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Citations sur Une tourmente de neige et autres nouvelles (7)

Je me retournai. Les pristiajnaïas gris et frisés, allongeant le cou, retenant leur souffle, et la bride en désordre, trottaient sur la neige. Philippe, faisait claquer son knout et arrangeait son bonnet. Le petit vieux, les pieds en l'air comme avant, était étendu au milieu du traîneau.
Deux minutes après, les troïkas firent craquer le plancher devant la maison du relais, et Ignachka, tournant vers moi son visage hérissé de glaçons et soufflant le froid, me dit tout content :
-Nous vous avons mené, tout de même, barine !
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Leurs clochettes se moururent. Un petit courant d'air froid, s'insinuant par quelque ouverture de la porte, me glaça le dos, et je me rappelais le conseil que le maître de poste m'avait donné de ne point partir encore, de peur d'errer toute la nuit et de geler en route.
-N'allons-nous pas nous perdre ? dis-je au yamchtchik.
Ne recevant pas de réponse, je lui posai une question plus catégorique :
-Yamchtchik, arriverons-nous jusqu'au prochain relais ? Ne nous égarerons-nous pas ?
-Dieu le sait ! me répondit-il sans tourner la tête. Vois comme la tourmente fait rage ! On ne voit plus la route. Dieu ! petit père !
-Mais dis-moi nettement si, oui ou non, tu espères me conduire au prochain relais, repris-je ; y arriverons-nous ?
-Nous devons y arriver...dit le yamchtchik
Il ajouta quelques paroles que le vent m'empêche d'entendre.
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Pour ce qui est du lien avec la nouvelle de Pouchkine La Tempête de neige publiée vingt ans plus tôt, à part le titre je ne le vois pas, selon ce qu'en dit Le traducteur Michel Aucouturier, selon la définition de Goethe, une nouvelle au sens classique du terme est le récit d'un évènement extraordinaire. Celle de Pouchkine est le mariage par erreur , béni par le pope d'une petite église de campagne, d'une jeune femme, enlevée contre le gré qui forme le sujet de ses parents (..) La tempête de neige n'est que le prétexte à une intrique. Or chez Tolstoï, c'est elle-même dans ce qu'elle a de plus ordinaire (pour le pays et la saison) qui forme le sujet. Les péripéties d'une traversée nocturne de la steppe hivernale balayée par le vent et la neige, et d'où tous les repères ont disparu, sont loin de ce que les formalistes appelaient un "sujet", c'est-à-dire une intrigue. Ce sont pourtant elles qui nous tiennent en haleine tout au long du récit minutieux qui nous font partager au fil des minutes et aux heures les sensations du narrateur, ses impressions et ses rêveries ..
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Neige

"N'allons nous pas nous égarer ? dis-je au postillon. Mais ne recevant pas de réponse, je posai la question plus clairement.
-Eh bien, postillon ! Arriverons-nous jusqu'au relais ? Ne nous égarerons-nous pas ?
- Dieu le sait, me répondit-il sans tourner la tête. Vois comme la neige commence à tomber, on ne voit rien du tout sur la route, Seigneur notre père !
(..) "Selon moi, il vaudrait mieux retourner, me dit Aliochka, il n'y a rien d'amusant à errer.
-Dieu Seigneur ! En voilà de la neige ! On ne voit rien de la route, les yeux sont tout à fait aveuglés.. Dieu Seigneur !" marmonnait le postillon
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La tempête de neige, on le voit, n'est que la motivation réaliste de l'évènement tout à fait exceptionnelle que raconte le récit. Or chez Tolstoï, c'est elle-même, dans ce qu'elle a de plus ordinaire (pour le pays et la saison), qui forme le sujet. Les péripéties d'une traversée nocturne de la steppe hivernale balayée par le vent et la neige, et d'où tous les repères ont disparu, sont loin de ce que les formalistes appelaient un "sujet", c'est-à-dire une intrigue. Ce sont pourtant elles qui nous tiennent en haleine tout au long du récit minutieux qui nous fait partager au fil des minutes et des heures les sensations du narrateur, ses impressions et ses rêveries : les images de la plaine disparaissant sous son tapis de neige, de l'horizon bouché par la chute des flocons, du ciel noir où apparaît parfois la lune, la vue des chevaux lancés à l'aventure dans le grand désert blanc par un cocher qui a perdu sa route, les silhouettes et les voix des autres cochers du convoi - toutes ces images qui se succèdent sous son regard alternent avec celles qui envahissent sa conscience assoupie, se superposant d'abord au réel, puis se mêlant et se substituant à lui. Tolstoï mène ici à son terme le projet qui avait inspiré cinq ans plus tôt, avant même Enfance, son premier essai littéraire, de caractère quasi expérimental, une Histoire de la journée d'hier, inachevée, dont le brouillon s'est conservé dans ses papiers : celui de suivre tout au long d'une journée comme les autres, et jusqu'à son assoupissement progressif, le cheminement de la conscience, ses caprices et ses intermittences.

L'efficacité de ce type de narration sans sujet repose sur un art que beaucoup plus tard, le poète Boris Pasternak définira ainsi : "Toute sa vie et à tout moment, (Tolstoï) posséda la faculté de voir les choses dans leur qualité unique et définitive d'un instant particulier, dans leur fond et dans leur relief, comme nous les voyons bien rarement : dans l'enfance ou sur la crête d'un bonheur qui renouvelle tout de fond en comble, ou dans le triomphe d'une grande victoire spirituelle"
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"Le talentueux auteur, écrit Droujinine, crée tout un tableau fantastique à partir d'un objet dont l'homme prosaïque ne serait pas coupable de dire dix mots de suite (..) on y trouve cette rare alliance d'une puissante faculté d'analyse et d'une délicate poésie, qui, à elle seule , sans aucun additif extérieur, met incontestablement le comte Tolstoï Au rang des écrivains russes de première classe."

J'ajoute juste que le grand critique littéraire Alexandre Droujinine qui est fort élogieux à l'endroit de Tolstoï est mort en 1864, à l'âge de trente-neuf ans et qu'il n'a pas donc pu lire ni Guerre et paix ni Anna Karénine, Je ne doute pas que ses propos élogieux eussent été encore plus forts
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Au bout de quelque temps, je crus apercevoir au loin, sur l'horizon, une longue ligne noire et mouvante, et bientôt je reconnus clairement ce même oboze que nous avions dépassé. La neige couvrait toujours les roues bruissantes, dont quelques-unes ne roulaient plus ; les gens dormaient toujours sous les bâches, et le premier cheval, élargissant ses narines, flairait la route et dressait l'oreille comme tantôt.
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