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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voici un petit chef-d'oeuvre d'ironie et de perfidie ! Qu'il est dommage qu'en France Thackeray soit si loin de la notoriété d'une Jane Austeen ou des soeurs Brontë. Sa plume est un véritable rasoir, qui tranche avec précision dans les apparences et la superficialité pour mettre à nue l'âme humaine. Mais il est temps de présenter Barry Lyndon, du royaume d'Irlande.

Son père ayant mangé tout son bien, sa jeunesse ne fut guère aisée. Mais sa mère, qui l'aimait plus que le ciel et le soleil, a mis son point d'honneur à l'éduquer comme un jeune lord. Il vivait en compagnie de ses cousins ; l'un le battait par méchanceté, l'autre par amitié. Il n'avait pas quinze ans qu'il était amoureux d'une de ses cousines, et qu'il tua un rival plus fortuné en duel. Après avoir fui, il n'eut d'autres choix que les troupes de sa majesté. Le reste de sa vie se passa à gagner de l'argent par les moyens les moins avouables, et à le dépenser en fêtes et pourpoints dorés. Voici Barry Lyndon ! Truand, aventurier et nobliau désargenté, prêt à tout et dénué de toute forme de scrupule.

Tout l'art de Thackeray consiste à créer un abîme entre la bonhommie avec laquelle le héros raconte ses aventures, et la nature de celles-ci. Là-dessus, curieusement le texte a même gagné en force avec le temps. Le second degré raisonne encore mieux, et l'ingratitude et les mœurs du héros, à l'époque choquantes, paraissent aujourd'hui ahurissantes. Quand Barry Lyndon assure qu'on ne peut l'accuser d'être violent avec sa femme puisqu'il ne la bat que quand il est ivre, le lecteur du XIXème siècle avait une moue ironique. Aujourd'hui, il écarquille les yeux.

Et pourtant, impossible pour moi de le détester. Le gaillard a la peau dure. Il a subi l'armée de Frédéric II – pire que le bagne – et autres avanies sans se formaliser, et la seule qu'il n'a pas supportée est la mort de son fils. Pour lui, le monde est un champ de bataille d'intrigues où tous les coups sont permis. On berne les autres, on finit toujours par se faire berner par plus malin et c'est ainsi.

Thackeray entremêle tout ceci de méchantes petites piques à ses contemporains, dont il brocarde l'ingratitude et la servilité. Mais il va plus loin en critiquant le fanatisme anticatholique qui agitait alors l'Angleterre, et en dénonçant le sort infligé à l'Irlande. Un grand livre, et peut-être le seul que je connaisse écrit presque entièrement au second degré.
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Chef d'oeuvre de Thackeray de l'époque victorienne avec Eliot, Dickens et Trollope, est avec la Foire aux vanités, un des romans anglais que je préfère. Toute une flopée d'écrivains de moins bonne facture les ont suivis, voire imités et les ont faits un peu oublier malheureusement.

L'immoralité du roman est présente du début à la fin. On ne compte pas les épisodes où quoique l'on entreprenne dans cette Angleterre sur fond belliqueux, tout n'est que souricière, où le héros "Redmond Barry", un irlandais du peuple, ou irlandais tout court vu de l'anglais, se met dans de sales draps, et par son entremise, c'est une peinture des vices de la société anglaise du 18e à laquelle on assiste. Les riches restent riches ou se tirent toujours d'affaire, ils sont tous de connivence et sarcastiques, et les braves qui émergent restent des misérables sur le bord de la route, ou connaissent une mort sans pitié. "Barry Lyndon", qui le devient par mariage avec la Comtesse Lyndon, personnage atypique, attire cependant la sympathie, il se relève une fois, deux fois, trois fois .. mais son sort est inexorable, le cumul de revers qu'il se prend finit par miner ses chances d'en réchapper un jour. Il est attendrissant dans la relation avec sa mère, avec son fils qu'il couvre d'une attention sans failles, et malgré cela en univers hostile, le pire est à prévoir ; il est impitoyable avec son beau-fils.., on ne garantit pas de la vie de ce dernier pour un coup de baston supplémentaire, mais le jeune anglais de la lignée Lyndon lui fera subir un sort plus rude encore ..Un tel concentré de haine est à son zénith !..

La langue de l'auteur est superbe, le milieu peint du 18e irlandais et surtout anglais est fantastique. William Makepeace Thackeray: un grand maître anglais à lire.

Le cinéma, la télévision ont requinqué plus près de nous cette oeuvre éblouissante, grâce au génie de Kubrick qui lui a donné une tonalité d'éclairage à la bougie sublime dans ces fonds de campagne ou de bocages anglais et irlandais.
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Je ne suis pas spécialement fan de Stanley Kubrick mais je suis fan de Barry Lyndon, pour moi l'un des plus beaux films du cinéma mondial. C'est en traînant sur Babelio que j'ai appris que le film était basé sur un roman écrit par un illustre inconnu: Makepeace Thackeray. Je l'ai acheté et, après l'avoir laissé moisir au fond de ma liseuse durant près d'un an, je l'ai lu. Fausse autobiographie, Les Mémoires de Barry Lyndon du royaume d'Irlande narrent les aventures du personnage le plus odieux qui ait infecté la littérature: Redmond Barry. Orphelin ruiné, amoureux malheureux, esclave-soldat, joueur-arnaqueur professionnel, chasseur de dot, mari infâme, beau père violent, père attentionné; on suit l'ascension et la chute de cet incroyable narrateur, avec amusement, effroi, dégoût, compassion (si si) et sentiment de justice. Autant le film est esthétique et grave, autant le roman est picaresque. D'abord, l'écriture est délicieuse, entre Voltaire et Jane Austen; ensuite le personnage est incroyable: il est d'une fatuité sans borne, ce qui le rend ridicule; d'une misogynie stratosphérique qui ferait passer Tarik Ramadan pour le fondateur du MLF; il est violent, menteur, de mauvaise foi, ingrat mais... on ne peut pas s'empêcher de lui reconnaître l'intelligence diabolique et la force motrice de celui qui a su se hisser au dessus de sa condition. Force est de constater qu'il s'est fait tout seul et qu'il a bravé bien des obstacles pour devenir (durant quelques années) "le personnage le plus fashionable d'Europe" !
Deux petits bémols ont légèrement infléchi mon grand plaisir de lecture: quelques passages un peu trop longs et une fin bâclée, précipitée.
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Oeuvre large, complexe, un peu ringarde, un rien prétentieuse et...très longue.
On pourrait penser que Thackeray a voulu nous présenter un personnage typé Casanova : Flambeur, dragueur, jouisseur et fin tacticien quand il s'agit de s'approprier argent et fortune.
Avouons que c'est un peu le cas. Notre ami Barry a le don de se mettre dans des situations compliquées et toujours de s'en sortir sans trop de dégats.
Et last but not least, d'épouser une riche, très riche anglaise bon teint et de ce fait faire partie, enfin, de l'aristocratie britannique.
Ouahh !!
Ceci dit, l'auteur ne nous épargne pas, lecteur naïf que nous sommes...
Il nous fait plonger dans ce 18e siècle sans parachute.
Nous nous rendons assez vite compte que les habitants de ce pays et de ce siècle n'étaient guère généreux, gentils, serviables, humains quoi !
L'argent, le plaisir, la possession et l'avidité seuls avaient cours.

Finalement, es ce si différent aujourd'hui ? Un peu plus de vernis peut être ?
Très bon roman, enrichissant. Sans concession pour l'espèce humaine !
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Ce roman picaresque inspiré de la vie d'un aventurier irlandais - Andrew Robinson Stoney - se lit d'une quasi-traite. L'auteur fictif - Redmond Barry, devenu Barry Lyndon, écrivant donc l'histoire de sa propre vie depuis la cellule où il croupit - apparaît comme un aventurier ambitieux et sans scrupules, vaniteux et conduit par ses plaisirs mais rusé et même machiavélique pour parvenir à ses fins.
Au fur et à mesure du récit, on quitte l'amicale sympathie qu'on avait pour cet orphelin amoureux de sa cousine et devant fuir après un duel. Ce garçon, devenu soldat dans l'armée anglaise, puis déserteur, recrue prussienne, joueur mondain, intrigant et enfin aristocrate dépensier apparaît alors à l'aune de ses vices.
Le récit de ses plans et conspirations est un plaisir de lecture : comment il s'évada de Berlin, comment il mit en place une machination devant faire de lui l'époux de la plus riche héritière d'Allemagne, la façon dont ce plan échoua… La partie suivant sa carrière de joueur professionnel, toutefois, m'a moins passionné. Serait-ce la déchéance de ce personnage qui m'a déplu ? Car les épisodes de sa cour à la comtesse Lyndon, de sa vie fastueuse et de ses multiples échecs en tant qu'aristocrate installé ne sont pas si longs, peut-être une certaine affection demeure-t-elle pour ce Casanova violent, prétentieux, toujours à rappeler sa filiation (douteuse) avec les rois d'Irlande,
L'humour de l'auteur (véritable !) et la satire sociale qui en ressort sur fond de toile historique en font une lecture agréable, toujours balancée par le souvenir du film de Stanley Kubrick, à la fois différent dans la trame narrative et l'histoire même de Barry Lyndon, mais dont l'esthétisme et la musique résonne à chaque instant.
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