Fallen crest, tome 2

C’était une bonne douleur. Quelque chose se déverrouillait en moi, et c’était grâce à lui. J’avais tout gardé en moi jusque-là, histoire de ne rien sentir mais, avec Mason, je ne pouvais que ressentir. Et ça, parce que c’était lui. Parce qu’il m’aimait.

Je regardai Mason faire le tour de l'Escalade pour venir s'installer au volant. Il semblait tendu. Le Mason que je connaissais serait rentré dans la maison et aurait provoqué un scandale. Mais celui-ci ne fit rien. Il était la forteresse qui me protégeait. Il ferait un scandale une autre fois.

Jamais je n’avais vu une fête pareille. Le manoir était plein de gens. On avait laissé les portes ouvertes, et le flot des invités se déversait dans le jardin de devant. L’allée des voitures contournait une grande fontaine où quelques filles s’amusaient à barboter. Leurs t-shirts trempés et leurs cheveux en bataille leur donnaient un air ultra-sexy. Les garçons qui traînaient autour, un verre à la main, appréciaient visiblement le spectacle. Plus d’un s’échauffait en imaginant comment la soirée risquait de se terminer. Ils voulaient du sexe… et sans attendre. L’une des filles poussa un glapissement tandis que l’un des garçons la sortait de l’eau en la soulevant dans ses bras. OK… je préférai passer sans m’arrêter. Les soirées de Fallen Crest Public étaient considérées comme les plus réussies, mais celle-ci avait déjà une tout autre classe.

Je ne pensais plus, je ressentais. Quand on arriva ensemble au bord de l’extase, Mason ne traîna pas. Il poussa une dernière fois, mais au plus profond de moi. Et je basculai dans le vide entre ses bras, mon corps férocement arc-bouté contre le sien, ma tête rejetée en arrière, saisie d’un spasme à peine supportable.
Sans me laisser le temps de retomber, il me passa une main sous les reins et m’attira contre son torse. Mon corps trembla et un deuxième orgasme déferla en moi. Je criai, m’accrochai à ses épaules, tremblant d’un plaisir infini.

C’est illégal de coucher avec une mineure. Il a dix-huit ans. Ça lui aurait collé à la peau pour le restant de ses jours.

Tout mon corps, mes membres hurlaient de douleur, et je me laissai brusquement tomber sur la chaise près du bureau. J’ignorais ce qui se passait derrière moi. Je n’entendais plus rien, je ne sentais plus rien, mais ça n’avait plus d’importance.
Je les avais détruits.

Je savais toujours quand elle voulait quelque chose parce qu’elle mettait alors sa robe rose pastel et caressait David dans le sens du poil. Elle usait de tous ses charmes pour obtenir ce qu’elle désirait, et ça marchait à fond. Il se laissait avoir en permanence et, à première vue, James Kade n’était pas très différent. Elle aurait pu me battre à mort, il lui suffisait ensuite d’un regard humide et d’une lèvre tremblante pour le faire craquer.

Sa bouche fiévreuse se fit exigeante, et je cédai sans lui opposer de résistance. Sa langue se glissa entre mes lèvres à demi ouvertes, pour venir caresser la mienne. C’était l’instant magique que je préférais. On était tous les deux liés, dedans comme dehors. Puis, j’en voulais davantage. Comme toujours. J’en voulais toujours plus avec lui.

C’étaient des gamins qui ne se la racontaient pas, qui vivaient à fond et qui se serraient les coudes. Ils étaient soudés, super unis, et savaient la fermer quand il le fallait. Ils n’étaient pas débiles non plus, même si ceux de mon lycée les considérés plutôt comme des abrutis. Et je savais qu’il venait de se passer là quelque chose d’essentiel.

Je n’aimais pas éteindre mon téléphone. Non pas que je recevais beaucoup d’appels ou de textos, mais il était arrivé que Mason ou Logan se blessent ou se fassent agresser. C’est comme ça que j’avais manqué un appel de Mason alors qu’il venait d’être impliqué dans une sale bagarre, et je m’étais promis de ne jamais recommencer l’expérience. En même temps, il m’avait promis que si je refusais de prendre le moindre appel, il s’occuperait lui-même d’arranger les choses le lendemain avec ma mère et son père.