Loin d'être une experte en histoire, j'apprécie tout de même d'affûter mes connaissances par la lecture. Je pensais que «
Charly 9 » jouerait ce rôle, mais ça n'a pas été le cas. Je préfère prévenir d'avance, cette chronique sera peu sympathique, car j'ai détesté ce livre.
Si au départ j'étais ravie d'avoir un point de vue moderne sur la vie du tristement célèbre Roi de France, Charles IX, j'ai vite déchanté. La plume de l'auteur m'a énormément rebutée, le vocabulaire employé est beaucoup trop contemporain, pour citer quelques exemples, on y trouve des termes comme « petit mec », « ben », « emmerder » « engueuler ». Bref des mots certainement pas utilisés en 16ème siècle, et des personnages très mal développés, ils n'avaient aucune profondeur, ce n'était que des caricatures. Marguerite est décrite comme une « gothique », incestueuse et frivole (elle était connue pour ses nombreux amants, mais elle n'était pas que ça !) c'est à peine si elle joue un quelconque rôle dans le récit ou encore Henri de Navarre qui est uniquement caractérisé par son odeur de « poisson pourri », pourtant figure emblématique du protestantisme, il n'évoque à aucun moment son dégoût vis-à-vis des catholiques qu'il doit côtoyer alors qu'ils ont massacré une majorité de ses amis la nuit de la Saint Barthélémy, ni même le fait qu'il ait été contraint à se convertir au catholicisme. Je pourrais en dire de même pour tout l'entourage de Charles IX, rien n'est abouti et développé. Pourtant, il y avait là des personnalités emblématiques de l'époque et donc largement de quoi faire, sans forcément transformer son roman en encyclopédie. Je pensais être davantage impliquée dans l'histoire, au final on ne fait que survoler les évènements, c'est dommage car ça aurait pu être bien plus instructif. le mariage de la soeur de Charles IX, Marguerite, qui n'est autre que la future Reine Margot, avec Henri de Navarre, futur
Henri IV qui scelle en quelque sorte le massacre de la Saint Barthélemy n'est abordé qu'en quelques lignes. En parlant de ce massacre, là aussi, nous le survolons, des bribes de détails sont disséminées dans le texte, mais à aucun moment on ne le vit. Les complots déjoués ou fomentés par la mère de Charles IX, Catherine de Médicis, ne sont pas non plus détaillés, mais seulement évoqués avec une légèreté déconcertante. En définitive, l'auteur a fait le choix de tout focaliser sur la folie de Charles IX ce qui donne 200 pages de scènes rocambolesques, de dialogues vulgaires, parfois incompréhensibles tant ce jeune Roi sombre dans la folie pure… en soi, l'idée de développer sa folie jusqu'à son déclin était pertinent , mais que l'objet du livre soit exclusivement axé sur ce sujet donne au récit une dimension décousue, surréaliste, puisque soyons honnête, il est compliqué de comprendre un individu qui sombre dans les affres de la folie. Les chapitres n'avaient presque plus aucun sens, et en tant que lectrice j'étais dans l'incompréhension absolue. C'est une immense déception, il y avait tant à dire sur ce Roi et la période qui l'entoure, tant à analyser. Mais non, ce récit est vide de toute perspective, d'instruction et de réflexion, gangrené par cette volonté de bousculer les codes.
Et que dire de toute la vulgarité qui découle de ce livre ! Les insultes sont trop nombreuses, pour n'en citer que quelques-unes : « par la chiasse de la Vierge », « putain, bagasse, chienne ! » « salope de Marguerite, je te compisse, gargouilleuse, truie pisseuse, malefille » « Puterelle, au con gros et mollet rejetant foutre blanc comme lait, qui a perdu son pucelage dès ses onze ans avec son frère Alençon ! », la liste est non exhaustive, et ça a gâché tout mon plaisir de lire. J'ai bien conscience qu'à l'époque, ils ne devaient pas lésiner sur les insultes, nul n'est exempt de défauts, après tout ils étaient des humains au même titre que nous. Et je n'ai aucun doute que la folie qui s'est emparée du Roi ait altéré ses bonnes manières, mais ça ne justifie en aucun cas la vulgarité excessive suintant de ce texte.
Mais pour moi le pire reste la légèreté avec laquelle
Teulé relate les événements historiques. Cette période de notre pays a été sanglante et peu reluisante, nombreux sont ceux qui ont péri avec les guerres de religion opposant catholiques et protestants combinés aux maladies et à la famine qui ravageait le pays. Ces événements ont eu des conséquences culturelles, politiques et économiques majeures pour les siècles à venir ! Pourtant, l'auteur en parle avec désinvolture, son humour est malvenu, je ne peux pas le qualifier autrement qu'une insulte. Une insulte à l'histoire et à toutes ces personnes qui ont souffert et péri. En bref, pas de quoi en rire. Et puis entre nous, la familiarité qu'use l'auteur a appelé le Roi Charles IX « Charly » ne fais que confirmer ce mépris que j'ai pu ressentir tout au long de ma lecture. C'était tout simplement grotesque, je suis ressortie très agacée, et accablée par un profond malaise.
De plus, beaucoup de faits ont été relatés d'une manière qui soulève parfois des interrogations, j'avais l'impression qu'il y avait avant tout une recherche de provocation et de faire « sensation » auprès des lecteurs. Comme si une escalade de l'horreur était nécessaire pour donner du sens à son roman, le contexte historique se suffisait lui-même dans son horreur, il n'avait nul besoin d'en rajouter. Ça n'a fait que créer en moi un profond malaise. Alors oui, l'histoire ne peut pas être exacte, les vestiges de ce passé auquel nous n'avons pas assisté sont souvent remis en cause par de nouvelles découvertes ou théories et chacun peut finalement l'interpréter à sa façon. Mais j'ai trouvé l'interprétation de
Teulé caricaturale et mauvaise, dont l'unique but m'a semblé être de « choquer » en désacralisant l'histoire.
Je ne recommande pas ce livre, libre à vous de vous faire votre propre avis bien entendu. Et au cas où que cet avis froisse ceux qui ont aimé, sachez que ce n'est que mon avis et je respecte les goûts de chacun, bien que j'avoue m'interroger sur ce qui a pu plaire ici. Je voulais aussi préciser que j'aurais aimé avoir une liste d'avertissements, le livre est violent dans son ensemble, et notamment envers les animaux, sujet auquel je suis particulièrement sensible. Parenthèse fermée, je finirais cette chronique interminable par dire que j'ai dans l'optique de lire la saga qu'a écrite
Alexandre Dumas autour de cette période, certes romancée et pas tout à fait fiable historiquement pour cette raison, mais comme l'ont dit de nombreuses personnes : les oeuvres de Dumas auront au moins le mérite d'être littérairement meilleurs.