William Makepeace Thackeray est surtout connu pour deux romans,
La foire aux vanités, souvent présenté comme son chef-d'oeuvre, et
Mémoires de Barry Lyndon , à cause du film fameux de
Stanley Kubrick. Mais il a beaucoup écrit, essentiellement dans un registre satirique, et il a aussi peint et dessiné. D'ailleurs, la première édition de
la rose et l'anneau est parue avec les illustrations de l'auteur.
Le livre a une allure de conte de fée, et l'auteur respecte tous les passages obligés. Des rois, reines, princes et princesses, des usurpateurs et des enfants dépossédés, des animaux intelligents. Les gentils et les méchants, trop gâtés, une fée et sa magie qui va récompenser les premiers et punir les seconds. On pourrait sans doute le lire aux enfants. Mais le livre subvertit d'une manière subtile le genre, fait un pas de côté, parodie, et pour percevoir toutes les ironies et détournements, il faut avoir lu quelque peu, et pas que les contes de fée.
Et puis, l'air de rien, l'auteur s'attaque aussi aux monarchies, aux souverains, à ces personnes très ordinaires, qui ont les mêmes défauts et limitations que vous et moi, mais qui vivent en vase clos, dans un sentiment de toute puissance, un peu ridicules dans leurs prétentions à être exceptionnels, traités d'une autre manière que les autres hommes. Mais aussi limités qu'ils soient, leurs décisions, leurs caprices, engagent la vie d'innombrables personnes, « leurs sujets », voire ceux des pays alentours.
C'est un petit délice que ce livre, malicieux, drôle, et en même temps bien moins anecdotique qu'il pourrait le paraître à première vue.
Thackeray gagne à être exploré.