Le propre de la dynamique d'une folie invisible, ou qui veut se rendre non-visible, est de déplacer sur un lieu, un événement ou une personne la focalisation de l'attention et de l'intérêt des autres. La personne qui sert alors de cible porte à son insu une charge affective et relationnelle, non seulement trop lourde pour elle, mais surtout explosive. La crise advient lorsque ses capacités à supporter cette charge ou à la contenir sont dépassées. Cette personne sera souvent désignée comme responsable du déséquilibre du système, alors qu'en fait c'est elle qui en assure l'équilibre, bien malgré elle.
Le sadisme moralisateur, la cruauté accusatrice et la surveillance menaçante font partie de notre quotidien comme une pratique "normale", comme un cynisme auquel nous devrions nous accoutumer, sans percevoir que la véritable folie est là, insensé et déshumanisante, dans l'invective, l'humiliation et l'exclusion de ceux qui nous sont étrangers.