Les ombres des roches sous-marines produisent des zones de bleu forêt.
Le monde d'ici s'efface, habituellement pris dans des rapports de demi-teintes. A l'éclat contrasté, à la brillance proclamée de la beauté méditerranéenne, se substitue la sourdine insinuante, l'empreinte définitive en moi de la beauté atlantique.
L'eau est très claire, presque sans couleur, sous un ciel couvert.
Les plages préférées peuvent sembler dues au hasard, interchangeables. En réalité, à nos yeux émerveillés, à notre coeur qui chaque été les retrouve avec amour, elles sont d'une importance vitale.
Ce matin, l'eau est verte, couleur manteau d'huître.
L'été, à Nice, je me réveille en trois fois, une première fois quand j'ouvre les yeux (les chants des oiseaux, à l'aube, ont déjà fissuré l'enclos de mon sommeil), une deuxième avec le café, une troisième, la plus vivifiante, le véritable éveil : quand je plonge la tête dans l'eau.
Il y a peu de livres dont les relectures régulières finissent par constituer un rite.
Tout est devant moi, dans un ciel légèrement voilé, une lumière à la Whistler, un bleu retenu, des lueurs orange mêlées de gris.
C'est tout enfant qu'une petite fille devrait commencer d'aimer son corps, de s'aimer, de se tracer un chemin d'indépendance qui rende impensable une quelconque complicité avec la croyance en une suprématie mâle.
J'ai repris le rythme de noter mes rêves, comme pour contrebalancer le rétrécissement de mes jours par l'effort de restituer aux nuits leur densité.