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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Que signifie le mouvement des Gilets jaunes ? Todd dresse un état de la France en 2018 : elle s'appauvrit, le niveau éducatif baisse (y compris et surtout chez les classes dirigeantes !), depuis 1999 l'action politique n'est plus qu'un jeu, une comédie du « faire comme si », puisque tout se décide dorénavant à Bruxelles et à la BCE, l'Allemagne tenant les rênes, l'idée fondamentale de Todd étant que tous nos malheurs viennent de l'euro.
Pour analyser la nature du mouvement des Gilets jaunes l'auteur s'appuie sur une analyse des différents scrutins électoraux en les croisant avec des données sociologiques parfois étonnantes comme le taux de suicide. C'est parfois difficile à suivre, toujours passionnant. Je ferais à son étude une critique majeure : il est passé à côté d'une analyse de l'abstention, caractéristique fondamentale des consultations électorales depuis bien des années. (Lui même a d'ailleurs dit ne plus voter !).
Sa conclusion : la lutte des classes est de retour.
Tout cela est écrit avec humour et un goût du paradoxe profondément vivifiant et stimulant.
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Le titre est racoleur, mais le sujet est solidement argumenté.

Comme dans ses autres essais, Todd met en rapport des considérations anthropologiques, statistiques et historiques avec des faits d'actualité. Il fait, notamment, des parallèles auxquels nous ne sommes pas habitués, il nuance les perceptions que nous avons de la politique. On est loin des brûlots de Juan Branco.

Je n'ai pas été déçu par son argumentation au sens général ; mais, seulement par la psychologie fantaisiste qu'il se permet sur les élites, là on est dans le « feel good » complet : « les dirigeants sont éduqués, mais imbéciles, mais, la masse — prolétarienne —, par contre, est INTELLIGENTE ».

Il y a toujours de quoi boire et manger chez Todd ; malgré tout, je salue les nouvelles perspectives qu'il nous fait découvrir. C'est un essai complémentaire des nombreuses vidéos qu'il y a de lui sur Youtube.



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« J'essaie d'expliquer l'inexplicable » annonce Emmanuel Todd en présentant son livre : « La lutte des classes au XXI ème siècle ». Objectif ambitieux voire vaniteux ? Référence à Karl Marx provocatrice ou accrocheuse ? Emmanuel Todd, historien, démographe, essayiste, politologue… reste un trublion dans ses analyses sociétales et « La lutte des classes au XXI ème siècle » interroge, dérange, suscite réflexions.
Après le mouvement des gilets jaunes, Emmanuel Todd tente d'expliquer pourquoi la France connaît tant de luttes sociales. A partir de statistiques et des études précédentes, il constate que le territoire national est homogène. Il reconnaît que ses analyses antérieures sur la persistance des structures familiales traditionnelles et leur diversité dans l'espace ne sont plus valables.
Emmanuel Todd étudie les évolutions de la fécondité (en baisse), les résultats scolaires (en baisse) et annonce que la rupture de ces comportements s'opérera vers 2030. Il estime que la France entre dans un cycle socio –économique de 60 ans marqué par l'accroissement des inégalités, la baisse du niveau de vie, la multiplication des luttes.
E Todd dénonce la responsabilité de l'euro, il estime que l'euro a tout bloqué et qu'il intensifie la lutte des classes en France.
E. Todd expose une nouvelle cartographie des catégories socioprofessionnelles qui ont émergé en une génération (1992-2018). L' « aristocratie stato-financière » qui représente 1 % de la population et dont 0,1 % est constitué par les véritables « maîtres de l'Hexagone ». Elle en contrôle les décideurs issus de l'ENA qui détruisent l'activité en augmentant la puissance de l'état. Cette bourgeoisie privilégiée mais non dirigeante ne compte plus au sein de l'Union Européenne. L'Allemagne domine et l'ignore.
Ainsi 99% de la population constate le décalage croissant entre les décisions de cette« aristocratie stato-financière » et le recul des services de l'Etat, la dégradation du tissu économique, la désertification des milieux ruraux…Le pouvoir aux mains de hauts fonctionnaires en vient à employer la violence pour imposer ses décisions. Emmanuel Todd compare ce mode de gouvernement au « modèle aztèque », où le pouvoir sacrifiait ses prisonniers pour maintenir son ordre politico-religieux.
Emmanuel Todd dans une dernière partie analyse la situation politique du moment. Désormais le bas de la société s'oppose à son haut en abandonnant son assise géographique. Un « choc externe »pourrait sortir la France de l'euro, de l'UE … et l'obliger, non sans grandes difficultés, à redéfinir un projet national. Les perspectives ne sont pas optimistes.
Au final, les premiers chapitres fondés sur les statistiques, l'analyse géographique, sociale… permettent une photographie intéressante et actualisée de la France. Les commentaires de l'auteur sur les évolutions politiques et les prospectives sont pessimistes, elles interrogent le lecteur. L'esprit critique est donc de rigueur mais l'ouvrage a le mérite de sortir du « politiquement correct ».
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Todd tente de répondre à un paradoxe national : comment l'Euro peut-il être en même temps un échec économique et un succès politique ? La société française est alors examinée sous différents angles depuis le traité de Maastricht jusqu'à la crise des Gilets Jaunes.

Todd voit une France déclinante depuis le traité de Maastricht dans laquelle toutes les classes sociales souffrent d'un déclassement. Les structures familiales et religieuses deviennent homogènes mais la stratification persiste à travers les études supérieures. Selon lui, l'explosion du nombre de diplômés permet un entre-soi sur lequel repose un sentiment d'appartenance de classe.

Les anciens clivages sociaux restent d'actualité dans un contexte où chacun voit son niveau de vie baisser. L'opposition est d'abord électorale : dans tous les départements, on observe une corrélation inverse très forte entre les votes Macron - candidat des citadins et employés du tertiaire - et le Pen - représentante politique des classes populaires de la France périphérique - lors du premier tour des élections de 2017.

Cette dichotomie entre gagnants et perdants de la mondialisation
ne concerne pourtant que 45% de l'électorat (proportion des votes Macron-Le Pen). Entre ces deux pôles se trouve une classe atomisée sur le plan politique et social, dépolitisée, sans conscience d'elle-même, occupant les professions intermédiaires et qui, bien souvent, fait basculer le résultat électoral.

En parallèle du jeu électoral, la société est subordonnée aux 0,1% les plus aisés : la classe stato-financière, fusion des hauts fonctionnaires et des grands dirigeants du privé. Cette strate, dans un contexte de perte de souveraineté induit par la monnaie unique et guidée par un sentiment antinational, a mis le destin de la France entre les mains de Berlin et de Bruxelles, donnant l'occasion à Todd d'écrire la phrase suivante : "en France, il n'y a plus de classe dirigeante, seulement une classe privilégiée".

La généalogie du mépris social à la française est alors dessinée : les élites, étant elles-mêmes humiliées sur la scène européenne, font preuve d'un sadisme social en répercutant cet affront sur les classes qui lui sont inférieures ; la bourgeoisie CSP+ reproduit ce mécanisme contre la classe prolétaire lepéniste ; puis, ces derniers, portant sur leurs épaules tout le poids du mépris, s'en prennent aux immigrés pour se soulager. C'est dans ce contexte qu'apparaît la crise des les Gilets Jaunes.
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Karl Marx n'en finit plus d'agiter le débat… Emmanuel Todd, célèbre démographe et anthropologue, met à jour la lutte des classes et circonscrit son analyse entre 1992 (Traité de Maastricht) et 2018 (crise des Gilets Jaunes).

Il appuie son étude sur de très nombreuses données et propose une analyse soufflante des strates conscientes, subconscientes et inconscientes de notre pays pour mettre à nue l'économie, l'éducation et les mentalités de la France. le chapitre consacré au mouvement social de l'intelligence est d'une clairvoyance rare. L'actualisation de sa théorie sur les structures familiales françaises est plus que perspicace. Tout comme sa psychanalyse de la dépression collective qui nous guette. Souverainiste assumé et démocrate remonté, son livre est explosif et in-dis-pen-sable !
Lien : https://www.laprocure.com/lu..
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C'est la fin des héritiers.
Todd n'aime pas le fixisme de Bourdieu.
Comme le titre le suggère, il fait souvent référence à Marx.
Il fait un point là où nous en sommes.
Différencie les familles souches, nucléaires et communautaires.
Donne plein de chiffres.
Bref, c'est un sociologue...
Mais sa mauvaise foi rend son travail moins pénible que la plupart de ses collègues (sauf Fourquet que j'aime bien aussi).
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