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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
+++Lu en VO - House of Names +++

Comme j'aime Colm Toibin ! Il se renouvelle dans chacun de ses romans avec la même force, le même talent.

Ici il nous offre une réécriture romanesque de l'Orestie d'Eschyle, ou du moins des deux premières pièces. En préambule nous sommes dans le palais d'Agamemnon où Clytemnestre prépare le mariage de sa fille Iphigénie avec Achille. Agamemnon a demandé à son épouse de le rejoindre sur les rives d'Aulis, vers les côtes de Troie, afin d'unir Iphigénie et Achille. Une fois arrivée, Clytemnestre s'aperçoit du piège que lui a tendu son mari afin de pouvoir sacrifier Iphigénie aux dieux et ainsi d'obtenir des vents plus favorables pour pousser sa flotte jusqu'aux rives de Troie.
Rentrée au palais Clytemnestre rumine sa vengeance et se jure de tuer son mari dès le retour de celui-ci de Troie. Afin d'assouvir sa vengeance, elle prend pour amant Egisthe qui l'aidera dans son dessein. Mais Oreste, fils évincé, d'Agamemnon sera celui qui vengera son père en revenant d'exil. L'histoire est connue et a été maintes fois reprise, sous des formes diverses depuis l'antiquité.

Colm Toibin parvient à la réinventer, en développant des aspects divers de cette histoire, les préparatifs du pseudo-mariage d'Iphigénie, la vengeance lentement mûrie de Clytemnestre (9 ans quand même !) avec un amant qui prend petit à petit le pouvoir et éloigne Oreste. Il raconte l'exil d'Oreste tenu emprisonné au loin avec d'autres enfants nobles de la cité, sa fuite et son long chemin de retour vers le palais en compagnie de Léandre. Toibin a choisi un style sobre,et écrit avec un détachement calme qui convient à merveille à ces temps antiques si éloignés de nous sans pour autant nous tenir trop à distance des tourments et de l'agitation intérieure des personnages.

Comme d'habitude, c'est magnifique dans un registre et un style complètement différents de ce que j'ai pu lire de lui jusqu'à présent.
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Il y a trois mille ans de ça (ou bien était-ce hier ?). Agamemnon se prépare à faire voile vers Troie avec son armée, pour venger l'honneur de son frère Ménélas et récupérer Hélène. Pour faire souffler le vent, les Dieux réclament le sang d'Iphigénie, la fille ainée d'Agamemnon. « Je te demande de m'épargner. Je demande à mon père ce qu'une fille ne devrait jamais avoir à demander. Père, ne me tue pas ! ». Mais le roi de Mycènes s'incline devant les oracles, et organise le sacrifice. Sa femme, Clytemnestre, ne le lui pardonnera pas.

Maison des Rumeurs, c'est la tragédie grecque des Atrides, remise en scène par Colm Toibin. Comme il a fait revivre la mère de Jésus dans le Testament de Marie (lire ma chronique par là), ici ce sont les voix de Clytemnestre, d'Oreste et Electre qu'il nous donne à entendre.

Dans une maison où des gens ont vécu, leurs noms mille fois prononcés, il reste, après le départ de tous, comme un écho de leurs pas, de leurs voix. Des rumeurs. Des souvenirs. Maison des rumeurs en français, House of Names en version originale. Colm Toibin fait ici reprendre corps à ces traces, leur insufflant vie et humanité. Les différents protagonistes ont à nouveau un coeur, une âme, des peurs, des motivations, des passions.

Tout part du sacrifice d'Iphigénie, mais surtout de Clytemnestre, pour qui la douleur d'avoir perdu sa fille, et dans de telles conditions, dessille les yeux : les dieux ne sont plus. Elle décidera seule de se venger, de noyer ses tourments dans le sang de son époux. Quand il reviendra victorieux de Troie, elle l'égorgera.

Colm Toibin interroge ce temps où les dieux ont commencé à détourner le regard des hommes – ou bien serait-ce l'inverse ? Comme dans le Testament de Marie, c'est une mère déchirée qui parle au début de ce livre. « J'ai oublié tant de choses. Cependant l'odeur de la mort s'attarde ». Une mère dont l'enfant vient d'être sacrifié sur l'autel de la religion et de la politique, une femme qui refuse de se soumettre au consensus général. Marie ne dit pas ce qu'on veut entendre d'elle. Clytemnestre invente le libre arbitre. « Parmi les dieux, plus aucun ne m'apporte son secours, plus aucun ne surveille mes actions ni ne connaît mes pensées. Je ne les invoque plus. Je vis seule avec la certitude que le temps des dieux est révolu. ». Etre humain, être conscient, c'est aussi chercher en soi ses propres réponses.

Colm Toibin interroge l'humanité profonde des êtres. A-t-on le choix de nos actes ? Par quoi sont dictés nos choix ? Les croyances, la tradition, le carcan de la structure sociale, ou serait-ce le rejet, la vengeance, le besoin de plaire, la peur de la solitude, de la mise au ban, le désir ? Quid de la liberté ?

On peut lire aussi Maison des Rumeurs comme un récit d'aventures pittoresque écrit avec précision et fluidité, plein de rebondissements, de drames, de trahison, de manipulations, d'amour, de loyauté et de haines, tissé de personnalités et de sensibilités finement ouvragées, des incarnations bouleversantes dans une composition d'envergure. J'ai énormément aimé cette oeuvre, sous toutes ses coutures ! Décidément, Colm Toibin est aussi bon dans tous les registres. Je l'adore.

« Je vais mourir, il ne peut en être autrement. Je n'ai pas le droit d'être amoureuse de la vie. Aucun d'entre nous n'a le droit d'être amoureux de la vie. Qu'est-ce qu'une vie ? Il y en a tant. Tant d'autres, semblables à nous, viendront et vivront. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Des mythes anciens devenus au fil des siècles tragédies classiques au théâtre, Colm Tóibín en restitue l'essence dans ce qui s'apparente presque à un thriller psychologique. Les grandes figures mythologiques que sont Agamemnon, Clytemnestre, Iphigénie, Electre et Oreste, pour ne citer qu'elles, évoluent finalement dans un palais où se multiplient complots et autres stratagèmes politiques sous-tendus par un ardent désir de vengeance. Et bien que d'autres lieux se fassent scène de certains évènements, c'est ce palais qui vient tout à la fois incarner et générer une atmosphère lourde, étouffante, qui ne nous quitte plus jusqu'aux dernières lignes. D'autres murs s'érigent alors pour renforcer cette oppression qui pèse sur les protagonistes avec tous ces non-dits, ces mensonges, ces dénis, comme si cela ne suffisait pas que la rumeur et les oreilles aiguisées viennent déjà alimenter un climat malsain. le palais est donc une prison dorée où chacun s'isole et s'enferme physiquement et symboliquement derrière des mots et des masques pour se protéger d'un autre diffus, capable du pire. Une menace constante qui, paradoxalement, du fait de l'architecture propice à la surveillance continue, incite à un rapprochement des corps, toujours dans l'ombre et le silence, pour mieux murmurer et comploter. Tout cela dans un état de tension permanent qui frôle parfois le sexuel.

Avant d'entamer cette lecture, je me suis lancé dans celle du "Testament de Marie", ouvrage qui patientait depuis un moment dans ma PAL, et qui me semblait nécessaire pour mieux appréhender l'auteur. En définitive, il en ressort sa capacité à capter un discours interne, à plonger dans l'intimité de personnages mythiques pour mieux les réinsérer dans une humanité qui nous est plus proche et qui peut faire défaut au format mythologique. Même le théâtre classique, pour le peu que j'ai pu en lire, me semble perpétuer cette aura particulière qui place ce genre de personnages dans une distanciation, un temps mythique inatteignable. Et j'ai beaucoup aimé cette manière qu'a Colm Tóibín de revenir à un matériau plus brut, l'émotion, la psychologie, et ce sans trahir le récit originel.

Au-delà de ses portraits ciselés et de sa réécriture d'un mythe célèbre, "Maison des rumeurs" c'est aussi une mise en scène de la vengeance et de l'inévitable cycle de violence qu'elle induit chez celles et ceux qui la provoquent et/ou la subissent. Chacun y va de sa satisfaction personnelle au détriment d'une justice qui jamais ne peut se réaliser car jamais invoquée. Les uns après les autres, les Atrides tombent que ce soit par l'homicide, l'infanticide ou le matricide dévoilant ainsi la réalité de ce qu'est la vengeance : ni plus ni moins qu'une impasse qui en appelle à toujours plus de violence et de sang.

Je remercie les éditions Robert Laffont et Babelio pour ce roman qui m'aura enfin mis le pied à l'étrier en ce qui concerne cet auteur irlandais qui me tentait depuis un petit moment déjà.

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J'ai adoré cette immersion au sein de la Grèce antique. Dans ce roman, l'auteur nous plonge dans la découverte du destin des Atrides, qui fut très sombre. Une vraie tragédie grecque que j'ai adoré lire !

Pour avoir les Dieux et les Vents avec lui, Agamemnon sacrifie sa propre fille, Iphigénie, en offrande aux Dieux. Ceci avant de partir pour Troie. Sa femme va alors vouloir se venger avec une toge empoisonnée. Oreste, leur fils, voudra venger son père, à l'aide de sa soeur Électre. Mais ce n'est pas sans compter sur la colère des Dieux...C'est un roman que j'ai vraiment beaucoup aimé : je suis vraiment friande de la mythologie grecque et en plus, la plume contemporaine ici, rend cette lecture agréable.

Si vous avez apprécié les romans de Madeline Miller, ce roman vous plaira sûrement ! Une très belle découverte donc, qui permet de découvrir un mythe d'une très agréable façon.
Lien : https://www.mamzellepotter.f..
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Tout d'abord je remercie la maison d'édition et Babelio, grâce à qui, via la masse critique, j'ai pu obtenir ce livre.

Cela faisait longtemps que je voulais découvrir cet auteur en tant que passionnée de l'Irlande depuis un voyage là-bas. La plume de cet auteur est tout simplement magnifique. le récit est divisé en plusieurs parties centrées sur différents personnages, chaque personnage ayant un style, une plume différente qui lui est attribuée. le récit de la mère et de la fille se fait à la première personne ce qui nous fait rentrer directement dans leur chagrin, leur tristesse, leur folie… Alors que le récit de Oreste qui ne fait que subir son destin se fait à la troisième personne, comme si lui même voyait son récit de façon aussi détachée que nous la voyons.

Clytemnestre, la mère est détruite par l'assassinat de sa fille par son mari, et assoiffée de vengeance. D'abord déterminée, prête à tout, elle s'enfonce ensuite dans sa tragédie, prise à son propre piège. L'auteur nous rend parfaitement sa force mais aussi sa fragilité, ses angoisses. Electre, digne fille de sa mère s'enfonce également dans sa propre folie, son propre monde, sa propre vengeance quand son frère lui ne fait que subir et se fait manipuler.

Je ne connaissais pas ce mythe avant la lecture de ce livre je l'avoue mais j'ai adoré le découvrir ! Je vais me répéter mais la plume de l'auteur m'a totalement transportée, je l'ai trouvée tout simplement sublime !

Le seul point négatif que je donnerais c'est qu'à cause de la quatrième de couverture « Dans les paysages sauvages qui rappellent les contrées isolées d'Irlande…. » je m'attendais à une réécriture placée en plein milieu d'une Irlande magnifique, hors rien dans le récit ne permet de nous placer en Irlande plutôt qu'en Grèce ou ailleurs….

Bref, j'ai adoré découvrir ce mythe et cette plume, c'est sûr ce n'est que le premier livre d'une longue liste de livres de cet auteur que je découvre !
Lien : https://lecturesda.wordpress..
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