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Andy MacDonald (Illustrateur)
EAN : 9781949028706
120 pages
Aftershock Comics (05/10/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
A science fiction horror series about social media, big tech, and influencer culture.

It’s The Social Network meets Hellraiser. When the world’s biggest influencer posts something irredeemably horrific online, the world changes in an instant. Now it’s up to his social media manager, Anne Stewart, to fan the flames of outrage and create a sensationalist campaign that rewrites the rules of “banned content.” Thus begins a carnival of lust, revulsion, des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Horreur corporelle et sociétale globale
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les 5 épisodes, initialement parus en 2021, écrits par Zac Thompson, dessinés et encrés par Andy MacDonald, avec une mise en couleurs réalisée par Triona Farrell. Les couvertures ont été réalisées par MacDonald. Il contient également trois couvertures variantes réalisées par Trevor Henderson, Brett Hess, Casey Parsons, ainsi qu'un texte de 4 pages sous forme d'article de magazine consacré à Mylo Caliban, ainsi que trois pages d'étude graphique des personnages. Il commence par une introduction d'une page rédigée par le scénariste en juin 2021.

Une quinzaine d'années dans le passé, un nouveau-né est emmailloté dans un linge posé à même le sol dans un grenier, avec un gros pendentif métallique en forme de fleur accroché à son cou. Un peu plus loin, un individu dans une robe avec capuchon s'injecte le contenu d'une seringue dans l'avant-bras gauche. Une femme entre dans la pièce : elle découvre un homme nu, agenouillé devant l'enfant et une énorme excroissance biologique de deux mètres de haut qui recouvre le mur du fond. Elle crie le prénom de son enfant : Mylo. L'homme se retourne et prononce le prénom de sa femme : Alice. La silhouette encapuchonnée s'avance et saisit à pleine main le visage d'Alice, qu'elle déforme par son toucher. Au temps présent, Mylo Caliban s'adresse à ses abonnés à l'occasion d'une diffusion en direct sur internet : il présente ses excuses pour la mort accidentelle qu'il a causé en jetant un mannequin par-dessus le parapet d'un pont. En réalité, son monologue est différé par les responsables de son image de marque qui sont en train de réfléchir à comment le rendre diffusable : Anne Stewart et Dalton. Anne finit par prendre la décision de mettre en ligne tel quel sans coupure, et d'accompagner le mouvement des réactions. Ils utilisent un réseau social appelé MyCee, permettant d'avoir un compte MyCenet, des produits développés par l'entreprise MyCena, propriété de Bramwell Caliban le père de Mylos.

Anne Stewart explique à Dalton qu'ils ne sont pas responsables de la manière dont réagissent les centaines de millions d'abonnés au compte de Mylo, Leur métier est de changer la manière dont les gens pensent grâce à ce réseau indépendant, à l'aguet de ce qu'ils jugent acceptable, repoussant imperceptiblement ainsi les limites. Quand ça fonctionne, ça valide le contenu posté, et ça leur donne plus de pouvoir. La discussion étant parvenue à son terme, elle sort, alors que Dalton lui rappelle l'invitation de Bramwell à venir manger chez lui dans sa propriété à huit heures. En train de se détendre allongée sur son canapé, elle pense à ce qu'elle fait. Elle a brisé toutes les promesses qu'elle s'était faites. Elle ne parvient plus à faire preuve de sincérité, à dire ce qu'elle veut, à exprimer une émotion. Elle en est réduite à s'exprimer dans un jargon dépourvu de sens, parlant de choses qui n'ont aucune réalité, juste pour remplir l'objectif de communiquer.

Créée en 2015, la maison d'édition Aftershock Comics publie quelques séries par mois, essentiellement des histoires complètes en 4, 5 ou 6 numéros, des histoires de genre, souvent avec une touche horrifique, parfois couplée avec de la science-fiction, de la Fantasy, ou de l'anticipation. le lecteur plonge dans ce récit : la dimension horrifique est bien présente sur la couverture, avec cet homme dépecé, auquel il manque une partie des tissus musculaires, peut-être en formation. Il y a une grosse créature sous forme d'excroissances purulentes dès la page 2 du premier épisode. Les traits du visage d'Alice semblent aussi malléables que de la pâte à modeler en page 3. le dessinateur impression par son investissement pour dessiner avec un haut degré de détails, pour donner à voir ces horreurs : Bramwell en train de découper un quartier de viande sur une carcasse (le lecteur se demande une carcasse de quoi ?), un individu qui se suicide en s'enfonçant un couteau dans la gorge, un autre qui récupère l'objet ensanglanté dans la gorge, la captation d'une autopsie amateure, la tête d'un cadavre déchiquetée par des chiens de garde agressifs, la propagation de champignons. Il parvient à rendre réaliste tous ces moments d'horreur corporelle, aussi inventifs soient-ils, rendant palpables les éléments transgressifs de l'histoire.

S'il ne le remarque pas, le lecteur peut voir dans les 3 pages de conception graphique en fin de tome, le travail effectué par MacDonald pour rendre concrète et plausible la technologie innovante de téléphone portable. Là encore, la narration visuelle est un facteur essentiel dans la conviction nécessaire pour que le récit fonctionne. L'artiste a également investi un temps conséquent pour donner une apparence aux personnages, à la fois normale, à la fois facilement reconnaissable, avec une petite touche très légère d'anticipation sur les tenues vestimentaires. le lecteur peut donc se projeter dans un quotidien proche du sien, présentant des décalages technologiques (les écrans holographiques), et des éléments tout à fait normaux comme les bâtiments, les meubles, ou encore les rues. du coup, il est un peu étonné par une structure étrange de bâtiment qui semble normale pour tout le monde, mais qui appartient visiblement au domaine de l'anticipation. Il se rend également vite compte que la narration visuelle est dense, et qu'il absorbe beaucoup d'informations en regardant les images, que ce soient les personnages, leurs gestes et leurs mouvements, les appareils technologiques, les environnements, les actions.

Le récit commence donc dans l'horreur très classique : un nourrisson sans défense, une silhouette encapuchonnée, une sorte de rituel sacrificiel. Puis il passe en mode anticipation avec ses téléphones portables d'un genre nouveau, une technologie exclusive, et un réseau social associé : le lecteur se retrouve en plein coeur de l'appréhension des réseaux sociaux, entre fascination pour des individus avec des centaines de millions d'abonnés, et angoisse quant à cette globalisation généralisée fonctionnant sur l'émotionnel aux dépens de la réflexion, de la prise de recul, de la réalité, de la vérité. D'ailleurs, les réflexions d'Anne Stewart vont dans ce sens-là : mettre toute son énergie professionnelle et personnelle dans le seul objectif d'augmenter le nombre d'abonnés afin d'augmenter le profit, peu importe les faits ou les conséquences. Puis le récit revient dans l'horreur avec le suicide. Il passe même en mode fantastique avec une sorte d'entité peut-être maléfique au nom représenté par un sigil dans les phylactères. le lecteur est totalement pris dans ce récit à plusieurs facettes. Il a bien compris que Bramwell Caliban est le méchant de l'histoire : ayant comme objectif le profit de son entreprise MyCena, jusqu'à faire de son fils un produit mondialisé, sans se préoccuper de l'effet que cela peut avoir sur cet adolescent (oublié le concept d'éducation), mais aussi avec un objectif sous-entendu relatif à la biotechnologie et à cette entité surnaturelle. Que va-t-il advenir d'Anne Stewart ? Parviendra-t-elle à s'extirper de sa position au sein de MyCena pour revenir à son ancienne vie de Zoe Finch et à sa fille Abigail ? Que cache la biotechnologie ?

Dans son introduction, Zac Thompson présente son histoire comme un commentaire sur la technologie moderne, les réseaux sociaux, l'amincissement des frontières entre les individus avec la globalisation des réseaux sociaux. À la fin du récit, le lecteur a l'impression que le scénariste en a peut-être rajouté un peu de trop en termes d'ingrédients (par exemple l'entité surnaturelle Vedma) au point de noyer son propos initial. Dans le même temps, il est très impressionné par la manière dont il a réussi à lier le monde virtuel au monde réel et à la chair par le biais de cette biotechnologie, en utilisant le des Fungi, aussi appelés Mycota ou Mycètes ou fonge. Il est un des rares auteurs à être parvenu à trouver une idée pour montrer le lien physique entre le corps de l'individu et sa vie psychique virtuelle, sans passer par ce moment magique où une femme ou un homme est projeté physiquement dans le virtuel, toujours difficile à avaler. S'il fait l'effort de garder à l'esprit le fil directeur du bouleversement qu'est l'avènement des réseaux sociaux mondiaux, le lecteur retrouve bien les interrogations qu'il génère, à commencer par ces individus capables de capter l'attention inconditionnelle de centaines de millions d'individus, sur la base de leur image artificiellement construite et diffusée de manière dématérialisée. Il ressent l'aliénation de Mylo Caliban, le fanatisme aveugle de certains abonnés prêts à se tuer pour leur idole, l'impossibilité pour les professionnels fabriquant cette idole de toute pièce, d'appréhender dans sa globalité, ce à quoi ils participent à créer. Une sensation vertigineuse saisit le lecteur face à ces considérations et au comportement des personnages.

Au vu de la couverture, le lecteur est parti pour un récit d'horreur corporelle, aux dessins a priori marquants. Petit à petit, il s'immerge dans cette anticipation très proche du quotidien, grâce à une narration visuelle riche montrant concrètement ce monde. Rapidement, il comprend que le thème est celui des idoles sur les réseaux sociaux, et de la manière dont elles sont fabriquées et animées. Dans le même temps, il s'attache aux individus pris dans cette machinerie qu'ils ne peuvent pas appréhender dans sa globalité. Même si l'histoire s'avère touffue, il est autant fasciné par l'horreur corporelle que par la transformation inéluctable de la société s'opérant inéluctablement au travers de l'omniprésence planétaire des réseaux sociaux.
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