Je supplie la vie de faire une pause, et l´univers de cesser un instant de tourner : on ne prête jamais à la beauté du monde l´attention qu´on lui doit.
L'Afghanistan est sec comme les poignets des vieillards qui surveillent les rues. Comme un corps d'homme bien fait, aussi. Sa beauté n'a d'égal que sa pudeur et sa violence.
La simple idée de l'amour lui était devenue lointaine,presque étrangère,à la manière d'un pays d'enfance où l'on n'est jamais retourné.
Terrain de mille sentiments contraires, la capitale tremblait dans la lumière: belle de son foisonnement, belle de ses blessures, belle de sa violence, de sa douceur aussi. Belle et contradictoire, belle comme il se doit.
A tutoyer des paysages de cette sorte, les mots se dérobent. Au faite du plaisir, des bataillons de frissons et des larmes en ruisseaux témoignent de ce qui, catégoriquement, se refuse a former une phrase. Les doigts exsangues s´agrippent au sieges de la voiture. Shahara et moi avancons au rythme d´une musique dont la mesure est battue par des tirs de kalachnikov: ici les armes ont leur place dans l´orchestre. Depuis la ville de Bamyan, soixante-dix kilometres de piste menent vers les lacs suspendus de Band-i Amir, autant dire rien du tout si l´on songe a la superficie du pays, mais cette distance se couvre en trois heures que l´on souhaiterait voir s´étirer et s´étirer encore, tant la sensation est exquise de sillonner l´Afghanistan. Je supplie la vie de faire une pause, et l´univers de cesser un instant de tourner: on ne prete jamais a la beauté du monde l´attention qu´on lui doit.
Terrain de mille sentiments contraires, la capitale tremblait dans la lumière: belle de son foisonnement, belle de ses blessures, belle de sa violence, de sa douceur aussi. Belle et contradictoire, belle comme il se doit.
Les familles se construisent au hasard des rencontres. On ne choisit pas les siens, mais on les pleure toujours. Le sang, les molécules, les couleurs des iris, les profils similaires, les expressions communes, quand bien même cela fait cinq années que l'on a pas touché le bras d'un frère aîné
C'est très facile de ne plus aimer. Il suffit de ne plus jamais regarder. De ne plus jamais respirer. De ne plus jamais entendre.
A tutoyer des paysages de cette sorte, les mots se dérobent. Au faite du plaisir, des bataillons de frissons et des larmes en ruisseaux témoignent de ce qui, catégoriquement, se refuse a former une phrase.
Et chaque soir, à la nuit bien tombée, je traque les mots. Dans cet exercice, on en oublierait presque de respirer, lorsqu'il s'agit de s'enfouir au-dedans, au plus profond de soi, et dans le même temps d'exploser au-dehors. On se sent certains jours comme une foreuse affolée qui ne sait plus ce qu'elle doit transporter du ciel ou de la terre. Immense est la fatigue à laquelle on est bien obligé de se laisser aller. On se prend à rêver de bras si dignes d'amour qu'ils vous arracheraient à la pensée d'écriture.