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"Un homme sans moustache est un homme sans âme", écrivait Confucius. A Smiljevo, dans l'arrière-pays dalmate, les hommes portent tous la moustache, c'est inné, c'est culturel. Il va s'en dire que le petit village est donc rempli d'âmes et ce n'est pas Don Stipan, le curé de la paroisse qui va s'en plaindre. Quoique... Il aimerait rencontrer moins de velléité et de passion de certaines de ses ouailles... Mais en plus des moustaches, ce qui caractérise surtout ce village, ce sont ces gestes du quotidien, la bonne humeur qui s'écoule d'un repas dominical sur la terrasse ombragée de la place du village, ce sont ces jupes qu virevoltent autour d'une danse klezmer ou d'une brise orchestrée par le Divin. Et pas que, lorsque je me promène dans les rues chaudes et humides comme les cuisses de cette veuve encore jeune, j'y croise un ivrogne ou un alcoolique repenti - où est la différence -, un poète - incompris comme tous les poètes -, un ministre de la Défense ou un général de l'armée croate, bref que des personnages qui sonnent bon le soleil, la gouaille et l'amusement littéraire.

Et là, en plein milieu du roman, je me surprends à rêvasser de la Dalmatie, de ce bleu croate au bord de mer, de ces sourires sur les lèvres des belles croates. Je prends immédiatement un billet pour cette destination, une première littéraire de mon côté, mais une véritable envie de voyage à la découverte de ces paysages, de ces âmes qui m'ont arrachées quelques sourires devant leur ivrognerie ou leur verve délurée, à défaut d'aller boire un verre avec le Saint Pierre. Un homme sans moustache ne vient pas de Smiljevo, alors devrais-je me laisser pousser la moustache pour ressembler à ces âmes dalmates... Sainte Vierge Marie pleine de grâce, je m'y verrais à la terrasse un grand verre de bière pour étancher ma soif divine, des feuilletons mexicains en fond sonore, tout en me lissant la moustache le regard perdu sur les jambes des veuves excitées par le sucre d'orge du curé - j'aurais mieux fait de rentrer dans les Ordres -, la réflexion poussée sur la position officielle de l'Église concernant les nichons siliconés - tu es poussière et tu reviendras poussière, mais alors que deviennent ces seins, ô seigneur, polluant ton saint esprit.
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Le succès de « Miracle à la combe aux Aspic » a conduit à l'édition française du 1er roman d'Ante Tomic « Qu'est-ce qu'un homme sans moustache ? » et c'est tant mieux.
Ici donc, la chronique d'un charmant village de fainéants, ivrognes, commères : Smiljeco, à 7 kms de la désormais fameuse combe. Et si la famille Aspic est un brin (!!!!) déjantée, leurs voisins ne sont pas en reste.
Nous allons faire leur connaissance en suivant notamment les tribulations de deux amoureuses : Tatjana, veuve, riche d'une assurance-vie contractée par son défunt mari, en pince pour le jeune curé Stipan alors que celui-ci a déjà fort à faire dans la lutte qu'il mène contre sa tentation à l'ivrognerie ; Julija, « la Boche », est la fille d'un émigré plutôt caractériel de retour au pays après avoir fait fortune en Allemagne. Elle est tombée en amour du Glandu, faignasse notoire portée sur l'écriture poétique de haïkus.
Je n'y résiste pas :
« le Glandu se concentra, le regard perdu dans le vague, puis ferma les yeux et déclama :
Dans notre fumoir
sèchent une paire de jambonneaux
et trois saucissons. »
La sociabilité du village s'exerce autour d'un (de) verre(s) à l'Auberge dont le patron, fan de faits divers fait la lecture à sa clientèle quand celle-ci ne se permet pas de le déranger.
Elle s'exerce aussi à l'Epicerie autour d'un(de) verre(s) dont le patron fan d'une série mexicaine veut qu'on l'appelle Miguel et répond à la clientèle en espagnol….
Là-dessus, des soldats encadrés par un jeune et beau général, accompagné du ministre de la Défense viennent pimenter la vie villageoise.
Ça boit beaucoup, ça se mêle de tout, ça crie beaucoup et c'est très drôle.
Si ce 1er roman met un certain temps à démarrer, il m'a valu, grâce à son écriture très visuelle, un fameux fou-rire. Ce n'est pas si fréquent et j'en remercie Ante Tomic.
Ah et les moustaches ? C'est peut-être bien l'attribut de la virilité exacerbée des hommes de ce coin de paradis...
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C'est le premier roman de l'auteur, écrit donc avant Miracle à la Combe aux Aspics, ce dernier ayant rencontré du succès, l'éditeur Noir sur Blanc a eu l'idée de sortir le premier opus d'Ante Tomić, qui a lancé sa carrière dans son pays et qui a même donné lieu à une adaptation cinématographique.

Nous sommes dans un village croate typique, Smiljevo. Il y a l'auberge, l'épicerie, où se retrouvent les habitants pour médire les uns des autres. Il y a l'église et son curé avec des problèmes d'alcool. le malheureux doit subir les assauts amoureux d'une jeune veuve, Tatjana, auxquels il résiste comme il peut. Il y a le nouveau riche, Marinko, qui a fait fortune dans les laveries automatiques en Allemagne, et qui voudrait bien marier sa fille, Julija, devenue trop allemande, avec un gars du pays. Mais la demoiselle n'a pas forcément les mêmes idées que son père sur le prétendant idéal.

Tout cela est très léger, un peu décousu, il n'y a pas le même enchaînement des événements échevelé que dans Miracle à la Combe aux Aspics. Nous sommes toutefois dans le même univers, un peu absurde, un peu délirant, avec des personnages somme toute plutôt sympathiques malgré tout. C'est par moments assez drôle, sans réelle méchanceté, et les choses s'arrangent d'une manière ou d'une autre.

Ce n'est pas incontournable, mais permet de passer un bon moment sans arrière-pensées.
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Parce qu'un jour son penchant pour la bouteille l'a fait s'écrouler en pleine messe, le bon curé Don Stipan s'est retrouvé muté à Smiljevo, petite bourgade perdue au fin fond de l'arrière-pays dalmate, en Croatie. Bien déterminé à ne plus dévier du droit chemin, il y est pourtant confronté à de nouvelles tentations, pour nos plus grands éclats de rire.


Car c'est à un moment de franche rigolade que nous convie l'auteur, bien connu en Croatie, pour ce premier roman satirique, adapté au cinéma en 2005 et désormais traduit en français. Parue en 2000 alors que le pays se remettait de quatre ans de guerre (1991-1995), cette joyeuse pantalonnade volontiers sous la ceinture tourne en dérision l'Église, l'État, l'armée, ou encore le patriarcat, un peu comme Don Camillo la situation politique de l'Italie après-guerre.


Sur fond de quotidien croate, que, mêlé à ses truculents et désarmants personnages, Ante Tomic nous donne à percevoir à travers la chronique des faits divers dont se régale à haute voix l'aubergiste dans son bistrot-épicerie qui sert d'épicentre au village, se déploie ainsi une farce burlesque, aux traits vaudevillesques, confrontant dans ses quiproquos grivois les aspirations à la liberté du pays, incarnées par une jeune ingénue, une veuve joyeuse et un poète incompris, aux symboles de l'autorité, férocement tournés en ridicule sous les traits d'un père autocrate – revenu enrichi après avoir émigré en Allemagne –, d'un général galant, d'un ministre de la Défense narcoleptique et, bien sûr, d'un curé naïvement en butte à toutes les tentations.


Tout cela pour ironiser, après une guerre déclenchée par la déclaration d'indépendance de la Croatie, sur ce que le mot « indépendance » peut bien vouloir dire pour la majeure partie de la population : « L'adjectif « indépendante », estimé au plus haut point et prononcé de manière solennelle uniquement à la suite du mot « Croatie », est quasiment inconnu en toute autre occasion : on ne l'utilise jamais, jamais on ne remarque son inexistence dans l'homogénéité harmonieuse de la communauté. Dans le village où trois ou quatre générations partagent le même toit, où certains atteignent l'âge de la retraite sans avoir découvert la joie du rugissement autoritaire, personne n'est jeune et indépendant. Avec un tel système de valeurs, le fait que quelqu'un soit a) jeune, b) indépendant et, par dessus le marché, c) une femme pousse toute vieille baderne un peu plus émotive que la moyenne à bouffer son propre chapeau graisseux. »


Qu'est-ce qu'un homme sans moustache n'est pas seulement follement drôle. Si l'on y rit souvent, et de vrai bon coeur, c'est aussi un récit à plusieurs niveaux de lecture, à la fois tendre et féroce à l'égard de la Croatie, de son système patriarcal et de son pouvoir très proche de la puissante Église catholique croate. Un sujet plus que jamais d'actualité, si l'on s'en réfère au mouvement d'hommes ultra-catholiques, appelé "Soyez virils", qui, chaque mois, s'agenouillent en place publique en Croatie, pour prier, comme on peut le lire dans la presse, « contre l'avortement, pour l'autorité masculine et pour que les femmes s'habillent avec modestie ». Coup de coeur.

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Au travers de la petite bourgade de Smiljevo, c'est une image de la société croate que croque Ante Tomic, et qu'est-ce qu'il le fait bien!

Il y a les parties de cartes au cabaret et le comptoir où s'incruste l'imbuvable unijambiste Ivić, le curé harcelé par la riche jeune veuve Tatjana, l'immigré de retour d'Allemagne avec sa Mercédès et une fille prude et attardée, un poéte en haïku (trop marrant ses haïku!), et bien sur un ministre, un général, un lieutenant, et la troupe chantant de tout son coeur 'Ne pleure pas maman chérie, t'as fait naître un abruti!'

Je me réjouis de lire 'Miracle à la combe aux Aspics'.
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Mais qu'est-ce que j'ai ri ! Vraiment, j'ai rarement autant ri en lisant un livre. J'avais besoin de réconfort, ma mibraire m'a conseillé ce roman le décrivant comme une histoire à la Pagnol. Effectivement, on plonge à la campagne auprès de personnages hauts en couleurs, aux relations passionnées et fortes. Je me suis marrée comme une baleine devant la personnalité de ces hommes loufoques.
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L'histoire se passe de nos jours à Smiljevo, petit village croate.
Nous plongeons rapidement dans le quotidien des villageois et découvrons un récit brut, parfois burlesque racontant la vie de Don Stipan, prêtre, de Marinko, laveur de voiture et de sa fille Julija, mais aussi de Tatjana, riche veuve et de Stanislav, poète de haïkus.
Les riches et les pauvres se côtoient dans des univers assez sombres. Se pose le problème du désespoir lié à l'alcoolisme, mais aussi des questions philosophiques à savoir, qu'est-ce qu'un homme sans femme ou théologiques, qu'est-ce que pense l'église des « nichons siliconées »? Au quotidien, on joue aux jeux de cartes, aux échecs, au foot et on regarde des séries mexicaines. On discute, on flirte et on s'amuse. On se questionne, on aime, on brûle de jalousie, on fait preuve de mesquineries et on abuse de tromperies.
Julija tombe amoureuse de Stanislas qui lui écrit des poèmes d'amour. Mais son père n'est pas d'accord. Marinko croit mourir après un accident. Dans le désespoir il consent au mariage de sa fille avec Stanislas.Tatiana, jalouse de Julija, aime Don Stipan mais se mariera finalement avec le frère du prêtre.
Comme dans un théâtre de boulevard, des malentendus provoqueront des situations presque inextricables. Par un retournement de situation et comme par magie, tout finira par s'arranger.
Le roman est parsemé de situations assez drôles.
Pour ceux qui connaissent les pays de l'est ils retrouveront facilement l'atmosphère d'un petit village où tout le monde se connaît et s'observe.
Et comme le dit l'une des phrases du roman très justement, les villageois dans leur jardin, une bêche à la main, en entendant les cloches sonner, se posent la question: qui est mort ? Et la vie reprend et les beaux jours reviennent dans le village.

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On m'avait conseillé "Miracle à la combe aux Aspics" et j'ai donc commencé par celui-ci. J'ai adoré sa fraicheur, son humour décalé, bref, c'était un très bon conseil.
Je me suis donc dit que puisque Ante TOMIC avait déjà sévi 9 ans plus tôt, ce serait bête de s'en priver !
Là, ce n'est plus du tout la même chose.
Même si on reste dans la même région de Croatie et d'absurdie, l'histoire est beaucoup moins fluide, les personnages s'enchaînent, les paragraphes "absurdes" très amusants lorsqu'ils arrivent à point nommé se suivent les un après les autres à certains moment du roman et décousent encore un peu plus une histoire déjà difficile à suivre.
Bref, j'ai bâclé la fin de ce livre pourtant court.
Raté pour celui-ci, en ce qui me concerne du moins.
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Décidément, j'adore les histoires et l'humour de Ante Tomic. Dans l'histoire, il ne faut pas chercher la vraisemblance, il n'y en a guère. Il ne faut pas non plus s'attendre à un grand message caché (ou alors, très bien caché, je ne l'ai pas vu), mais qu'est-ce que c'est drôle !
Ça se passe à Smiljevo, village croate où se croisent des personnages particuliers : une veuve plutôt "chaude", un prêtre ancien alcoolique (plus ou moins ancien), un général, une jeune Allemande naïve et son père autoritaire, un poète idiot, un patron de bar, un ministre, des vieux, des jeunes… Et tout ce monde vit, se croise, discute et nous fait rire. On ne peut pas dire qu'il y ait un réel fil conducteur, mais rapidement on s'attache aux personnages, on les suit dans leur existence et leurs espoirs.
C'est un humour particulier, que peut-être certains n'apprécieront pas, sans doute de l'humour croate, mais pour ma part, je le répète, j'adore !
- Vous avez entendu l'avion qui a franchi le mur du son ?
- Il ne l'aurait pas franchi si c'était moi qui l'avais maçonné.
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Une vie de village avec tout ce que cela comporte de pittoresque, de sordide, d'anecdotique et d'essentiel. A travers le portrait de quelques personnalités locales c'est toute une nation qui se dessine au rythme des évènements. Certains cherchent le succès, d'autre l'argent ou l'amour, certains luttent contre leur désir ou leur dépendance... On retrouve ici avec bonheur le talent de conteur d'Ante Tomic, les dialogues sont toujours savoureux et l'humour si particulier des natifs de ce coin reculé des Balkans et propre à la culture croate est un délice. Les situations parfois outrancières frôlent le vaudeville, ce qui confère une saveur particulière à ce texte qui évoque ceux de notre propre enfance, Pagnol en tête.
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