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3,81

sur 61 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Le style d'Adrien Thomas a ses hauts et ses bas: j'ai retrouvé dans ce livre de très beaux paragraphes, mais aussi des usages impropres ou maladroits du français qui m'ont rebuté et fait buter. L'auteur écrit de très belles introductions, mais il perd son souffle stylistique lorsqu'il s'agit d'élaborer. Ses tournures deviennent même lourdes lorsqu'il rentre dans des détails techniques et il utilise un vocabulaire trop moderne en "-ique" qui ne convient pas à l'environnement qu'il essaye de nous vendre (la même technicité déplacée dont souffrait la saga de l'Héritage de C. Paolini). Cependant, la lecture reste fluide tout du long et les éléments du récit s'imbriquent logiquement les uns dans les autres.

Les personnages sont peu développés et reposent uniquement sur des clichés narratifs vus et revus, sans exception, plus particulièrement tirés de la high fantasy des vingt dernières années. J'y ai vu d'énormes influences de jeux comme Skyrim, par exemple. Ensuite, trop de personnages sont introduits sans qu'ils aient de pertinence dans le livre lui-même (Grimnur? le projet 68? Nashgar?), et ce dernier, même s'il m'a souvent emporté, m'a semblé consister en un recueil de courtes nouvelles introductives. C'est gênant, parce que le livre devrait se suffire en soi, et donc avoir un début, un milieu et une fin bien définis, mais ce n'est pas le cas si les personnages doivent jouer un rôle dans les prochains tomes, puisqu'ils sont évoqués sans véritable pay-off au bout de l'histoire. Enfin, on note plusieurs personnages peu crédibles et dérangeants. Ithaen est de loin la moins crédible et la moins développée, et c'est aussi un des personnages les plus cliché du livre. Il est difficile de croire à un personnage véritablement faible et incertain lorsqu'on voit sa force physique et son ingéniosité politique par la suite. Pour ce qui est du dérangeant, les personnages qui font figure d'autorité et les enseignants sont quasi systématiquement condescendants, sardoniques, cyniques et rentrent dans le cliché japonais du "je suis fier de moi parce que je sais quelque chose que tu ne sais pas". La romance lesbienne n'a aucun intérêt et n'est pas crédible pour un sou.

Pour ce qui est du développement du monde, l'auteur tombe dans un travers regrettable pour la fantasy: le monde n'est pas suffisamment décrit, pas suffisamment vivant, et cela n'a aucune raison narrative valable. Là où on devrait s'attendre à un monde riche et développé qui nous fait rêver et nous plonge dans un univers parallèle, on ne retrouve que des intrigues de château grossièrement tissées et simplistes. J'ai l'impression que l'auteur a du mal à trouver son équilibre entre la high fantasy et la low fantasy, et je n'arrive pas vraiment à palper son roman, trop épuré pour ce qu'il essaye de faire.

Et par là même, l'auteur anéantit la puissance de ses enjeux. Si le monde n'est pas suffisamment riche, développé et intéressant, si les personnages ne sont pas assez uniques et profonds, si les intrigues politiques sont trop simples et trop prévisibles, le lecteur a l'impression d'être guidé pour une visite touristique dans un monde de brèves évocations. Je n'ai jamais eu peur pour les personnages et s'ils étaient mis en danger, je n'en avais rien à faire. Vers la fin, il désamorce ses propres enjeux en les expliquant au moment même où ils se développent. le livre souffre d'une exposition mal dosée et souvent peu utile.

Verdict: Scénario et personnage peu intéressants, monde sous-développé, style fluide et souvent agréable à lire, mais parfois maladroit.
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