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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce court Essai sur l'art de ramper à l'usage des courtisans constitue un très bref extrait des oeuvres du baron d'Holbach. Quatorze pages à peine ! et le baron aura fait une apparition éphémère dans notre existence. Heureusement, une biographie succincte accompagne le texte et permet de mieux situer son contexte d'écriture.

On s'en doutait : écrivant avec la plus grande ironie, dans un sérieux emprunté qui se veut aussi sincère que la bonté des sentiments qui poussent les courtisans à s'affaler aux pieds de leurs maîtres, d'Holbach n'épargne pas la caste des marquis qui se soumet aux plus grands dans l'espoir de s'élever à son tour. Partant du principe que ramper est un art, d'Holbach met en place une argumentation implacable visant à montrer, point par point, toutes les qualités que doit revêtir l'âme du courtisan s'il espère surpasser ses concurrents.

Du 18e au 21e siècle, les places convoitées ne sont plus les mêmes mais les processus d'élévation ou de déclassement restent identiques. Ce que d'Holbach décrit dans son essai, on peut le retrouver dans notre quotidien sous des formes amoindries, dissimulées ou détournées. Il n'empêche, le principe à la base de cet étrange comportement de soumission –qu'on pourrait presque ramener à un hara-kiri de l'homme occidental- n'a pas changé. D'où l'extrême pertinence de l'Essai sur l'art de ramper à l'usage des courtisans…

La traversée du texte sera peut-être éphémère (il se lit encore plus rapidement que le fameux Indignez-vous, c'est tout dire), mais il est toutefois certain qu'il laissera un agréable souvenir sur lequel on pourra revenir avec plaisir.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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UNE LEÇON ÉTERNELLE

Qui, aujourd'hui, se souvient et, mieux encore, lit les oeuvres du Baron Paul-Henri Dietrich d'Holbach ? Bien peu, gageons-le, et nous ne saurions en condamner personne à moins de commencer par soi-même. Et pourtant, c'est fort regrettable !

Savant - cause de ses nombreuses participations à la fameuse Encyclopédie de Diderot et D Alembert - mais aussi avocat, il ne fera oeuvre de philosophe que dans la seconde moitié de sa vie, la plupart du temps sous de nombreux pseudonymes (empruntés à des membres décédés de l'académie, ses textes étant emprunt d'un anticléricalisme et d'un athéisme trop vif pour pouvoir se déclarer ouvertement !). Il vécu, par ailleurs, une vie de noble très aisé et fut, entre autre chose, un ardent défenseur de Diderot auprès du Roi.

C'est en tant que philosophe ami et philanthrope des lumières - mais homme de cour, indubitablement - que de Holbach commet ce rapide texte jubilatoire et réjouissant dans lequel il manie la satire et l'ironie avec un talent proche de celui de ses contemporains, Diderot et Voltaire en tête. Prenant le contre-pieds exact du polémiste dénonçant en le décrivant avec précision et sans humour un état de fait qu'il exècre, le baron des lumières se place du point de vue des courtisans dont il force tant les traits que l'on comprend très vite qu'il les singe, les moque et les dénonce jusqu'à nous rendre insupportable ces personnages bien en cour capable des pires "abjections" (c'est le terme dont il fini par user) pour en arriver à leurs fins : profiter de la faiblesse, de l'orgueil ou de la bêtise du Souverain pour mieux profiter de ses prébendes. Cependant, après avoir très vite saisi la moquerie, d'Holbach n'a de cesse de régler ses comptes avec cette engeance pour laquelle on comprend qu'il n'a pas l'ombre du commencement du moindre respect, les définissant de cette manière dans les dernières lignes de ce violent libelle : "en un mot, un bon courtisan est tellement absorbé dans l'idée de son devoir, qu'il s'enorgueillit souvent de faire des choses auxquelles un honnête laquais ne voudrait jamais se prêter." En voilà un certain nombre rhabillés pour l'hiver !

Quoique ce texte ait pas loin de deux siècles et demi d'ancienneté, ni son propos ni son style élégant, enjoué, précis - dans le plus pur genre polémiste de la grande pensée française du XVIIIème siècle - n'ont pris une ride. Car si nous n'avons plus de Roi, de Souverain héréditaire, on ne peut s'empêcher à tous ces petits courtisans fielleux, mielleux, hypocrites, lâches et souvent méchants entourant les détenteurs de pouvoir, qu'il soit politique, professionnel, associatif, etc. Et les mots du baron à leur propos demeurent plus que jamais actuels, pour notre plus grand plaisir !
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Le baron d'Holbach, ardent partisan des Lumières, ami de Diderot, de Grimm, et collaborateur à l'Encyclopédie, est l'auteur de nombreux ouvrages forts subversifs pour l'époque.
Dans cet ironique « Essai sur l'art de ramper » l'on retrouve une forme d'humour proche de celle de Swift. On reconnaîtra aisément dans cette description nombre de nos contemporains, d'autant plus identifiables qu'ils sont généralement forts empressés à occuper les médias.
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