Les Insurgés

Nous sommes tous condamnés depuis longtemps, toujours, et pourtant nous vivons. Nous vivons bien, joyeusement, quand... nous aimons. Oui, quand nous aimons. Là, j'écrivais une lettre, j'aimais, et je me sentais bien. C'est comme ça qu'il faut vivre. Et on peut vivre partout et toujours, en liberté et en prison, et maintenant, et demain, et jusqu'à la fin.

Il se disait : "la victoire ou le martyre ; et si c'est le martyre, alors ce martyre c'est encore la victoire, la victoire, mais dans l'avenir."

Ça, c'est bien vous, la jeunesse d'aujourd'hui. À part le corps, vous ne voyez rien. De notre temps, ce n'était pas comme ça. Plus j'étais amoureux, plus elle devenait pour moi éthérée. À présent, vous voyez les jambes, les chevilles, et encore d'autres choses, vous déshabillez les femmes dont vous etes amoureux; pour moi, comme disait Alphonse Kart - c'était un bon écrivain - l'objet de mon amour était toujours vêtu de bronze. Loin de déshabiller, nous nous efforcions de couvrir la nudité, comme le bon fils de Noé. Mais tant pis, vous ne comprendrez pas....

(...) Tout le monde s'efforçait de découvrir encore de nouvelles questions, tout le monde tentait de les résoudre; on écrivait, on lisait, on formulait des projets, on voulait tout corriger, supprimer, changer, et tous les russes, comme un seul homme, étaient dans un état d'exaltation indescriptible. Un état que la Russie a connu deux fois: en 1812, lorsque nous avons flanqué une raclée à Napoléon Ier, et une second fois en 1856, lorsque Napoléon III nous a flanqué une raclée. Grande, inoubliable époque de renaissance du peuple russe !!! #Tolstoi // Les decembristes.

De nouveau, des dizaines de milliers de Russes, obéissant sans réfléchir, furent précipités en Pologne, et, sous la direction, tantôt de Diebitsch, tantôt de Paskiévitch, et de leur dirigeant suprême Nicolas 1er, sans savoir eux mêmes pourquoi ils le faisaient, imprégnant le sol de leur sang et de celui de leurs frères polonais, les écrasaient et rétablissaient le pouvoir de gens faibles et insignifiants qui n'aspiraient ni à la liberté, ni à l'écrasement des polonais, mais à une seule chose : la satisfaction de leur cupidité et de leur vanité enfantine.

Le Divin et l'humain
C'était en Russie, dans les années soixante-dix, à l'époque de la lutte contre les révolutionnaires et le gouvernement.
Le général-gouverneur de la région du Sud, un solide gaillard allemand aux moustaches tombantes, au regard froid et au visage inexpressif, en uniforme militaire, avec une croix blanche au cou, était assis un soir dans son bureau, à une table surmontée de quatre bougies couvertes d'abat-jour verts, et relisait pour les signer des papiers que lui avait laissés son chef de cabiner, "Général-aide de camp untel", traçait'il avec un long paraphe, et il mettait la feuille de côté.
Parmi les papiers, il y avait la condamnation à mort par pendaison du candidat de l'Université de Novorossiisk Anatoli Svetlogoub, pour participation à un complot ayant pour but de renverser le gouvernement établi..