Citations sur Crimes de Seine (14)
L'homme est un animal , civilisé , instruit et éduqué, mais une bête qui retrouve ses instincts dès que les règles sociales sont modifiées.
Elle arrive, j'entends le crissement de ses rangers sur les cailloux. La porte. Elle entre. Je la sens. Je ne la vois pas, je la sens. Elle est tendue au point de ne rien remarquer de ce qui l'entoure.
Je serre les doigts autour du flingue. Je vise, un oeil clos comme au stand. Bang !
L'homme est un barbare, tu sais, quels que soient ces motivations et son degré de civilisation, il n'a jamais évolué dans son goût pour la souffrance des autres et la mort.
Par moments, elle avait envie de se pincer.Etait-il angélique, machiavélique ou plus stupide qu'un troupeau de ruminants ?
Quand tu veux manipuler ou désinformer, enseignait Marion,mélange quelques vérités à l'intox, ton correspondant est incapable de démêler le vrai du faux et il ne peut pas t'accuser de mentir.
Un rideau de pluie gicle sur les rails d'où s'élève une brume sale. Ici et là, sur le ballast, se sont formées des flaques qui luisent dans la lumière d'un jour mort-né.
Il pleut depuis quinze jours, sans acccalmie.
Je me souviens de tout.
- Tu as raison, dit-elle, ce serait con. Mais ce qui le serait encore plus, ce serait qu'il nous ait monté un chantier, tu vois ? Parce que, s'il était totalement étranger à tout ça, comment tu expliques qu'il ne soit pas là en ce moment avec nous à se creuser le gadin pour trouver la clef de l'énigme ? Hein, dis, pourquoi ?
Gare du Nord, la brigade
6 heures 30
La réunion de crise ne dura que quelques minutes. Les affaires étaient remontées toute la nuit, au coup par coup. Après une période d'accalmie, le nombre de gardes à vue s'était remis à grimper de façon vertigineuse. Les plaintes affluaient, les demandes d'aide tout autant. De nombreux Parisiens, inconscients du danger, continuaient à vouloir coûte que coûte descendre dans le métro. Plusieurs accidents graves avaient pu être évitées grâce à la vigilance des policiers et des agents des entreprises de transport, malgré cela les pompiers ne savaient plus où donner de la sirène. Les hôpitaux encore en service ne pouvaient déjà plus absorber de nouveaux patients compte tenu de l'évacuation complète de quatre sites, partielle de trois, et celle, préventive, de Georges-Pompidou.
Les hommes demandèrent des nouvelles de Marion. On ne pouvait toujours pas leur en donner et cette impuissance tapait sur les nerfs.
La nouvelle fondit sur le commissariat de la gare du Nord, portée par un gardien hors d'haleine. Elle percuta de plein fouet trois adjoints de sécurité occupés à ôter les menottes d'un détenu. Elle rebondit contre les portes entrouvertes, atteignit les officiers affairés dans les bureaux, cogna au blindage de la salle de commandement qui se laissa transpercer sans opposer de résistance. Le murmure fila entre les consoles radio avant de s'échouer sur l'écran géant de la carte des réseaux qui se mit subitement à clignoter comme un sapin de Noël. Puis, la sidération figea les lieux et les gens.
Puis, le coeur lui bondit au bord des lèvres quand, à moins de 20 mètres de la scène de crime, elle aperçut le brancard posé le long du mur et le sac à cadavre que les pompiers y avaient déployé sous l'auvent de fortune. Dans un instant, Marion, sa patronne, serait allongée entre les mâchoires de cette fermeture éclair. Quelqu'un la poussa du coude, Cara se retint de hurler. Mécaniquement, elle se remit en marche, insensible à l'eau qui coulait dans son cou.