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Maryla Laurent (Traducteur)
EAN : 9782882506962
304 pages
Noir sur blanc (02/09/2021)
3.77/5   44 notes
Résumé :
Nouvelle traduction - Editions Noir sur Blanc - ISBN 978-2-88250-696-2 - Parution : 02/09/2021

En Basse Silésie, aux confins de cette vieille Pologne, les paysages sont baignés dans un halo de brume grisâtre. La terre détrempée et boueuse se mêle au ciel bas et sans cesse pluvieux qui s'abat comme une chape de plomb sur des êtres sombres et presque sans vie. Tout ici semble avoir un goût âcre de terre. Dans cet univers où même les ténèbres sentent l'h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Début de lecture assez déroutant avant de me rendre compte qu'il valait mieux prendre l'histoire, les histoires plutôt, comme elles venaient et ne pas tenter de trouver un sens global au livre ! On prend une grande respiration, on laisse aller son intellect et on profite des mots !

Le point commun à toutes histoires est le lieu où elles se situent, dans un village en Basse-Silésie aux confins de la Pologne, à la frontière de la Tchéquie, avec son cortège de personnes étranges, rêveuses, terre à terre mais surtout de toutes époques !

Nous ne saurons pas grand-chose de la narratrice, ni de qui j'imagine être son conjoint, qu'elle nomme R., si ce n'est qu'ils font un séjour annuel dans ce village, dans les années 1990 !

Des fragments de vie contemporaine, de légendes aussi, un peu de spiritualité, beaucoup de poésie dans ces textes qui mettent notre imagination en mouvement : champignons, perruques, un moine qui se voudrait femme, déplacements de population à la fin de la guerre, l'automne qui est la saison de la région, cruauté et merveilleux se nouent et tissent un roman surprenant et onirique !

A déguster !

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Un roman de Pologne rurale, près de la frontière tchèque, un texte qui va dans toutes les directions.

C'est d'abord l'histoire d'une femme qui vit dans la montagne près de sa voisine Martha. On a les arbres fruitiers, Martha élève des poulets et a fabriqué des perruques. Elle raconte aussi toutes sortes d'histoires sur la région, sur les Allemands qui y ont vécu, ou sur toutes sortes de personnages hauts en couleur.

Le propos du roman est discontinu, car entrecoupé de légendes, parfois intéressantes, parfois moins. Par exemple, la vie de sainte Kummernis, vierge et martyre, ainsi que celle de son biographe m'ont un peu lassée, j'avais hâte de finir ces histoires, et ce n'est jamais bon quand on considère ainsi une lecture. (On trouve d'ailleurs cette sainte sous le nom de Wilgeforte dans Wikipédia.)

Heureusement, il y a la qualité de l'écriture imagée, le propos tantôt incisif, tantôt loufoque, tantôt ancré dans le quotidien banal, tantôt flottant dans l'imaginaire ou le philosophique.
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Quelle que soit l'oeuvre choisie, et elles sont assez diverses dans la forme, c'est toujours pour moi une expérience incroyable, ébouriffante et nourrissante de m'immerger dans l'univers d'Olga Tokarczuk et d'observer le monde à travers ses focales souvent inédites et toujours intéressantes : les réseaux micellaires, la poussée d'un cheveu ou encore les rêves des autres captés sur internet sont des prismes d'appréhension du monde que je ne trouve que chez elle, tout comme cette atmosphère suspendue entre pensée onirisée et rêverie fantastique.

Ce qui me plait particulièrement dans "Maison de jour...", son troisième roman, c'est sa fraîcheur, le naturel qui s'en dégage par rapport à son roman ultérieur "Les Pérégrins", plus mature, plus construit, plus reconnu aussi, mais qui, bien que construit sur un même modèle d'enchevêtrement d'histoires et réflexions subtilement liées les unes aux autres, dégage une énergie un peu moins spontanée.

Peu importe l'histoire, d'ailleurs irracontable, et dans laquelle j'ai à peine reconnu ce qu'en dit la quatrième de couverture: l'essentiel est dans le plaisir de lecture savouré chaque soir, tantôt auprès de la vieille et sage Martha qui tisse patiemment des perruques en été et hiberne en hiver, tantôt en immersion dans la vie d'une sainte à barbe, dans l'histoire d'un couple qui périclite, ou encore juchée comme ce cadavre sur la montagne à la frontière tchèque. Une expérience dont l'on ressort à la fois plus léger et plus riche.

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Il est impossible de résumer ce livre, qui malgré son titre de roman ne contient pas de récit structuré, il s'agit de fragments, de morceaux, d'histoires de personnes ou de lieux, mélangés à une sorte de journal de la narratrice, narratrice dont ne nous savons presque rien, et qui paraît pourtant ressembler à l'auteur elle-même. Elle nous y décrit une vie très quotidienne, banale et sans éclats, de cuisine ou de visite à une voisine, et pourtant le merveilleux, le magique, et l'extraordinaire se cache dans les gestes apparemment sans importance de tous les jours. Et puis d'autres personnages, vivant ou disparus depuis longtemps surgissent au fil des pages, au grès de l'inspiration de l'auteur, ils ont des liens plus ou moins lâches avec la narratrice, comme cette femme qui entend une voix, qu'elle essaie de retrouver, et qui vit une étrange expérience, et dont la silhouette croise la narratrice. C'est donc un mélange de voix, de bouts d'histoires, de recettes de cuisine improbables et pleines de poésies, nous entrevoyons des vies, dont le point commun semble être la solitude et l'impossibilité de partager son expérience avec les autres. Une tapisserie aux couleurs un peu passées, pleine de détails qui constituent à chaque fois un monde en soi.

C'est par moments extraordinaire, certaines petites histoires sont des petits moments d'anthologie, que l'on a envie de lire et de relire pour les savourer. le style est limpide et dépouillé, tout en possédant une grand force d'évocation. Mais je trouve la construction à la longue un peu frustrante, cette narratrice dont on ne sait rien, qui ne se livre pas, devient lassante, et la juxtaposition de morceaux sans lien apparent, tout au moins pour moi, commence à moins bien fonctionner au bout d'un moment à mon sens . C'est néanmoins une lecture troublante et qui laisse des traces, et je poursuivrai l'exploration de l'auteur.
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Lorsque la Forêt-Noire n'est pas délicieuse ni même comestible, qu'elle se révèle au contraire vénéneuse, lorsque ce lieu non pas accueillant mais envoûtant et terrifiant, comme les forêts des contes de notre enfance , se révèle dangeureusement sombre ; là où les maisons et leurs cuisines et leurs caves pleines d'humidité sont décrites de jour comme de nuit et voient en leur sein des vieilles femmes dépourvues d'âge préparer des champignons plus ou moins comestibles ou vénéneux, il est temps de s'arrêter sur le seuil et d'explorer même dans la pénombre la plus totale, en s'aidant des mains sur la surface pour s'orienter entre les murs comme sur les pages, ou il est temps de s'échapper, avant de sombrer dans le néant.
L'oeuvre au noir d'Olga Tokarczuk (j'aime son nom : Tocard ! Tchouk !) est sombre, très sombre, tellement sombre que la narratrice qui ne se nomme pas dans ce roman pense plus que souvent au néant, à la mort, à la désintégration, à la moisissure, tellement qu'elle aimerait se métamorphoser en champignon pour être, pourquoi pas, mangée ? Alors non merci madame la narratrice, merci pour toutes vos recettes aux champignons mais je ne suis pas cannibale. Et je ne compte pas le devenir, non plus, même si l'une des histoires de ce roman raconte que ça me permettrait de me métamorphoser en louve-garou. Non merci. Et je n'ai pas non plus prévu de me vider de mon sang comme un autre personnage, et je n'ai pas non plus prévu de me suicider. Non vraiment pas, non merci, j'insiste. Et non merci, je me passerai d'ailleurs de venir visiter vos châteaux de la Forêt-Noire, si merveilleusement décrits, parce que non vraiment, je me méfie des loups bien que je ne porte plus depuis longtemps mon Petit Chaperon Rouge, par contre j'ai toujours peur d'être abandonnée par mes parents alors j'éviterai de me promener trop souvent dans les forêts de contes de fées qui sont bien souvent des forêts non de rêves mais de cauchemars.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Cosmogonies

Mon philosophe favori est Arkhémanês, l'un des maîtres de Pythagore. Selon Arkhémanês, le monde est créé par l'action conguguée de deux principes. Arkhémanês les considère comme de puissants êtres originels, omniprésents et éternels. Le terme le plus approprié pour qualifier cette action conjuguée, pourrait être "éternel engloutissement". L'un mange l'autre, sans fin. En cela consiste l'existence du monde. Le premier de ces êtres, c'est Chtonos. Quelque chose qui en permanence croît, bourgeonne, enfante. Le but et le moyen de son existence, c'est de créer à partir de soi-même. Cette création ne consiste pas seulement à se reproduire, mais aussi à faire émaner de soi des êtres qui ne lui ressemblent pas - ou même qui lui sont opposés. C'est pourquoi, à l'intérieur de Chtonos, se poursuit sans cesse une croissance aveugle et irréfléchie - la chair à canon de l'existence. L'autre être, Chaos, engloutit Chtonos, le consomme, en quelque sorte. Sans cesse et de manière infaillible. Chaos est immatériel, il dissout les espaces de Chtonos comme s'il les digérait. Sans Chtonos, il ne pourrait pas exister, et vice versa. Il transforme Chtonos en néant - aujourd'hui, nous dirions qu'il l'annihile.
L'union de ces deux êtres est extraordinairement intense, et elle donne naissance à Chronos - un principe qu'on pourrait valablement comparer à l'oeil d'un cyclone. En plein centre de l'engloutissement, de la destruction, de l'annihilation se crée un être qui a l'apparence de la paix, un être-oasis, presque un mirage, caractérisé par la stabilité, la régularité, l'ordre et même une certaine harmonie d'où l'existence du monde tire son origine. Chronos freine l'engloutissement, lui donne une certaine forme. D'un côté, il tamise l'oeuvre de création, en rassemble les résultats en petits îlots ordonnés par le temps - lequel constitue l'essence même de Chronos, son principe de base ; d'un autre côté, il atténue l'impact de la destruction. À cet endroit se crée le monde et ses énergies fondamentales.
Je suis allée chez Marta pour lui rendre service en fauchant les orties du sentier qui conduit au ruisseau. Elle piétinait derrière moi, les bras croisés, et elle prétendait que Dieu avait oublié de créer un tas d'animaux.
"Le pataugeur, dis-je. Il serait dur comme une tortue, mais muni de longues jambes et de dents broyeuses. Il se baladerait dans le ruisseau, boufferait toutes les saletés, la vase, les branches mortes, même les ordures que l'eau apporte du village."
C'est ainsi que nous commençâmes à évoquer tous les animaux que Dieu avait omis de créer pour des raisons connues de lui seul. Il a oublié tant d'oiseaux, tant d'animaux qui vivent sous terre. A la fin, Marta déclara que l'animal qui lui manquait le plus, c'était ce grand lourdaud qui vient s'assoir, la nuit, à la croisée des chemins. Elle ne mentionna pas son nom.
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Au début de l'été, les premiers Allemands faisaient leur apparition dans les prés. Leurs têtes aux cheveux gris voguaient sur l'océan des herbes. Les montures métalliques de leurs lunettes clignotaient gaiement au soleil. Un tel disait qu'on reconnait les Allemands aux chaussures - blanches et propres. Nous autres, nous ne prenons pas soin des souliers, nous leur manquons de respect. Nos chaussures, ce sont des godasses de cuir sombre. Ou alors des caoutchoucs au dessus desquels Stasek Bachleda secoue les cendres de sa cigarette. Sans parler de nos pompes de similicuir, ces criardes imitations noires et blanches de "Mode", "Sport", "Rues d'Europe". Nos chaussures éternellement crottées de boue rouge, déformées, maltraitées par le gel ou la chaleur.
Les Allemands (...) prenaient en photo des espaces vides, ce qui étonnait beaucoup les gens. Pourquoi ne photographiaient-ils pas le nouvel arrêt de bus, le toit neuf de l'église, plutôt que ces lieux désertiques envahis par l'herbe ?
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L’ODEUR
Tout ce qui est mauvais arrive en hiver. R. eut un accident en hiver. Dans les lacets blancs des montagnes, il avait dérapé et embouti un camion. Sa tête avait heurté le volant, il s’était cassé le nez. Le long museau plaqué nickel de la voiture lui avait sauvé la vie. Un de ces accidents dont on dit que « ça va, il n’y a rien ».
Et pourtant, il y avait quelque chose ! Son nez s’était correctement rétabli, l’on ne voyait plus trace des points de suture. Mais depuis, R. percevait un odeur étrange. Il disait qu’elle lui arrivait incidemment, par vagues, avec une intensité variable. Là où il la sentait plus particulièrement, c’était en descendant vers l’étang. Des orties y poussaient autour d’un frêne. Aussi R. s’attardait-il à humer les feuilles des orties et l’écorce de l’arbre, mais ne trouvait rien de particulier. Il pensa que c’était l’eau qui dégageait cette senteur ni désagréable ni déplaisante, un peu suave et un peu amère. Mais ce n’était pas l’eau non plus. Une fois, il en retrouva l’odeur dans un verre de cognac. Ensuite dans son café et sur son pull qui était resté longtemps dans l’armoire avec les vêtements d’hiver. Finalement, il découvrit qu’elle n’était pas une caractéristique des choses, qu’aucun objet n’en était la source. En réalité cette odeur n’avait pas d’origine, elle s’accrochait juste un moment à un objet, une fois, par hasard, et c’était pour cela qu’il était difficile de lui donner un nom.
- Elle ne ressemble à rien, disait R. avant d’avoir l’impression que c’était l’inverse, qu’elle était dans toutes les autres odeurs, et que son nez cassé, ses cellules nasales abîmées l’y avaient sensibilisé.
Son odorat l’avait découvert pour s’en souvenir à jamais. Il était pénible de ne pas savoir nommer ce que l’on sentait et qui, dans l’instant, attirait immédiatement l’attention. C’était une torture que de ne pouvoir trouver de place pour cette expérience dans la hiérarchie des autres, de ne pas la comprendre, de ne pas pouvoir l’expliquer. Certains insectes, dont la trace persistait sur les myrtilles, émettaient un tel relent. C’était l’odeur de la lame du couteau qui coupe une tomate. L’odeur de l’essence mêlée à celle d’un fromage trop fait. Celle de mon vieux parfum dans un sac à main passé de mode, de la limaille de fer, de la mine d’un crayon, d’un nouveau CD, de la surface d’une vitre, du cacao renversé.
Voilà pourquoi je voyais souvent R. s’arrêter au milieu d’une activité pour humer quelque chose. Son visage exprimait la concentration. R. sentait ses mains, ou soudain, en pleine conversation, il se mettait à flairer un bouton arraché. Ou encore, il écrasait entre ses doigts des feuilles d’absinthe et il lui semblait avoir trouvé. Mais jamais ce n’était ce qu’il cherchait !
Tous les deux, nous devinions que c’était l’odeur de la mort. R. l’avait sentie au moment où sa voiture heurtait le camion, durant un instant incroyablement bref où tout pouvait arriver de façon définitive, un instant au potentiel immense, une fraction de seconde investie de tous les temps possibles, tel un gramme de matière sur le point de devenir une bombe atomique. Ce que l’on sent alors, c’est la mort.
R. s’inquiétait de devoir désormais la sentir toujours. Jamais plus il n’allait emprunter les routes tortueuses et enneigées entre Walbrzych et Jedlina en toute innocence. Jamais il ne traverserait avec désinvolture, en courant, le croisement devant la gare, et même, il ne se servirait plus à un de mes plats à base de champignons sans réflexion. Il savait et moi je savais qu’il savait.
p.137-138
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Pour farcir dix crêpes, il vous faut : une livre de champignons un oignon deux tranches de pain bis rassis du sel, du poivre, une noix de muscade deux cueillerées à soupe de chapelure une demi-cueillerée à soupe de margarine du beurre pour frire les champignons une cueillerée à soupe de crème fraîche un demi-verre de lait un oeuf.
Faire revenir les oignons au beurre. Puis jeter dans la poêle les champignons coupés menu, saler, poivrer, ajouter une pointe de couteau de noix de muscade. Frire dix minutes. Pendant ce temps, tremper le pain dans le lait, le passer à la moulinette, l'ajouter aux champignons de même que l'oeuf et la crème fraiche. Avec la farce ainsi obtenue garnir les crêpes, les rouler, les passer dans la chapelure, et les dorer à la margarine.
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