Le jour où Bernadette Loubron, une jeune femme dont le veuvage n'a nullement entaché la beauté, prend à son service Edith une pauvre hère ayant fui son village et le beau Fabien, un jeune homme au corps puissant et aux épaules solides, elle est à mille lieues de se douter de l'attirance de ce dernier pour Edith, sans aucun charme, squelettique, mal fagotée et laide. Impossible pour Bernadette d'accepter un tel outrage à sa beauté et sa féminité. Elle sait l'envie dans le regard des hommes, mais c'est sur Fabien qu'elle a jeté son dévolu, espérant bien le mettre dans son lit et pourquoi pas dans sa vie, lui qui a tant fait prospérer sa ferme à force de travail acharné. Au comble du désespoir, Bernadette va tenter par tous les moyens de le dissuader de se mettre en couple avec Edith. A bout de nerfs par les injures proférées par sa patronne à l'encontre de celle qu'il aime, ce dernier fini par l'étrangler et jette son corps dans " La gueuse " laissant croire à une noyade malencontreuse. Après la découverte de la malheureuse flottant à la dérive, avec des arguments solides, le couple parvient à être mis hors de cause et désormais libres, lavés de tous soupçons, les voilà propriétaires d'un domaine conséquent avec l'approbation des villageois et comble du bonheur, un enfant à naître bientôt.
Aussi lorsque la mère Drusseau leur conseille de sceller leur union par une cérémonie religieuse, Fabien s'emporte, refusant tout de go de passer devant Monsieur le curé. Ils s'aiment et ne voient pas la nécessité d'une telle bénédiction.
Mais pour Edith et Fabien, le prix à payer va être lourd de conséquences pour s'être bâti leur bonheur sur les cendres de Bernadette et pour avoir, selon la croyance, commis un péché en refusant le sacrement.
J'ai adoré ce récit d'
Yves Thériault à la fois poétique et dramatique. Si le langage employé peut paraître quelque peu désordonné, il ne gâche en rien la beauté de ce roman d'une efficacité remarquable, que je considère comme une véritable pépite.
Et comme résumé si justement en une seule phrase sur la quatrième de couverture,
La fille laide est une oeuvre faite pour durer en nous et qui ne s'efface pas avec la mémoire.