueil des Français, une prostituée nommée Fleur de Lys, tente bien de les prévenir… mais que voulez-vous, elle n'est qu'une pauvre catin!

Tout en s'appuyant sur des faits historiques, la plume est crue et acide et pointe du doigt l'absurdité de ce combat. le lecteur apprend tout en s'offusquant et riant.
Je le répète, la bataille D Azincourt n'est clairement pas ma tasse de thé (english tea of course!) mais le ton de l'auteur si! Ce qui pourrait m'encourager à aller tester un autre roman et notamment je pense à son premier, dont le titre seul me donne déjà envie: Rainbow Rimbaud.
Ce n'est pas comme ça, que je vais arriver à faire diminuer une PAL pharaonique…
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Mon avis :
Si l'on peut dire quelque chose du style littéraire de Jean Teulé, c'est qu'il n'appartient qu'à lui seul ! Je suis toujours aussi épatée par sa capacité, dans un même paragraphe, de passer d'un langage soutenu propre à l'époque dans laquelle s'inscrit le récit, à un langage grossier, voire trivial. Ses sorties de piste sont tellement savoureuses.
Dans ce roman, il apporte un regard dur sur la noblesse française pour cette bataille où ils étaient complètement en surnombre, et qui pourtant a accumulé un nombre impressionnant d'erreurs grossières. À aucun moment, la nature du terrain, la configuration des lieux, la météo n'a été prise en compte dans leurs réflexions. Seul l'orgueil poussé à l'extrême, celui de se montrer et d'être vu a nourri leurs décisions. Résultat, un vrai carnage face à cette armée anglaise tenace et bien menée par son roi, malgré sa fatigue et son manque de matériel.
Jean Teulé dépeint ces trois jours avec force détails, ne nous épargnant aucune mort atroce. Son verbe précis nous permet de réaliser l'atrocité du moment et l'ornière dans laquelle la trop grande confiance en soi peut jeter.
Un personnage en particulier a retenu toute mon attention, celui de la ribaude Fleur de Lys, qui, de sa place privilégiée, apporte des conseils très avisés aux membres du commandement. Bien entendu, nul ne fait attention à cette dame de petite vertu qui pourtant en a accompagné des batailles et dont les avis sont tellement plus judicieux que ceux qu'ils se prodiguent les uns les autres. J'aime ce grand écart entre sa profession et sa réflexion que nous propose ici l'auteur et qui se mêle si bien à l'intrigue.
Pour conclure, encore du très grand Jean Teulé même si j'avoue avoir trouvé la première partie bien longue à se mettre en place.