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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cela faisait longtemps que j'avais envie de découvrir la plume d'Alice Bradley Sheldon (1915-1987) plus connue sous le nom de James Tiptree Jr.

Une novella parue dans la collection Une Heure Lumière est toujours un bon plan, surtout si celle-ci a été récompensée par un Nebula (1976) et un Hugo (1977).

Nous suivons ici les trois astronautes du Sunbird « perdus » dans l'espace après avoir traversé une éruption solaire. Ils tentent de contacter Houston mais n'obtiennent aucune réponse.

Un vaisseau inconnu va leur venir en aide, ils sont surpris par le nombre de femmes qui se trouvent à bord. Il est certain qu'elles possèdent toutes les réponses à leurs questions mais pourront-ils supporter la vérité ?

Difficile d'en dire plus sans divulgâcher. Une utopie féministe bluffante.




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Outre les nouvelles voix de l'imaginaire, la collection Une Heure-Lumière a aussi la volonté de remettre en avant des textes patrimoniaux.
Après La Chose de John W. Campbell, voici donc l'arrivée d'une grande autrice américaine : James Tiptree Jr (alias Alice Sheldon).
Avec Houston, Houston, me recevez-vous ?, novella de 97 pages récompensée par Nebula et Hugo, nous voici plongés dans un imbroglio temporel aux côtés d'une équipe d'astronautes américains qui ne s'attendaient certainement pas à faire un tel voyage…

Ils sont trois : Norman Davis, Orren Lorimer et Bernhard Geirr.
Trois astronautes américains embarqués pour une expédition autour du Soleil. Après une éruption solaire particulièrement intense, Houston ne répond plus et le Sunbird se retrouve seul au milieu du vide spatial.
Plus étrange encore, voici qu'une transmission d'un autre engin est capté par l'équipage. le Gloria serait même en capacité de les récupérer et de les ramener sur Terre.
Le problème ? C'est qu'il n'existe aucun appareil de ce nom… et que la Terre ne se trouve pas à la place où elle devrait être à cette période de l'année.
James Tiptree Jr imagine une histoire à première vue très simple.
Une expédition spatiale se retrouve projetée plusieurs centaines d'années dans le futur et découvre ce qu'il est advenu de la race humaine.
Un postulat vu et revu qui semble même un peu cliché.
Mais ne vous y trompez pas, l'objectif ici n'est pas tant d'imaginer ce qu'est devenue l'humanité que d'utiliser cet angle narratif pour une analyse féministe de la société humaine dans laquelle évolue Tiptree Jr.
En effet, on apprend assez vite que les hommes n'existent plus et que la Terre et ses conquêtes spatiales sont devenues des territoires uniquement féminins.
Nous sommes en réalité dans une utopie féministe imaginée par une autrice américaine des années 70… et qui refuse de vieillir !

En prenant contact avec le Gloria et son équipage, les trois astronautes américains vont découvrir l'ampleur de leur solitude mais aussi les changements radicaux qui ont eu lieu dans l'intervalle.
De façon complètement remarquable, en allant au bout des choses et en illustrant parfaitement son propos par trois archétypes masculins différents, James Tiptree Jr offre au lecteur une critique sans concession de la société patriarcale qui, si elle résonne comme avant-gardiste à la date d'écriture, semble encore et toujours d'actualité.
Chaque personnage porte en lui une misogynie plus ou moins assumée.
L'idée centrale de domination masculine, avec toute la violence qui lui est rattachée, se confond à la fois avec les stéréotypes mais aussi avec des notions qui tentent de cacher cette misogynie primordiale, à savoir la religion et la science. La femme est inférieure à l'homme et a besoin de ce dernier pour que le monde poursuive sa course vers l'avant. Voilà, au fond, ce que pense chacun des trois hommes de cette histoire, y compris notre narrateur, pourtant mâle « bêta » de son propre aveu et qui a dû endurer également moults brimades des « alpha » par le passé.
S'y rattache une culture de l'excuse, où l'homme est forcément bon au fond, il faut juste lui donner une chance, il faut juste le comprendre.
James Tiptree Jr est radicale, et elle l'assume. Ce qui donne d'autant plus de force à son récit. On pourrait arguer justement que cette description très manichéenne de la question féminine mériterait une nuance plus élémentaire comme a pu le faire Élisabeth Vonarburg dans Chroniques du Pays des Mères ou Sarah Hall dans Soeurs dans la guerre.
Mais ici, ce serait amoindrir le propos de fond qui tente de réfléchir sur les mécanismes de domination et d'emprise de l'homme sur la femme.
En résulte un texte violent mais qui fait profondément réfléchir.
Plus intéressant encore, James Tiptree Jr entrevoit d'autres problèmes sociaux et politiques plus larges qu'elle effleure mais qui semble cependant extrêmement intéressants. La surpopulation « réglée » par une épidémie et qui aboutit ainsi à un monde bien plus sain et paisible, le refus d'exercer le pouvoir comme un métier à part entière et donc ce filigrane qui veut que le pouvoir exerce une forme de corruption sur l'être humain.
La conclusion de cette novella, aussi impressionnante que glaçante, résonne toujours puissamment dans notre ère moderne, comme si James Tiptree Jr, ou devrait-on plutôt dire Alice Sheldon, avait réussi elle-même à voyager à travers le temps.

Histoire radicale et puissante, Houston, Houston, me recevez-vous ? est une réflexion au vitriol à l'encontre de l'homme et de sa violence. James Tiptree Jr n'est pas là pour ménager son lecteur et ça tombe bien puisque c'est cela au fond la vraie et grande science-fiction, celle qui secoue et retourne son lecteur sans lui demander son avis.
Lien : https://justaword.fr/houston..
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Orren Lorrimer, le scientifique du vaisseau Sunbird, et les deux autres membres d'équipage, font un saut dans le temps de 300 ans alors qu'ils effectuaient une mission autour du soleil. Un vaisseau du futur les recueille. Il n'y a que des femmes. Un homme du 16eme siècle serait-il capable de comprendre tout ce que nous lui raconterions ? le voyage dans le temps et ses inévitables incompréhensions sont l'un des must de la science-fiction. On en redemande sur cette nouvelle société féministe sans le savoir que ces mâles alpha découvrent. Passionnant et radical d'une certaine manière. Et incroyablement moderne pour un roman écrit en 1976.
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James Tiptree Jr est le nom de plume de l'autrice américaine Alice B. Sheldon. Celle-ci a commencé à écrire dans les années 60 sous son pseudonyme et personne ne connaissait sa véritable identité ni le fait que c'était une femme. Ce fait a marqué les écrits de l'autrice et notamment Houston, Houston me recevez vous? novella publiée dans la collection Une Heure Lumière des éditions le Bélial'.

Trois hommes, le major Norman Davis, le docteur Orren Lorimer, et le capitaine Bernhard Geirr partent pour une longue mission destinée à faire le tour du soleil à bord de leur astronef, le Sunbird. Après une tempête solaire très intense, le contact est rompu avec le centre de contrôle de Houston. Les trois hommes perdent peu à peu espoir jusqu'à ce qu'un message étrange provenant d'un autre vaisseau soit capté : le Gloria navigue non loin d'eux et pourrait les secourir. Or, aucune autre mission n'a été envoyée aussi loin. Quel est ce vaisseau? Pourquoi la voix qui leur parle est-elle féminine? Les trois hommes vont aller de surprises en surprises.

Je m'arrête là pour ne pas trop en dévoiler, ce qui gâcherai la lecture de ce texte. C'est un roman profondément féministe. Il y est aussi question de la survie de l'espèce humaine. le texte date des années soixante-dix, et a un peu vieilli par moment. Mais l'autrice évite de situer réellement les dates, restant un peu floue, ce qui fait que l'oeuvre arrive à rester actuelle malgré tout. Surtout dans ces thématiques, car les droits des femmes sont encore loin d'être acquis à notre époque tout autour du monde. Alice Bradley Sheldon adopte un regard masculin à travers ses personnages principaux, en les caricaturant volontiers pour mieux dénoncer la toxicité de certains comportements masculins.

Houston, Houston me recevez vous? est ainsi un texte percutant aux thématiques bien actuelles. Ne vous laissez pas rebuter par l'année d'écriture de cette novella, elle vaut clairement le détour.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Découvrir un texte de 1976, d'une auteure américaine, écrivant sous pseudonyme masculin et dont je n'avais jamais entendu parlé: c'est aussi cela le charme de cette collection des Editions le Bélial.
Une très belle découverte, pour un texte assez court (par rapport à la moyenne des autres éléments de la collection), une petite novella, donc, mais très intéressante, rythmée et maligne.
Pour ne rien dévoiler; je dirais juste que l'auteure s'attaque à une problématique sociétale et imagine une évolution différente à la notre, une sorte d'uchronie. C'est assez bien pensé. le démarrage est lui aussi malin avec cette capsule spatiale, un peu paumée après sa rencontre avec une tempête solaire...
L'âge du texte ne se ressent pas si ce n'est par la façon d'aborder la problématique en question, assez novateur pour l'époque, je pense. On pourrait aussi penser que certains comportement sont assez caricaturaux, mais peut-être est-ce tout simplement notre regard actuel...

Je recommande. Evidemment.
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Un texte singulier, encore une fois, pour la merveilleuse collection UHL.
D'un côté on a un récit conceptuellement pionnier assez brillant dans sa construction comme dans son déroulé, et de l'autre on a des marqueurs réflexifs terriblement datés et une thématique générale mysogine assez difficile à lire sans grimacer.
Si ça n'avait été pour un petit accès de curiosité assez rare de ma part mais incroyablement bienvenu de ma part à l'endroit de cet auteur dont je n'ai jamais entendu parler avant cette lecture, j'aurais raté la clé de lecture de ce texte.
Et je serais sans doute passé à côté d'un coup de coeur.
Ça se joue à rien, parfois.
Lien : https://syndromequickson.com..
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