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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le voyage à valeur humaine dans toute sa splendeur !
Je pourrais noircir des papiers au fusain, pour saisir ces ambiances, ces portraits où les lumières violentes éclatent à chaque page...
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L'écrivain voyageur Colin Gerald DrydenThubron est né à Londres en 1939. Il a travaillé dans l'édition et réalisé des documentaires pour la télévision mais depuis longtemps maintenant, l se consacre à l'écriture de romans et récits de voyage. le présent ouvrage En Sibérie, est paru en 1999 mais traduit en Français que depuis 2010.
Colin Thubron est un voyageur cultivé, on pense à son compatriote Patrick Leigh Fermor, journaliste dans l'âme. Ses récits de voyage ne se contentent pas de descriptions de paysages bucoliques ou de couchers de soleil pour cartes postales. Quand Thubron part pour la Sibérie, il s'est fixé un plan de route allant d'Ouest en Est, de Iekaterinbourg, lieu du martyre de la famille du tsar, jusqu'à Magadan et la Kolyma de sinistre mémoire, au bord du Pacifique. Seul avec un bagage léger, mais parlant suffisamment le Russe pour se faire comprendre et interroger les hommes et les femmes qu'il rencontrera durant ce long périple.
Le voyageur prend son temps, passant du train au car, du bateau au bus, ne sachant pas à l'avance où il dormira le soir, jamais inquiet dans l'adversité, bien dans la lignée de ces illustres Britanniques grands arpenteurs de notre planète. Si les paysages ne sont pas le point fort de ses récits, c'est parce que l'écrivain sait que le plus important est ailleurs, il est dans la richesse inouïe des rencontres fortuites jalonnant son parcours.
Et il en croise des gens étranges. Il y a un soi-disant descendant de Raspoutine, une vieille femme rescapée des camps de travail du goulag, un moine bouddhiste, un major du KGB devenu chapelain baptiste, Sacha le scientifique « qui restait des nuits entières à bosser dans un grand bâtiment sinistre, baptisé Institut de médecine clinique expérimentale ». Et tant d'autres encore, tous petites gens du peuple, issus de minorités ethniques souvent.
Chacun, chacune raconte sa vie, telle qu'elle fût jadis, telle qu'elle est devenue aujourd'hui car des ombres sombres planent au-dessus de ces populations et de ce pays, Staline, Lénine, le communisme, ont marqué à jamais les esprits et les corps, du moins pour les survivants. Quand Colin Thubron entreprend son voyage, il n'y que dix ans d'écoulés depuis l'effondrement du régime communiste, il faut se remettre dans ce contexte historique pour mieux appréhender les propos des intervenants.
Toutes ces rencontres et lieux visités permettent à l'auteur d'évoquer les sujets les plus divers, les traditions du peuple des Scythes ou des Enètses, le retour de la religion, qu'on parle d'orthodoxie ou de bouddhisme, voire des chamans, ou bien encore l'éternel problème du continent russe, l'alcoolisme.
Travail sur la mémoire, réflexion sur le passé, Colin Thubron sous couvert d'un livre de voyage, nous embringue dans un portrait émouvant d'une nation dévastée, où ne semblent survivre que des fantômes et des rescapés, mais il précise « Ce n'est pas la nature qui a fait de la Sibérie un enfer, c'est l'homme ! ».
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Pas une critique, seulement mes notes de lecture sur les étapes du voyage de Colin Thubron, "en Sibérie" :

- Iekaterinbourg : ville historique fondée en 1723 par Pierre le Grand, où fut assassiné le dernier Tsar.

- Tioumen : plus ancienne ville de Sibérie, fondée en 1586 par les Cosaques, et ses fastueuses demeures et églises en bois.

- Pokrovskoïe : village natal de Raspoutine.

- Tobolsk : capitale de la Sibérie jusqu'en 1824, dont la cathédrale fut le siège du premier évêché de Sibérie fondé en 1621.

- Vorkouta : ville née des mines de charbon du goulag.

- Omsk : ville industrielle, non détruite par la guerre. Des rues du XIXe siècle, le fort où Dostoïevski fut emprisonné durant 4 ans.

- La ferme Retchnoï : vestiges de camps de travail staliniens.

- Novosibirsk : troisième plus grande ville de Russie en superficie. L'auteur décrit l'impression de vide laissée par cette ville d'une démesure toute stalinienne, avec son opéra plus vaste que le Bolchoï.

- Akademgorod : ville vouée à la Science. La momie de la princesse de l'Altaï est conservée au musée de culture sibérienne, avant son retour à Gorno Altaïsk.

- Gorno Altaïsk et son musée.

- Tumulus de Pazyryk : les kourganes, tertres funéraires gelés construits par les Scythes, dont les trésors sont aujourd'hui conservés au musée de l'Ermitage à Saint Petersbourg.

- Village musée de Chouchenskoïe : lieu d'exil de Lénine entre 1897 et 1900.

- Kyzyl : capitale de la région de Touva, fondée en 1914, où survit la culture des chamans.

- Krasnoïarsk : ville historique devenue métropole industrielle de plus d'un million d'habitants, elle conserve quelques beaux vestiges de son passé.

- Descente de l'Ienisseï.

- Doudinka : village sur "pilotis" au delà du cercle polaire.

- Potolove : village émètse au milieu de la toundra, où l'auteur séjourne à l'hôpital pour sa propre sécurité, la population étant ravagée par l'alcool et la violence.

- Severobaïkalsk : ville avec des maisons en bois "temporaires", ayant servi aux travailleurs de la ligne Baïkal - Amour.

- Lac Baïkal : le lac le plus profond du monde, avec 1600 m de profondeur, âgé de 25 millions d'années.

- Irkoutsk : ville séduisante avec ses belles demeures d'aristocrates en exil (les décembristes, du nom du soulèvement réprimé de décembre 1825). Fondée par les Cosaques en 1652. Obélisque et tombe de Grigori Chelikhov, le "Christophe Colomb russe", qui lança une expédition en 1783 et revendiqua le territoire de l'Alaska pour le compte de la Russie. En 1812 la compagnie russe d'Amérique, qu'il avait contribué à fonder, construisit un fort russe juste au Nord de San Francisco. le rêve s'acheva avec la vente de l'Alaska aux Etats-Unis en 1867.

- Oulan Oude : sa grande place vide avec une tête de Lénine géante sans corps, et sa cathédrale-musée dans laquelle s'entasse comme dans un débarras les témoignages de la culture bouriate bouddhique.

- Monastère bouddhique d'Ivolginsk.

- Tarbagataï et Kouïtoun : villages de vieux croyants, dans les vallées du Transbaïkal où la Grande Catherine les a installés à la fin du XVIIIe siècle.

- Novoselenginsk : ville où un missionnaire anglais du début du XIXe siècle voulait convertir les bouriates, et de là la Mongolie et la Chine.

- Skovorodino : ville dont part l'auteur pour aller voir le fleuve Amour, à Albazine qui est le lieu d'une importante bataille entre Russes et Mandchous au XVIIe siècle.

- Birobidjan et la région autonome juive de Birobidjan : 43 000 personnes y émigrèrent en 10 ans à partir de 1928. Lorsque l'auteur la visite, la synagogue peine à atteindre le quorum de 10 hommes nécessaire au culte.

- Komsomolsk sur Amour : fondée en 1932, la "Cité de l'Aurore" de Staline, regroupant usines d'armement et camps de concentration.

- Khabarovsk : ville moderne, grouillante de l'activité des marchands chinois.

- Iakoutsk : ville sur "pilotis", capitale des Yakoutes, peuple d'ethnie turque issu du Baïkal, surnommés les hommes de fer du Nord de la Russie. L'auteur décrit la résurrection artificielle de la religion païenne traditionnelle. le musée de la ville abrite un squelette de mammouth.

- Région de la Kolyma : "la Planète", région de camps de concentrations russes, comprenant l'endroit habité le plus froid du monde, Oïmiaka et ses -72,1°C. L'auteur cite quelques victimes ayant témoigné de l'enfer du goulag : Ievguenia Ginzbourg, Mandelstam, Chalanov.

- Magadan : triste "capitale du goulag".
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Colin Thubron, écrivain britannique, a fait de nombreux voyages dont il a tiré des récits.
Cette fois c'est la Sibérie qu'il découvre au cours d'un voyage qui le mène d'Ouest en Est de cet immense territoire.

Il voyage seul, sans savoir à l'avance où il dormira, se fiant aux rencontres au jour le jour.
Il parle suffisamment bien le russe pour pouvoir communiquer, cela lui permettra de se rapprocher d'un chamane, d'un moine bouddhiste, d'un descendant de Raspoutine, d'un scientifique et de bien d'autres personnages d'un peuple extrêmement bigarré.
Pourtant l'âme russe et encore plus l'état d'esprit sibérien est bien là, mélange de fierté et de soumission, dans cette région immense qui a du accueillir le Goulag et les déchets nucléiares.
Quand il fait ce voyage, le régime communiste ne s'est effondré que depuis dix ans et ces lieux à des milliers de km de Moscou n'ont pas vraiment changé.
Quant au peuple, il s'estime laissé pour compte des évolutions actuelles, le chômage est endémique, les jeunes essaient de partir....

Malgré quelques belles descriptions de lieux et de paysages, l'ensemble du récit donne un portait très sombre de ce pays.
Est-ce pour cela que je n'ai pas été envoûtée comme je le suis d'habitude par les récits de voyage ?
La construction elle-même, très classique (à chaque chapitre rappel historique, puis arrivée dans la ville ou le village, puis rencontre avec les habitants) donne un ton un peu répétitif à ce livre.
J'ai découvert beaucoup de choses de ce pays mal connu mais je suis passée à côté du "coup de coeur" que j'espérais !
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L'auteur écrit avant 2000 et le pouvoir de Poutine, donc il décrit une Sibérie particulièrement sordide.
Il recherche les traces du Goulag et les éventuelles résurgences religieuses mais il évite les villes industrielles, donc actives et les lieux loin de tout, où , éventuellement des peuples continuent une vie traditionnelle équilibrée. Ces choix ne laissent place qu'à une Sibérie délabrée, rongée par la vodka et le chômage.
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Assez déçu par ce voyage ... on y apprend certes pas mal de choses (je vous laisse lire des critiques qui en font cas) mais le style est assez plat, plat,plat (pas d'envolées, pas de distance, même les rencontres censées animées ce récit sont froides et pénibles). J'avoue que j'ai traversé certaines pages du livre comme un passager du transsibérien anesthésié par des paysages monotones.
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