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EAN : 9782021319002
504 pages
Seuil (07/09/2017)
3.94/5   47 notes
Résumé :
De l’émergence d’homo sapiens à nos jours, cette brève histoire de l’humanité est délibérément tournée vers l’intelligence du monde tel qu’il se recompose sous nos yeux. Or, c’est dans les profondeurs les moins conscientes de la vie sociale, celles auxquelles Emmanuel Todd a consacré sa vie de chercheur, que gît l’explication de ce qui nous apparaît aujourd’hui comme le grand désordre du monde.

Il faut saisir la dynamique de longue durée des systèmes ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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À peine avais-je refermé cette « brève histoire de l'humanité » que déjà j'avais envie de la relire. Car c'est une somme. Ecrite dans un style limpide, certes, mais une somme tout de même, qui demande des efforts pour qu'on puisse synthétiser ses diverses articulations et comprendre comment se justifie l'évolution de l'humanité, de l'homo sapiens à Donald Trump.

C'est passionnant ! Réellement passionnant ! L'évolution de l'humanité est décrite avec un recul remarquable, qui tranche radicalement avec les analyses que nous proposent les médias de notre quotidien. C'est passionnant de comprendre l'impact des structures familiales sur la culture des différentes nations. Dans telle partie du monde, les familles sont « nucléaires » poussant les enfants à quitter au plus vite le nid familial, dans telle autre partie, les familles ont une organisation patriarcale, les frères pouvant être égaux ou pas. Il s'en suivra des cultures différentes avec plus ou moins d'ouverture, plus ou moins d'acceptation de l'autorité, etc.

Emmanuel Todd met aussi en évidence l'importance du niveau d'éducation ou de la religion (à propos, il explique en particulier comment le protestantisme à favorisé l'alphabétisation, pour que chacun puisse lire la Bible dans le texte). Il explique l'évolution de la place de la femme, d'une manière qui en surprendra plus d'un. Il fait aussi remarquer comment le rejet des Noirs aux États-Unis a contribué à souder la communauté des Blancs. Et j'en passe !

On comprend mieux la difficulté, voire l'impossibilité, de souder les peuples dans une globalisation aveugle.

Par ailleurs, personnellement, j'éprouve toujours beaucoup de plaisir à voir un maître à l'oeuvre, que ce soit un musicien virtuose, un grand sportif, ou un chercheur qui a atteint un haut niveau d'expertise. de ce point de vue-là, j'ai été comblé ! C'est magnifique de voir Emmanuel Todd organiser les résultats de ses recherches en un tout cohérent. On sent la maîtrise, on ne peut qu'être convaincu. Il nous entraîne aussi par moment dans le cheminement de ses recherches, montrant comment il s'était égaré pour ensuite revoir ses hypothèses.

Après une première passe relativement « passive » qui m'a permis d'entrevoir tout l'intérêt de ce livre, il faudrait maintenant que je le reprenne plus activement, que je l'étudie. Mais pourquoi la vie est-elle si courte ? :-)
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C'est le troisième livre que je lis d'Emmanuel Todd, après les luttes de classe en France au XXIe siècle et la défaite de l'Occident. Dans où en sommes-nous Emmanuel Todd embrasse un sujet beaucoup plus vaste, ce qui rend ce livre sans doute plus ardu que les deux autres. Dans une approche de l'histoire toujours centrée sur. les systèmes familiaux, autour de laquelle gravitent la religion, les progrès éducatifs, l'auteur nous retrace la fresque d'homo sapiens à homo-economicus. Fidèle à son goût pour les digressions, Emmanuel Todd ajoute à cette étude une vision contemporaine de l'Amérique avec l'élection de Trump en 2016, de l'UE avec les méfaits de la monnaie unique, et de l'originalité de la Russie qui est une exception à sa théorie globale.
Comme toujours, l'auteur. Ajoute dans le livre toutes les références qui servent à étayer ses propos. Tout juste peut-on reprocher l'omniprésence de la littérature anglo-saxonne. de nombreuses études. tableaux et graphiques permettent au lecteur de suivre le cheminement intellectuel de l'auteur. Ce dernier nous fait partager ses doutes, les limites qu'il entrevoit à ses théories, mais surtout il nous emporte dans son cheminement intellectuel. Ainsi, le lecteur peut en suivre les détours et arriver à la conclusion d'une façon aussi claire que si elle était présentée dans un cours magistral. J'ajoute qu'il n'est nul besoin d'aller dans les détails profonds de l'analyse pour saisir l'essentiel de ce livre.
Voici un exemple concret : la révolution industrielle anglaise. Todd soutient que la structure familiale anglaise, nucléaire par essence, qui a permis ce bond. Dès le dix-huitième siècle. En Angleterre, les enfants qui étaient leurs parents jeunes. le principe d'héritier unique a incité les non héritiers à quitter le foyer familial pour s'émanciper. de souci pour conséquence. Une urbanisation importante de la population. Ainsi qu'une qualité des moyens de transport en avance sur les autres pays d'Europe aux structures familiales différentes. H, la révolution industrielle a aussi été permise. Parce que très tôt, un système de sécurité sociale a existé pour subvenir aux besoins minimum des personnes âgées et aider les jeunes à s'installer dans l'agriculture. L'abondance de charbon, la performance du système bancaire anglais furent des catalyseurs, mais la structure familiale nucléaire et homogène en Angleterre en était la condition nécessaire. Emmanuel Todd insiste aussi sur la présence de la religion protestante, qui fut l'une des premières à imposer l'alphabétisation des masses par la nécessité de comprendre les textes religieux. Et ceci, dès l'apparition de l'imprimerie vers 1450 avec Gutenberg.
Peut-être ce livre est éclairant par la démarche à la fois originale et surtout documentée qu'il propose pour étudier l'histoire. Une telle ignorance de la dimension sociologique et familiale des êtres humains pour éclairer le sens de l'histoire conduit à des erreurs manifestes, ou des interprétations parfois simplistes. Je ne résiste pas à proposer un dernier exemple : l'homo-economicus, un être humain purement rationnel et maximisateur de sa satisfaction en utilisant au mieux ses ressources. Cet être théorique guide le modèle néoclassique et mondialiste de l'économie. Pourtant, il est bien évident qu'aucun être ne saurait se réduire en ce profil, car chacun d'entre nous dispose d'une culture, d'une expérience familiale et d'une éducation, qui priment ou orientent nos choix.
J'en termine avec une phrase issue du post-scriptum de où allons-nous ?, afin que vous puissiez également apprécier l'éthique de Todd et son objectivité. Il traite de l'adhésion populaire que doit recevoir toute démocratie moderne en équilibrant l'égalitarisme éducatif avec l'élitisme social : « il nous faut parvenir à concilier les valeurs des gens d'en bas et celles des gens d'en haut, la sécurité des peuples et l'ouverture au monde. Parce qu'une démocratie ne peut fonctionner sans peuple, la dénonciation du populisme est absurde. Parce qu'une démocratie ne peut fonctionner sans élite, qui représente et guide, la dénonciation des élites en tant que telle est tout aussi absurde. »
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Une lecture enthousiasmante, une plongé dans le subconscient et l'inconscient de nos sociétés humaines.

C'est une vraie frappe sur l'épaule avec un "Kyosaku" réveillant une conscience qui s'endormait durant une méditation assise (Zazen).

À lire l'essai d'Emmanuel Todd sur ses travaux, on pénètre le subconscient et l'inconscient de nos humanités collectives. Il m'a offert un nouveau sens pour comprendre ce que nous sommes, ce que nous avons été et ce que nous pourrions désirer pour nous même collectivement.

Cela me laisse songeur et plein d'espoir. Une fois qu'on accepte nos différences, on sait que l'on peut négocier notre avenir entre nations, entre éduqués supérieurs et nos socles solides qui ne le sont pas, éduqués supérieurs. Il nous faut accepter que nous appartenons aux mêmes mondes et avec des regards et des sens très différents.

Emmanuel Todd est un véritable artiste et réussit à exposer ses travaux avec la limpidité et la clarté indispensable pour atteindre notre compréhension. Maintenant, je comprends nos difficultés avec l'Europe.

Effet secondaire, deuxième effet "Kiss Cool" de cette lecture, il m'est apparu que l'esprit critique ne peut se développer que sur l'écrit, et très peu sur de l'image ou sur du son. L'esprit critique ce construit à partir du cœur, de nous-même, au plus profond de nous.
L'écrit est une seringue qui l'atteint, ce centre alors, que les arts visuels ou sonores ne sont que des pommades restant en superficie. Il est vrai que la musique et le théâtre peuvent préparer le terrain.

Peut-être que la danse également s'enfonce plus profond vers notre cœur.
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Passé en cours de lecture du statut de livre de l'année à livre de la décennie.

Hallucinant. Épatant.
L'étude des populations avec le filtre des structures familiales.

Famille souche, nucléaire, communautaire...
Pourcentage de mariage entre cousins et culture religieuse avec la notion utile et drôle de religion zombie décrivant le phénomène de halo. C'est vraiment des lunettes magiques que nous offre Todd, aussi puissantes que les bottes de sept lieux et procurant, en même temps un lien fort entre des faits aussi indiscutables qu'inexpliqués et un vertige certain. Beaucoup de pièces du puzzle trouvent leur juste place. Je regrette que mon vieux cerveau lent n'ai pas bénéficié bien plus tôt de ce courant aussi porteur que novateur.

Idéal pour prendre de la hauteur.

J'ai pris plaisir aux volées de bois vert administrées aux économistes orthodoxes et pontifiants. le cadavre de l'homo oeconomicus a été réduit en poudre impalpable. le rôle coupable d'Academia - que j'ai toujours pressenti -, est disséqué avec une précision implacable. La sortie de cette nasse est aussi indispensable qu'improbable.

Mais homo sapiens, trop souvent décevant, peut parfois être surprenant.

L'espoir est une monnaie de singe, mais c'est la seule qui nous reste.
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Dans le ronronnement des litanies médiatiques ce livre est comme un coup de cymbales car il remet en cause de manière radicale certaines affirmations et prédictions auxquelles la répétition tient lieu de véracité. Qu'on soit d'accord ou pas , on ne peut retirer à l'auteur , la hauteur de vue ( « histoire humaine » ) , la volonté de fonder ses affirmations ( son livre n'est certes pas une lecture de plage ) et le courage d'aller à contre-courant d'idées reçues . Quelle saine entreprise que celle qui bouscule nos certitudes ou nos préjugés et nous oblige à modifier nos grilles de lecture du monde actuel (et futur) ! Ne serait-ce que pour cela qu'Emmanuel Todd en soit remercié.
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critiques presse (1)
NonFiction
09 février 2018
Les structures familiales et la "mémoire des lieux" sont-elles les moteurs de l'histoire ?
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Un étrange sentiment d’impuissance règne en Occident, dans le contexte d’une révolution technologique qui semblait au contraire rendre tout possible. Marchandises, images et paroles circulent librement et rapidement. Nous sentons venir une révolution médicale qui permettra un allongement prodigieux de la vie humaine. Les rêves prométhéens s’enchaînent. Entre 1999 et 2014, la proportion d’utilisateurs d’Internet dans le monde est passée de 5 % à 50 %. Les pays ont été transformés en villages et les continents en cantons. Dans les pays les plus développés pourtant, le sentiment d’un déclin et d’une incapacité à l’enrayer se répand. Aux États-Unis, le revenu médian des ménages est tombé, durant la même période, de 57 909 à 53 718 dollars. La mortalité des Américains blancs de 45-54 ans a augmenté. La révolte de l’électorat blanc a conduit, en novembre 2016, à l’élection d’un candidat improbable, inquiétant, Donald Trump. De diverses manières, les autres démocraties semblent suivre l’Amérique sur cette trajectoire économique et sociale régressive. La montée des inégalités et la baisse du niveau de vie des jeunes générations sont des phénomènes presque universels. Des formes politiques populistes d’un genre nouveau se dressent un peu partout contre l’élitisme des classes supérieures. Nous sentons toutefois des variantes dans ces imitations. Tandis que le Japon semble vouloir se replier sur lui-même, l’Europe, désormais pilotée par l’Allemagne, se transforme en un immense système hiérarchique, plus fanatique encore que les États-Unis de la globalisation économique.
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page 201
"Mais qu'apprend-on aux collégiens et aux lycéens en ce début de IIIe millénaire, et que croient savoir nos élites de la montée du nazisme ? qu'elle fut en partie causée par les désillusions de la première guerre mondiale - ce qui est exact - et en partie par la crise économique de 1929 - c'est toujours vrai. Mais on oublie l'essentiel : l’effondrement de la croyance religieuse protestante entre 1870 et 1930 qui fut la véritable toile de fond historique et mentale de la séquence menant de l'agitation diplomatique de Guillaume II à la prise de Berlin par l'armée rouge en 1945."
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 La révolution éducative supérieure donne, certes, au principe hiérarchique une épaisseur nouvelle, et l’histoire qui se révèle à nous est, elle aussi, pour une part, nouvelle. Mais nous devons également admettre que l’Europe continentale, libérée par l’émergence allemande de la tutelle américaine, retrouve aujourd’hui le cours normal de son histoire, qui n’a jamais été, hors des Pays-Bas, de la Belgique, de la France et du Danemark, libérale et démocratique. Contemplons l’Europe de 1935 : partout des régimes autoritaires, après l’effondrement des démocraties implantées à partir de 1918 sous influence anglo-américaine et française. L’Europe continentale a inventé le communisme, le fascisme et le nazisme. Sa représentation en lieu de naissance de la démocratie libérale est une pure escroquerie intellectuelle. 
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Très difficile de citer des passage : je finirais par citer l'essai en entier mais celui-ci est adapté à Babelio :
"La lecture crée un homme nouveau. elle change le rapport au monde. elle permet une vie intérieure plus complexe et réalise une transformation de la personnalité, pour le meilleur et pour le pire."
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L’éducation supérieure protège désormais davantage contre la chute sociale qu’elle n’ouvre la voie à l’ascension. Et c’est en effet, la cause du regain d’intérêt pour les études longues dans les années récentes, qui révèle une quête de sécurité plutôt qu’un désir d’émancipation intellectuelle.
Dans la mesure où son financement est de plus en plus assuré par l’emprunt étudiant, la dette accumulée se chargera de faire baisser les revenus futurs, si elle n’aboutit pas à une forme quelconque d’asservissement économiques des éduqués supérieurs d’origine modeste.
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Videos de Emmanuel Todd (45) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuel Todd
En tête des ventes dans la catégorie essais, "La défaite de l'Occident" d'Emmanuel Todd, attire par ses thèses dénoncées comme pro-Poutine. Guillaume Erner le reçoit pour en discuter, avec également Bernard Guetta, député européen et ancien correspondant de presse à Washington et Moscou.
Visuel de la vignette : Maxppp, AFP
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