Beren et Luthien est le dernier « grand texte » de
Tolkien à être publié par l'éditeur historique de l'auteur,
Christian Bourgois éditeur, après les autres grands textes reprenant des épisodes du Silmarillion : Les enfants de Hurin et
la chute de Gondolin. le roman a été publié de façon posthume dans le monde le 1er juin 2017, et en français le 12/12/2017, avec une traduction de
Daniel Lauzon (auquel on doit les dernières traductions des autres textes de
Tolkien),
Elen Riot et
Adam Tolkien. L'auteur est
JRR Tolkien, mais comme pour ses autres récits posthumes son édition a nécessité une compilation et un rafraîchissement par son fils
Christopher Tolkien. La version audio qui sera chroniquée ci-dessous est lue par
Thierry Janssen, qui avait déjà produit la voix pour
le Silmarillion et les autres textes traduits de
Tolkien. Cette version ne contient pas le seul récit de Beren et Luthien, mais aussi une longue introduction expliquant ce qu'est ce texte, et de nombreux autres textes de
Tolkien en prose ou en vers, sur des épisodes spécifiques du premier age. La partie qui donne le titre à ce livre ne pèse en fait que 20% du total.
Autant le dire d'emblée, ce n'est pas un texte facile à chroniquer. Alors que je m'attendais naïvement à une version très détaillée de cet épisode fameux du Silmarillion, comme c'était le cas pour le texte des enfants de Hurin, on se trouve ici avec la version originale du conte de Beren et Luthien. On découvre donc un récit indépendant de l'histoire de la terre du milieu (avec de très rares mention de ce qu'il se passe dans ce monde), et nettement plus simple, voire carrément enfantin parfois, du texte tragique et sombre que l'on connaît du Silmarillion. On perd ainsi tous les enjeux originaux pour se concentrer sur la matière du conte : Beren, un gnome (!), tombe amoureux de Tinuviel (on ne parle même plus de Luthien dans le texte !), et fait le serment d'aller chercher un artefact précieux pour pouvoir la demander en mariage à son père…
Le récit assez déroutant : on retrouve Tevildo (Sauron) prenant les traits d'un chat, mais plutôt un gros chat, qui peut transporter des hommes sur son dos. C'est le premier obstacle à passer avant d'aller berner Morgoth puis Carcaroth. Si l'on retrouve quelques traits communs avec le récit du Silmarillion, il manque beaucoup de choses pour en faire un texte vraiment marquant. L'ennui guette très vite, et finalement il ne reste pas grand chose, si ce n'est que l'on n'imagine plus jamais Sauron de la même manière.
Le reste du livre est à réserver aux spécialistes, aux aficionados de l'auteur ou de ses écrits : La première partie très conséquente est une explication de
Christopher Tolkien sur le pourquoi de ce livre et sa genèse. Les parties suivant le texte Beren et Luthien proposent de nombreux textes courts ou plus long, sur des passages très spécifiques du Silmarillion : des écrits en prose, mais aussi en vers. Cela permet de redécouvrir des épisodes marquants du premier age de la terre du milieu, mais aussi de voir le talent de
JRR Tolkien pour manier la langue et la poésie.
Beren et Luthien est donc un livre à ne pas mettre entre toutes les mains : son objectif de redécouvrir le récit originel du conte est louable, mais risque de perdre les amateurs des grandes épopées de
Tolkien dont je fais partie. A réserver aux aficionados qui veulent tout lire de l'auteur…
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