Unité de temps, unité de lieu, unité d'action, sont les trois règles du théâtre classique. C'est une comédie humaine que nous propose CélineTlili, avec
un simple dîner, véritable huis clos, où les quatre protagonistes vont évoluer bon gré mal gré vers un chemin radicalement différent de ce qui était le leur avant ce repas. Cette théâtralisation, d'ailleurs clairement évoquée dans le chapitre 31, permet de mettre l'accent sur les faux-semblants, les jeux de dupes, les mensonges, les trahisons, les arrières pensées des personnages. Il y a un enchaînement d'événements qui perturbent cette soirée, déjà sous tension du seul fait de la chaleur caniculaire qui sévit à Paris, et le peu d'enthousiasme manifeste des participants à ce diner. Chaque personnage est caractéristique, sans être caricatural, et permet de dérouler une analyse psychologique ou une introspection, qui s'élargit à des sujets de société : la place de la femme, son rôle (préparer le dîner ou diriger), la soumission, le patriarcat, être une femme qui réussit, choisir entre réussite professionnelle et famille, le poids des origines (étrangères vs aisée à qui le monde est dû)...
L'écriture est fluide et plaisante. Il y a une atmosphère un peu désabusée, mais sans ironie. Les femmes, aux profils très différents, s'en sortent mieux parce qu'elles décident enfin "d'arrêter de subir leur existence". Un premier roman très reussi qui obtient le tout premier prix
Gisèle Halimi.